Avec la présence de Marine Le Pen au second tour des élections présidentielles, les Français se voient offrir une leçon de politique internationale de premier ordre. Les plus conscients n’apprendront rien, mais des millions d’entre eux goûtent déjà la potion préparée pour eux par la finance internationale new-yorkaise et londonienne.
Le “retour du fascisme”
Nombreux sont ceux qui, depuis des décennies, ont été nourris aux mythes pour enfants de la Seconde Guerre Mondiale, la fameuse “Croisade des démocraties” contre la bête fasciste. Une croisade qui, au passage, s’accommoda fort bien de la coopération du bolchevisme du haut de sa cohorte sanglante de dizaines de millions de morts ukrainiens, russes, polonais, etc.
Les Français n’ont jamais dévié, pour ainsi dire, de cette vision naïve de l’histoire et de la conclusion – temporaire – de 1945 qui n’est qu’un volet d’une guerre bien plus large : la guerre menée contre l’Europe continentale par la finance établie dans les îles anglo-américaines avec l’appui de la troisième république française.
C’est pourquoi, nombre d’entre eux découvrent, stupéfaits, que Marine Le Pen serait “fasciste”, “pétainiste” et “antisémite”, un “danger pour la démocratie”. Découverte que font également ceux qui, lassés par l’état de la situation, se rallient à la candidate du Front National.
L’inoffensif gaulliste Nicolas Dupont-Aignan fait lui aussi l’expérience de la diabolisation antifasciste. Peu importe ce qu’ils ont dit et fait, peu importe leur adhésion totale au gaullisme – lui-même antifasciste -, ils sont désormais irrémédiablement affiliés au fascisme.
Ils découvrent que les étiquettes revendiquées importent peu. Et ceci pour une bonne raison : seules les forces ayant triomphé entre 1914 et 1945 peuvent déterminer qui appartient, ou non, au camp de la “démocratie”. Au premier rang desquels se trouvent les USA et leurs maîtres. Quiconque cherche à s’émanciper de l’empire anglo-américain en Europe, quiconque entend émanciper le continent politiquement et financièrement, ou plus modestement son pays, perd les faveurs des “démocraties bienveillantes” coalisées.
Il n’y a pas de liberté ou d’indépendance dans ce fameux camp “démocratique” : uniquement le pillage le plus complet et la soumission la plus totale. Lorsqu’un chef de gouvernement tente, comme Viktor Orban, de contenir les menées des architectes de ce système, comme M. Soros, ils sont violemment pris à partie par les autres gouvernements qui s’organisent en cartel et menacent.
Peu importe que M. Orban soit démocratiquement élu ou non, sa résistance à la finance internationale et à ses projets n’est pas permise.
Les Français désirant rompre, même mollement, avec ce système sont donc placés dans le camp du fascisme, du “pétainisme” pour le cas français, quand bien sont-ils, pour l’essentiel, d’un légalisme républicain parfaitement banal.
Marine Le Pen et ses millions d’électeurs apprennent que leur appartenance au fascisme ne relève pas de leur choix mais des décisions prises à Washington et Londres, mais aussi à Bruxelles et à Paris. Ce sont ces forces internationales qui désignent leur ennemi et décident qui appartient, ou pas, au camp fasciste. C’est-à-dire, au camp ennemi d’une guerre qui continue.
C’est ce dont Marine Le Pen est en train de prendre la mesure, malgré sa volonté de normalisation. La ploutocratie internationale ne craint pas tant Marine Le Pen que son électorat, la sachant exposée à ses attentes, même minimales. Si Marine Le Pen décide de transiger, d’accommoder ses ennemis intérieurs et extérieurs, rien n’y fera : les forces qui animent son électorat la rendent définitivement suspecte.
72 ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale
Fait particulièrement frappant, le second tour des élections présidentielles françaises aura lieu 72 ans, jour pour jour, après la capitulation de l’Allemagne à Reims, le 7 mai 1945. C’est la durée du cycle du changement politique.
Il a fallu 72 ans pour que le communisme oriental s’effondre, entre la révolution russe (1917) et la chute du mur de Berlin (1989). C’est la même durée qui sépare la fondation de l’invasion de la Corée du Nord par l’URSS (août 1945) et la montée des tensions qui culminera cet été avec une possible chute de Kim Jong Un sur fond de course à l’armement nucléaire.
Le résultat des élections sera officiel le 8 mai. Il est probable que ce résultat soit de nature à remettre en cause la situation générale de l’Europe héritée de l’occupation alliée depuis 1945. Le début de l’effondrement du “Bloc de l’Ouest”, d’une certaine manière.
Ce changement implique au premier rang l’héritage de Bretton Woods et de l’établissement du dollar comme monnaie de réserve mondiale.
Après le 8 mai, il est en effet possible, sinon probable, que de sérieux coups seront donnés à l’Euro et aux dettes souveraines européennes, aboutissant à un flux de capitaux massifs vers les USA. Ce qui générerait l’envolée du dollar, contredisant ainsi les objectifs mercantilistes affichés de Donald Trump.
Devant choisir entre impératifs internationaux que dicte une monnaie établie comme monnaie de réserve mondiale et ses besoins domestiques, il est possible que la Federal Reserve décide d’augmenter ses taux d’intérêts. Avec comme effet le renchérissement massif des l’explosion des dettes contractées par les économies périphériques de la planète. Le dollar ne pourra plus être conservé comme monnaie de réserve mondiale.
Pour l’Europe, le démantèlement de l’Union Européenne devient possible à partir de 2022, soit 72 ans après la proposition de la création de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier.