Conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine et conseillère municipale de Bègles, Nathalie Le Guen quitte le FN ainsi que le Collectif Racine dont elle était la responsable départementale pour la Gironde. Elle rejoint le SIEL de Karim Ouchikh et s’explique en exclusivité pour « Minute ». Extrait :
"[...] « L’électeur, explique-t-elle, pense qu’il vote pour les idées qui étaient celles du “FN-Canal historique“. Or ce n’est pas le cas. Quand Marine Le Pen parle d’intégrer l’islam dans la République, ça ne correspond ni à ce que je pense, ni à ce qu’était le FN. » Et d’ajouter : « Il y a un décalage énorme entre ce que croit l’électorat et ce qu’est le parti. »
Ce fossé, Nathalie Le Guen assure l’avoir rencontré de façon tout aussi prononcée au Collectif Racine, le « collectif d’enseignants patriotes » du Rassemblement Bleu Marine qui a récemment produit « 100 propositions pour l’école et pour l’université » présentées lors de la convention présidentielle de Marine Le Pen consacrée à l’éducation. Un jour qu’elle s’inquiétait du peu de cas fait par le collectif de l’enseignement privé, Alain Avello, son président, lui aurait répondu : « De toute façon, l’enseignement catholique, on s’en moque. Pour le moment, ce qui nous intéresse, c’est l’enseignement public. » Même si le propos original n’était pas exactement celui-ci, le fait est que, dans les propositions de ce collectif, l’enseignement libre n’y est mentionné que pour lui rappeler qu’il doit s’aligner sur les directives de l’Education nationale et que les parents doivent, là comme ailleurs, rester à la porte des établissements. [...] Et si « Marion Maréchal-Le Pen porte cette ligne politique », admet-elle, ce n’est pas elle qui préside le FN. Ce qu’elle semble regretter... Et puisqu’on parle de Marion, « à chaque fois que je l’ai rencontrée, j’ai eu de bons rapports avec elle. On a parlé, elle m’a écoutée ». Pas Marine ? « Je n’ai jamais eu le droit de discuter avec Marine Le Pen. Quand Diam’s a sorti une chanson sur elle, elle était prête à l’inviter pour conserver autour d’un café. Mais pour discuter avec ses élus... » [...]"
Marie-Christine Gilliot avait été élue conseiller départemental de l’Aisne à 29 ans et au premier tour. Elle quitte aussi le FN :
"« Le FN est tellement convaincu de sa supériorité et de l’appui du peuple qu’il n’écoute plus [...] Si Marine Le Pen n’est pas élue l’an prochain, assène-t-elle, le FN est fichu, c’est une question d’années. Ça ne durera pas. Viendra le moment où ce sera la chute libre et ça ira peut-être plus vite qu’on ne croie. » [...] Marie-Christine Gillot dit avoir vu les adhésions en chute libre et n’en être pas étonnée en raison de ce qu’elle a vu par ailleurs : une « absence de cohésion d’équipe, incompatible avec la politique que prône le parti », des « ambitions dévorantes », une « politique de l’autruche » du siège aux messages d’alerte de sa base et... des « problèmes d’éthique ». « Les gens, à force d’être pris pour des imbéciles, deviennent intelligents », glisse-t-elle... [...]
« Au conseil départemental, c’est simple : une heure avant la séance, on nous explique comment on doit voter. Si on veut se réunir avant pour étudier les dossiers, comme [le président du groupe FN] n’est pas disponible et que nous n’avons pas le droit de nous réunir sans lui, on en est réduits à faire des réunions de travail secrètes ! » « En fait, ajoute-t-elle, il n’y a aucun travail sur les dossiers. Nous sommes là pour prendre des bastions et c’est tout. »
[...] Et elle rappelle que, lors d’une émission de télévision, Marine Le Pen avait expliqué que si les hommes politiques ont perdu tout crédit, c’est « parce qu’ils ne prennent plus la peine de voir ce qui se passe au plus près du terrain »."
Sonia Colemyn, élue dans le canton du Nord-Médoc, en Gironde, a aussi envoyé sa démission au parti.