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Rencontre avec un cosaque russe dans l’Est de l’Ukraine

Pour prouver la présence d’agents des forces spéciales russes en Ukraine, Jen Psaki, représentante officielle du Département d’État américain, a présenté au Conseil de sécurité de l’ONU deux photos, prises respectivement en Géorgie en 2008 et en Ukraine récemment, où posaient des hommes en tenue de camouflage. À propos d’un des hommes, Jen Psaki a affirmé qu’il s’agissait du même sur les deux clichés : effectivement, les deux étaient robustes et portaient une longue barbe.
Pourtant, la barbe n’a pas suffi : rapidement, les hommes ont été identifiés. Celui de la photo prise en Géorgie est trop connu pour être confondu avec quiconque : il s’agit de Khamzat Gaïrbekov, surnommé Boroda [Barbe], chef du bataillon Vostok. L’homme figurant sur le cliché pris à l’Est de l’Ukraine a également été retrouvé par la revue Time. C’est Alexandre Mojaev, un cosaque venu de Russie « aider ses frères orthodoxes » à faire la guerre. Le journal local de Kramatorskaïa Pravda l’a interviewé. 
- Pourquoi vous êtes-vous retrouvé en Ukraine ? 
- J’étais chez moi, et en voyant à la télévision ce qu’il se passait sur Maïdan je me suis dit : « Mais qu’est-ce qui se manigance là-bas en Ukraine ? » Je regarde, et là, même Angela Merkel y va de son commentaire. Les pays étrangers ont une idée derrière la tête. Et tout ça rappelle fortement le Kosovo. Mais c’est qu’il faut y aller, je me dis, et aider ! Et là, mes frères cosaques arrivent chez moi et disent : « Sanya, nous venons te voir avec une mauvaise nouvelle. Nous partons à la guerre. » Et moi, je dis : « S’il le faut, allons-y. » J’avais déjà compris alors, contre qui on se battait. Contre l’Amérique. Parce que ce sont eux qui fourrent leur nez ici avec l’Union européenne. 
La première partie de nos cosaques est partie à Sébastopol. Nous pensions faire partie de la deuxième vague. Mais non, on ne nous a pas pris non plus. Nous nous sommes alors réunis, nous nous sommes téléphonés avec les cosaques du Terek et nous sommes partis tout seuls. 
- On raconte que vous êtes parti combattre pour fuir une enquête pénale et éviter la prison. Vous êtes accusé de tentative d’assassinat à l’arme blanche. Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? 
- On m’accuse d’un crime que je n’ai pas commis. Je suis simplement tombé sur un commissaire vendu, engraissé par la diaspora coréenne. Cette diaspora s’occupe de culture de fruits et de légumes sur notre terre cosaque du Kouban, elle entretient des esclaves sur ses plantations, qu’elle fait venir de Corée et qu’elle paie des kopecks. Et j’ai eu une altercation avec un de ces Coréens. Avec les amis, nous étions invités chez un vétéran de l’Afghanistan, un colonel. Le soir, nous allons nous coucher. Moi, je ne dormais pas, et Vitalik non plus. On conversait. Et là, le Coréen arrive chez le voisin et se met à klaxonner. Et notre voiture était garée dehors. Peut-être que c’est pour nous, on se dit. On sort vérifier. Il s’avère que ce n’est pas pour nous. Je dis au Coréen : « Écoute, arrête de klaxonner! » Et lui, il se retourne, et il continue de klaxonner. Je m’approche de la fenêtre, et je dis : « Écoute, les gens dorment. A notre époque, il y a des téléphones portables. Téléphone ! » Et lui, en réponse, il me fait : «Tu es qui, comme ça, pour me dire quoi faire ? « Je suis un cosaque, je dis, maître de la terre du Kouban. Et je t’indiquerai partout quoi faire, si tu te comportes avec insolence. Et lui, comme ça : « Tu te fous de moi ?! » Et il sort. Il pensait certainement que j’aurai peur de lui. Il nous a regardés avec Vitalik : « J’ai compris ». Il s’est assis dans sa voiture et il est parti. Nous, sans arrière-pensées, nous retournons à la cabane. Mais au bout d’un moment, le Coréen revient. Avec Vitalik, nous ressortons, et ils sont six assis dans leur voiture. La bagarre a commencé. 
Ils attaquent directement Vitalik avec un couteau. J’étais en claquettes. De derrière moi, il y en a un qui court et qui me tombe dessus. Et là, un autre coup sur la tête, de la droite. Je pense « Sans déconner ! Il faut que je me couvre moi-même comme je peux, et encore que j’aide Vitalik. » Là-dessus, mon pouce se déboîte. Je le prends, je le remets, et je continue de me battre. Eux, voyant ça, ils hallucinent. 
« Stop tout le monde !, Arrêtez ! », ils crient. Ils s’arrêtent. Ils disent : « Venez sur notre base ! Si tu ne viens pas, nous continuerons de frapper Vitalik ! » Nous arrivons chez lui, sur leur base. Le Coréen dit : « Tu as deux options pour partir d’ici : soit tu me demandes pardon, soit j’appelle la police et nous portons tous plainte en disant que tu nous as menacés avec un couteau. » Et il pose des affaires en face de moi. Ils avaient pris avec eux la voiture de notre ami Alekseï, et dedans, il y avait un sac avec son téléphone et son couteau. Et comme par hasard, je n’ai plus de batterie sur mon téléphone : je ne peux appeler personne, ni demander aucune aide. Il sort. Et moi, je me souviens que dans mon sac, j’ai aussi un petit couteau pliant. Je donne le couteau d’Alekseï à Vitalik, je prends le mien pour moi. 
« Et maintenant, je dis, allons les voir. » Et nous avançons : « On vous prend un par un ! » Ils se tiennent là, ils ont la trouille d’approcher. Et qu’est-ce que tu penses ? J’entends le bruit d’une voiture qui arrive, la porte qui claque et une voix : « Salut, commandant ! » Avec Vitalik, nous avons le temps de ranger les couteaux et de nous asseoir à table. Le commandant sort et commence de nous insulter en hurlant. Je lui fais : « Citoyen policier. Ayez la bonté de vous présenter. Combien ils vous paient, pour que vous vous cassiez le cul pour eux ? » Et lui : «Trente mille par mois ». Je dis : « Nous ne parviendrons pas à nous entendre, appelez des renforts. » Et le temps que le détachement arrive, avec ce Coréen, ils ont commencé de dresser une plainte contre nous. Personne n’a écouté nos explications. Résultat, ils nous ont emmenés au commissariat, ont établi un procès-verbal en disant que c’était moi qui marchais ivre dans la rue et qu’ils m’ont emmené. J’ai soufflé : 0,16 milligramme d’alcool dans le sang. Parce qu’en arrivant chez notre ami, nous avions bu des bières. Et toute cette affaire continue jusqu’aujourd’hui. J’ai écrit et au Comité d’enquête, et au Parquet. Zéro émotion. Si tout cela s’était passé dans notre district de Beloretchensk, les Coréens, pour ça, auraient simplement été condamnés au fouet. Mais chez eux là-bas, dans le district de Vysselki, rien n’est clair. 
- D’où vous vient votre surnom « Babaï » ? 
- Ce n’est pas un surnom. C’est un indicatif. Babaï, c’est un personnage traditionnel. Il est en même temps effrayant de l’extérieur, et bon à l’intérieur. Et moi aussi, je suis comme ça. 
- Depuis combien d’années êtes-vous dans la cosaquerie ? 
- On naît cosaque. Mais dans les troupes, j’y suis depuis 1993. 
- À Kramatorsk, un hélicoptère MI-8 a explosé. Certains médias vous accusent d’en être le responsable… 
- Ce n’est pas moi.
 

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