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Un centriste d'opérette

Une chronique publiée sur le site Contrepoints (1)développait ce 26 avril la thèse d'un Macron "centriste ouvert sur le monde et agissant avec pragmatisme". Cette étiquette de centriste se retrouve utilisée par de nombreux grands journaux étrangers.

Pensant que l'intéressé va "très probablement gouverner la France pendant cinq ans" l'auteur de cet article considère qu'il faut remonter à Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981) pour trouver un président de la république auquel il attribue cette fameuse sensibilité politique.

L'auteur de l'article, Patrick Aulnas, pousse encore plus loin la comparaison. Il note que, comme Giscard, Macron est lui aussi inspecteur des finances, donc "issu de l’un des corps les plus prestigieux de la technocratie publique". Son prédécesseur avait été confronté à la fin de ce qu'on appelle les Trente Glorieuses (1944-1974) et à la première crise pétrolière, laquelle s'est traduite par la triplement du prix de pétrole brut. Puis, la gauche, sous l’impulsion de Mitterrand, multiplia les promesses démagogiques : baisse du temps de travail, retraite à 60 ans pour tous, nationalisations de secteurs entiers de l’économie) et accéda au pouvoir en 1981.

Macron nous dit-on dès lors "sera, lui aussi, confronté au populisme de droite (Front National) et au populisme de gauche (Parti de gauche et un parti socialiste très à gauche). Sa situation sera donc plus difficile encore que celle de Giscard. Sa réussite est une impérieuse nécessité et la dernière chance de la France. S’il échoue, 2022 sera pour le pays une date tragique."

Tous ces arguments sont avancés en vue du véritable enjeu du second tour : faire en sorte que son résultat se joue à 65-35 plutôt qu'à 55-45. Il est probable en effet, sinon certain, que l'indice CAC-40 évoluera plus favorablement si l'on peut présenter aux investisseurs asiatiques ou proche-orientaux l'apparence d'une France à 65 % de voix centristes que le même pays rongé par 45 % de voix pour le parti démagogique. L'opération de Whirlpool à Amiens, où la candidate issue du FN est allée flirter avec l'électorat mélanchonien confirme ce choix stratégique.

En réalité le centrisme attribué à Macron, dont le programme reste pourtant fort vague, me semble un leurre, essentiellement destiné à détacher son image de celle de Hollande. Car un centriste dans la vie politique française c'est quelque chose de précis ; c'est, de formation, un adepte de la démocratie chrétienne ou du vieux parti radical : ce n'est pas un socialiste. C'est d'ailleurs plutôt un oiseau rare, pas toujours très fiable.

Ne se vouloir, sur le paiper ni à droite ni à gauche, observer combien ces clivages traditionnels ont à la fois évolué, et perdu de leur pertinence, ne définit pas le centre. Cette petite famille politique est apparue avec les monarchiens, qui n'étaient déjà ni jacobins ni absolutistes, au sein de l'Assemblée constituante et elle n'a jamais disparu. Macron, passé par le sillage de Chevènement, puis par le parti socialiste, n'y a jamais appartenu.

On parle aussi de "social libéralisme", ce qui ne veut pas dire grand-chose sauf un oxymore, on se réfère parfois à Tony Blair. Or, il se révèle dangereusement illusoire de comparer la situation de la France d'aujourd'hui à celle de l'Angleterre en 1997. La seule analogie se situe en 1979 quand Margaret Thatcher arrive au 10 Downing street à la tête d'une Grande Bretagne complètement ruinée. Le blairisme n'a été, plus tard, possible que grâce aux acquis de près de 20 ans de thatchérisme. Si M. Macron admirait vraiment Tony Blair, il devrait commencer par faire du Thatcher : une vaste cure de diminution de la dépense publique, du type de celle proposée par le programme Fillon.

Il est tout à fait possible que les étiquettes de droite et de gauche, additionnées, ne rallient aujourd'hui qu'environ 50 % des Français à elles deux. Le centre en rallie quatre fois moins.

Cela ne veut pas dire que ces catégories n'existent pas.

Rappelons que de 1902 à 1972, le mot droite n'était jamais revendiqué par les droitiers qui, cependant, existaient et parfois gouvernaient.

JG Malliarakis

Apostilles

  1. cf. "Où se situe politiquement Emmanuel Macron ?" par Patrick Aulnas.

http://www.insolent.fr/

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