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Il y a quatre-vingts ans, Pie XI condamnait le communisme

Le 19 mars 1937 - il vient d'y avoir quatre-vingts ans - Ambrogio Damiano Achille Ratti (1857-1939), pape sous le nom de Pie XI (1922-1939), publiait l'encyclique Divini Redemptoris condamnant sans appel le communisme comme « intrinsèquement pervers ». C'était un pape qui savait parler en pape et qui osait dénoncer une erreur absolument nocive pour la foi, pour l'intelligence et pour la paix de nos vieux pays chrétiens.

On me reprochera peut-être de parler d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître... Le communisme, pense-t-on souvent, c'est maintenant une vieille histoire ! Il semble en effet si loin, le temps où la guerre froide opposait Soviétiques et Américains et menaçait le sol européen ! En France même, nous avons fini de trembler devant la menace d'une révolution communiste comme durant les grèves insurrectionnelles de 1947-1948, par lesquelles le Parti communiste dit "français", alors à son apogée, préparait la prise du pouvoir. En 1981, encore, l'arrivée de l'allié momentané des communistes, François Mitterrand (1916-1996), à l'Elysée en remplacement du trop médiocre Valéry Giscard d'Estaing, qui, pendant sept années, avait accompli l'essentiel du programme des socialo-communistes, donna quelques sueurs froides à bien des Français. Tout cela a marqué les générations nées dans les années 40. Mais il y eut la chute du mur de Berlin en 1989 et l'effondrement, dans les années suivantes, de l'empire soviétique, comme un château de cartes ! Depuis lors, le parti communiste français ne semble plus représenter grand-chose...

Au secours de la famille, de l’école et du mariage…

Alors, aujourd'hui, on croit que tirer sur le communisme, c'est tirer sur une ambulance. Or, sachons ouvrir les yeux : le communisme pur et dur subsiste à Paris, rue de Grenelle, dans les murs du démentiel ministère de l'Éducation dite nationale, où pullulent nombre d'enseignants, de pédagogues, de psychologues, de technocrates et de "spécialistes", qui continuent de s'inspirer du plan Langevin-Wallon de 1947 selon lequel « c'est à l'Éducation nationale qu'incombe la mission de l'éducation pour tous les enfants », comme si les enfants appartenaient à l'État plus qu'à leurs parents.

Le poison communiste demeure aussi dans l'esprit des prétendues élites françaises, lesquelles, même quand elles ont rompu avec k communisme ou n'ont jamais adopté sa façon de penser ou d'agir, restent marquées quand même par son idéologie, c'est-à-dire par le marxisme-léninisme qui est un matérialisme dialectique et qui explique la vie par l'évolution perpétuelle des forces matérielles au nom de quoi on ne croit à la Vérité durable de rien, mais à la force variable de tout. Ce qui explique le ralliement de tant d'hommes et de femmes, apparemment raisonnables, à toutes les idées détruisant notamment la famille. Ces personnes n'ont peut-être pas lu les principes du communisme rédigés par le théoricien Friedrich Engels (1820-1895) : « Le communisme transformera les rapports entre les sexes en rapports purement privés, ne concernant que les personnes qui y participent. Cette transformation sera possible du moment qu'il supprimera la propriété privée, qu'il élèvera les enfants en commun et détruira les deux bases principales du mariage actuel, à savoir la dépendance de la femme vis-à-vis de l'homme et celle des enfants vis-à-vis des parents. » Tout laisse à croire que ce genre d'idées ont envahi l'esprit de ceux qui, actuellement, rédigent des lois, dites de société, sur le mariage, la famille ou l'école.

Dans Le Capital de Karl Marx (1818-1883), petit-fils de rabbin, on lit aussi « Il est absurde de considérer comme absolu et définitif le mode germano-chrétien de la famille » et dans le Manifeste du parti communiste, écrit vers 1848 par Marx et Engels « Sur quelles bases repose la famille bourgeoise d'à présent ? Sur le capital, sur le profit individuel. » Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine (1870-1924) préconisait, quant à lui. « Toutes les pensées des ouvrières doivent être dirigées vers la révolution prolétarienne. C'est elle qui créera également une base pour les nouvelles conditions du mariage et les nouveaux rapports entre les sexes. »

Il était logique que de telles bases eussent conduit à l'union libre et à l'avortement légalisé par les institutions. Mais les communistes moscovites, se soumettant à la règle de l'efficacité, revinrent momentanément à des principes plus traditionnels lorsque la démographie devint inquiétante pour l'Union soviétique, base mondiale essentielle de la révolution - preuve que, dans cette philosophie du devenir et de l'évolution perpétuelle, où seule la transformation permanente par l'action est acceptable, n'est moral que ce qui sert le Parti, et la notion de famille est toujours au service de la révolution permanente.

C'est sur ce point, entre autres, que Pie XI condamna sévèrement le communisme dans son encyclique : « En refusant à la vie humaine tout caractère sacré et spirituel, une telle doctrine fait nécessairement, du mariage et de la famille, une institution purement conventionnelle et civile, fruit d'un système économique déterminé. On nie par conséquent l'existence d'un lien matrimonial de nature juridico-morale qui soit soustrait au bon plaisir des individus ou de la collectivité et, par suite, on rejette l'indissolubilité de ce lien. En particulier le communisme n 'admet aucun lien spécial de la femme avec la famille et le foyer. [...] [En outre] on retire aux parents le droit de l'éducation, que l'on considère comme un droit exclusif de la communauté, c'est seulement au nom de la communauté, et par délégation, que les parents peuvent l'exercer. »

Le matérialisme dialectique est encore dans tous esprits

Toutefois, c'est tout le communisme que condamnait Pie XI comme « système rempli d'erreurs et de sophismes, opposé à la raison comme à la révélation divine [...] Pour la première fois dans l'Histoire, nous assistons à une lutte froidement voulue et savamment préparée de l'homme contre tout ce qui est divin. Le communisme est, par sa nature, anti-religieux. » Le pape avait bien compris que le matérialisme dialectique était un athéisme total, refusant non seulement Dieu, mais tout ce qui a été créé par Dieu, n'acceptant donc aucune réalité stable, aucune vérité constante, mais s'opposant toujours à ce qui existe en le transformant par l'action révolutionnaire dans laquelle l’homme se crée lui-même et crée l'histoire dans le rejet de toute dépendance vis-à-vis de Dieu.

Pie XI savait qu'il était de son devoir de mettre en garde les insouciants qui laissaient se propager des doctrines aussi néfastes. Car le communisme avait l'art de pénétrer dans les milieux les moins accessibles et d’obtenir des connivences en manoeuvrant les catholiques, sans outrager ouvertement leurs sentiments religieux, pour les éduquer par l'action commune sur le terrain humanitaire. Le pape ne se laissait pas duper : « Ainsi, voyant le commun désir de paix, les chefs du communisme feignent d'être les plus zélés Jouteurs et propagateurs du mouvement pour la paix mondiale ; mais en même temps, ils excitent à une lutte des classes qui fait couler des fleuves de sang et, sentant le manque d'une garantie intérieure de paix, ils recourent à des armements illimités. » Alors éclate cette énergique et solennelle recommandation pontificale : « Veillez, vénérables frères, à ce que les fidèles ne se laissent pas tromper. Le communisme est intrinsèquement pervers, et l’on ne peut admettre sur aucun terrain la collaboration avec lui de la part de quiconque veut sauver la civilisation chrétienne. »

On vantait parfois devant Pie XI les progrès économiques obtenus par le communisme, mais cela ne l'impressionnait nullement « Seul l'homme, seule la personne humaine, et non la collectivité en soi, est doué de raison et de volonté moralement libre, tandis que le communisme, renversant l'ordre des relations entre l’homme et la société, appauvrit la personne humaine. [Il] dépouille l'homme de sa liberté, principe spirituel de conduite morale, il enlève à la personne humaine tout ce qui constitue sa dignité, tout ce qui s'oppose moralement à l'assaut des instincts aveugles. On ne reconnaît à l’individu, en face de la collectivité, aucun des droits naturels à la personne humaine ; celle-ci, dans le communisme, n’est plus qu'un rouage du système. »

Avec cela, le communisme peut se vanter d'être responsable, si l'on compte les exactions commises sous les différents régimes communistes et les famines causées par leurs différentes politiques économiques, de plus de 85 millions de morts dans le monde. Quel système fut plus criminel ?

Cette attitude de défense envers le communisme continua sous le pontificat suivant, celui d'Eugenio Pacelli (1876-1958), pape sous le nom de Pie XII (1939-1958), où, par un décret du Saint-Office de 1947, fut condamnée fermement toute forme de collaboration avec les communistes.

Honte à Vatican II

Puis vint le concile Vatican II (1962-1965) qui s'empressa découronner le Christ roi des nations, et fit adopter par les évêques du monde entier un profil bas ; les « pères conciliaires » refusèrent que fût réitérée la condamnation du communisme et cela suffirait à jeter le discrédit sur ce conciliabule, car, à ce moment-là, en dépit des sourires de Nikita Khrouchtchev (1894-1971) à l'Occident et de sa déstabilisation donnée en spectacle, le monstre soviétique et son rival chinois étaient encore en train de persécuter les chrétiens, d'en envoyer par fournées dans les Goulags, et de réprimer sans pitié les révoltes hongroises, tchécoslovaques, ou autres... Cette non-assistance à chrétiens en danger montre qu'à Vatican II l'Église catholique qui était « l’arche de salut des sociétés » qu'admirait tant Charles Maurras s’éclipsait !

Après 1989, le communisme a amorcé sa descente, non pas aux enfers, mais dans les oubliettes momentanées de l'Histoire. Et ce ne fut pas grâce aux gesticulations de Wojtyla (1920-2005), dit Jean-Paul II (1978-2005), mais sous le poids de ses propres contradictions. Il a cessé en principe d'être une menace nos libertés, mais il n'en reste pas moins un danger pour les intelligences et les volontés trop souvent soumises à une mafia de penseurs et de théologiens de pacotille qui s'obstinent à diffuser les idées les plus subversives et les plus avancées, donc encore quelque peu marxistes. C'est pourquoi rendre hommage à Pie XI pour Divini Redemptoris ce texte prophétique et de validité permanente, était un devoir.

Michel Fromentoux. Rivarol du 30 mars 2017

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