« Je crois que la ligue de Matteo Salvini est un rempart important contre le racisme. La discrimination apparaît justement quand l’immigration clandestine se répand, en ce qu’elle est l’antichambre de l’injustice sociale et de l’insécurité. Plus de faux réfugiés arrivent – je parle d’eux ainsi car très peu d’entre eux fuient véritablement la guerre – et plus le chaos s’amplifie dans le pays, ce qui a justement pour conséquence tous ces comportements racistes. » » Ainsi parle Toni Iwobi, le premier sénateur… noir de la République italienne, élu dimanche dernier pour le parti de la Ligue – la Lega – menée par Matteo Salvini. On a tellement lu et entendu partout, en Italie et en Europe, que la Ligue est un parti d’extrême droite-xénophobe-raciste, et un peu beauf, il faut bien le dire, que l’on se dit, un petit sourire en coin, que ce Toni Iwobi a tout d’un alibi sorti du chapeau in extremis au début de la campagne électorale par ce gros filou de Salvini. On vous laisse en juger.
Arrivé en Italie en 1976 avec un permis de séjour pour poursuivre des études – il est, alors, ingénieur en informatique –, Toni Iwobi, catholique d’origine nigérienne et issu d’une famille de dix enfants, cumule les petits boulots (plombier, éboueur) pour s’en sortir. Il s’établit à Bergame et milite dans les rangs de la Ligue lombarde dès les années 90, attiré par leur approche du fédéralisme. Conseiller communal de la ville de Spirano dès 1995, il devient le responsable… Immigration et Sécurité du parti en 2014, au début de l’ère Salvini. À tous ceux qui seraient tentés par un raisonnement binaire et fallacieux – les anti-migrants sont tous racistes -, il répond tranquillement que « ce n’est pas du racisme de défendre la culture, les traditions, les frontières, c’est du bon sens ».
C’est peu dire qu’il s’est attiré de solides inimitiés à gauche, qui voient évidemment en lui un traître. Un député italien de gauche, Jean-Léonard Touadi, lui aussi d’origine africaine, a pu dire de Tony Iwobi qu’il était atteint « d’une forme de syndrome de Stockholm, servant ainsi de caisse de résonance à ses geôliers ».
Un tombereau d’insultes se déverse régulièrement sur lui, car celui dont le slogan de campagne était « Stop à l’invasion » bouscule trop d’idées reçues. Il lève le coin du voile de la gigantesque supercherie « buonista » de la gauche italienne pro-migrants, qui « est la cause des milliers de morts en mer, des menaces à la sécurité du pays, et de fortes tensions sociales », lâche-t-il lors d’une interview à Affari Italiani. Car l’immigration, lui, il sait ce que c’est : « C’est une chose sérieuse, elle est fondée sur le travail et sur la volonté personnelle de s’intégrer. »
Il y a deux jours, Mario Balotelli, ancien joueur de foot de l’équipe de Milan, d’origine africaine lui aussi, s’est lâché sur Instagram en publiant un post pour le moins douteux à propos du nouvel élu de la Ligue : « C’est moi qui suis aveugle ou on ne lui a pas dit qu’il était noir ? »
En italien, on appelle ça un autogoal.