Ce n’était pas le but de la manœuvre. Lorsque le groupe FWD.us, un groupe de lobbying immigrationniste créé par Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, s’est penché sur les souffrances qu’entraînerait la fin du programme DACA pour les jeunes émigrés clandestins, il a constaté bien malgré lui que les effets sur l’économie américaine ne seraient pas tous néfastes. En tout cas pour les Américains, puisque l’arrêt de l’amnistie systématique permettrait à 700.000 emplois de se libérer à leur profit.
Le programme DACA (Deferred Action for Childhood Arrivals – action différée pour les arrivées d’enfants) permet de donner à des jeunes clandestins un permis de travailler malgré leur statut illégal. Quelque 850.000 jeunes sont concernés par cette amnistie temporaire, leur nombre ayant fortement augmenté au cours des derniers mois de la présidence de Barack Obama dont l’administration s’est efforcée de multiplier les permis temporaires accordés : quelque 120.000 sur cette seule période.
700.000 emplois américains libérés si les jeunes clandestins étaient traités comme tels
L’étude commandée par Zuckerberg affirme que l’élimination de DACA aurait des conséquences néfastes pour les 800.000 « Dreamers » (rêveurs) qui font actuellement partie du programme, et aussi pour leur proches, y compris les « millions d’Américains qui vivent, travaillent et étudient avec ces jeunes chaque jour ».
Mais au passage, on apprend que la révocation du programme entraînerait chaque mois l’ouverture de 30.000 emplois – accessibles, donc, aux Américains. Le président de FWD.us a présenté la chose comme un drame pour le monde de l’emploi, avec des « conséquences graves » pour l’économie.
Vraiment ? Alors que les Etats-Unis comptent entre 12 et 30 millions d’immigrés clandestins – les estimations sont forcément imprécises ! – et que chaque année, un million d’immigrés illégaux font leur entrée sur le territoire américain, bien des observateurs notent que cela a des effets directs sur les travailleurs américains, contraints à plus de déplacements et de mobilité, en même temps qu’une pression à la baisse s’exerce sur les salaires, entraînant leur stagnation.
Une étude commandée par Mark Zuckerberg justifie malgré elle la fin de l’amnistie
L’ouvertures de postes ne pourrait que bénéficier aux Américains dont le taux de chômage et d’inactivité est bien plus important que ce que soutiennent les statistiques officielles, si l’on tient compte de tout ceux qui ne travaillent pas, pour diverses raisons, sans être officiellement comptabilisés comme demandeurs d’emploi.
Sans surprise, ce sont les partisans des frontières ouvertes et des grosses entreprises qui demandent le maintien du programme DACA que d’administration Trump ne semble pas vouloir lever dans l’immédiat. A telle enseigne que plusieurs « attorneys general » des Etats – leurs ministres de la justice – brandissent aujourd’hui la menace d’une procédure à l’encontre de l’administration centrale afin que Trump décide de révoquer le programme. Ils menacent également de ne pas défendre le programme s’il était contesté judiciairement.
Anne Dolhein