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Législatives : les signaux négatifs de François Fillon

Suite aux menaces de l'UDI contre Xavier Lemoine et Jean-Frédéric Poisson, Le Salon Beige a interrogé ce dernier.

Il semble qu'il y ait des risques sérieux que des candidats UDI soient investis par les "Républicains" face aux deux candidats du Parti Chrétien Démocrate qui avaient initialement été investis: le maire de Montfermeil, Xavier Lemoine, et vous-même, dans les Yvelines. Prenez-vous ces informations au sérieux ?

Considérant Xavier Lemoine, je le prends très au sérieux et je vous le dis immédiatement ; je ne l'accepterai pas, et cela aura nécessairement des conséquences sur la stratégie du PCD à l'occasion des législatives. Jean-Christophe Lagarde, Président de l'UDI et élu de Seine-Saint-Denis, refuse que Xavier Lemoine puisse être député de cette circonscription et veut sa tête. Xavier Lemoine est un homme droit, dévoué, un excellent élu de terrain, il a été investi officiellement par les LR et il serait inacceptable qu'il se voit retirer cette investiture. Je rappelle aussi que l'UDI a refusé de jouer le jeu de la primaire et vient maintenant réclamer des circonscriptions comme si cela était un dû !

Concernant ma circonscription, le fait que je sois candidat sortant et que je sois très bien implanté localement devrait me garder à l'abri d'un retrait d'investiture. Mais sait-on jamais... En politique, tout est possible, le meilleur comme le pire. Quoiqu’il en soit, je constate que l’UDI présente son vice-président départemental face à moi.

J’ai toujours pensé que l’UDI était un allié de circonstances, cela se confirme.

Cela signifie-t-il que le PCD n'est plus considéré par LR comme un allié ?

Je ne pense pas qu’on en soit à ce point. Mais je pense que si le retrait d'investiture de Xavier Lemoine se confirme, cela signifiera que les LR choisissent de donner une prime à la déloyauté. ​En acceptant de se soumettre au chantage de l'UDI, les Républicains montrent des signes objectifs du syndrome de Stockholm.

Ils donnent un poids démesuré à une formation politique à l’opposé du centre de gravité idéologique de notre famille politique, reconfirmé au cours des primaires par les électeurs. Par ailleurs, il est fragilisant de donner autant de poids à un parti politique dont la petite base militante manifeste si évidemment son attirance pour E. Macron.

Les Républicains rétribuent un parti politique potentiellement déloyal au détriment des accords passés avec le PCD qui demande légitimement à être reconnu proportionnellement à son poids électoral lors des primaires.

Envisagez-vous des mesures de "rétorsion", comme de soutenir des candidats contre les candidats UDI investis par LR ?

Je ne le vois pas comme une mesure de rétorsion, mais plutôt comme une façon d'affirmer notre liberté, notre indépendance, et de refuser des alliances électorales inacceptables, aussi bien pour notre parti que pour les électeurs de droite en général, qui sont fatigués de ces compromissions et de ces tripatouillages avec le centre. Nous approchons déjà de la centaine de candidats partant aux législatives, certains d’entre eux face à des responsables nationaux de l’UDI.

Le possible candidat UDI contre vous affirme que la liberté scolaire est l'un des principaux sujets d'opposition qu'il a avec vous. Or, ce sujet était aussi l'un des principaux points d'accord que vous aviez avec François Fillon après le premier tour de la primaire. Cela signifie-t-il que le programme du candidat LR a changé sur ce point ?

Comme l'a rappelé JC Lagarde récemment sur Europe 1, l'UDI a la volonté d’abaisser l’âge de scolarisation obligatoire à 3 ans : pour nous, c’est permettre une intrusion de l’Etat dans la mission des parents. François Fillon refuse l'idée qui a été prônée par le gouvernement socialiste au cours de cette mandature, celle d'"arracher l'enfant à tout déterminisme familial notamment en le mettant à l'école le plus tôt possible. Il a a contrario fait campagne en promettant de remettre les familles au cœur des politiques publiques.

Ce point illustre la volonté de l’UDI de dénaturer le projet présidentiel de la droite, quand dans le même temps le PCD s’en porte garant. Il en est de même sur la loi Taubira, l’Europe des nations et d’autres sujets d’une grande importance.

Cet affrontement n'est-il pas un nouvelle preuve que la fameuse "droite hors les murs", dont on peine à trouver une incarnation électorale, doit prendre son autonomie ?

La question que je me pose aujourd'hui est : la droite hors les murs existe t-elle vraiment ? Et si elle devait prendre son indépendance, comment cela se ferait-il ? je vous rappelle que je représentais les aspirations d'une certaine "droite hors les murs pendant la primaire... Or si vous regardez mon résultat, il me semble qu'elle ne pèse pas suffisamment présente au niveau électoral pour pouvoir devenir une vraie force politique.

Néanmoins, je continue de penser que la constitution d’une droite de convictions, à la fois solide sur les valeurs, généreuse, sur le plan social et soucieuse d’innovation est plus que jamais nécessaire.

La plupart des analystes s'accordent à considérer que François Fillon a gagné la primaire en s'adressant à la droite conservatrice, qui correspond sensiblement mieux au projet du PCD qu'à celui de l'UDI. Comment interprétez-vous de la part du candidat Fillon le fait de donner autant de circonscriptions à l'UDI ?

L'UDI entend faire peser ses positions politiques sur le programme de Fillon : or, ce parti n’a aucune légitimité à infléchir le programme du candidat de la droite, puisqu’il a refusé de participer aux primaires.

Je le confirme : l’orientation politique voulue par l’UDI est contraire à celle pour laquelle les électeurs des primaires ont manifesté leur attachement. Il s’agit d’une opération de dénaturation du programme plébiscité par les électeurs de droite, avec une orientation libérale libertaire, extrêmement fédéraliste en ce qui concerne l'Union européenne. Le fait que François Fillon ait donné sa circonscription à NKM dans le 7ème arrondissement de Paris, le fait que l'investiture de Xavier Lemoine, qui est un homme profondément de droite, soit remise en cause, sont deux signaux très négatifs envoyés à nos électeurs. Si nous ne voulons pas trahir notre électorat, si nous voulons de nouveau susciter l'enthousiasme qui était celui du peuple de droite au lendemain du second tour de la primaire, nous devons cesser de céder à aux chantages de l'UDI, et assumer enfin ce que nous sommes !

Michel Janva

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