Mamoudou Gassama, 22 ans, a été reçu comme un héros, ce lundi matin à l’Elysée par le chef de l’Etat. Ce jeune Malien, arrivé clandestinement à Paris en septembre 2017, s’est vu proposer la nationalité française. “Tous les papiers vont être régularisés”, a annoncé Emmanuel Macron. Le président lui a également offert d’intégrer le service civique des sapeurs-pompiers. Samedi en fin d’après midi, ce jeune homme athlétique a sauvé un enfant suspendu dans le vide, au 4 e étage d’un immeuble de la rue Max Dormoy, dans le 18e arrondissement de Paris. La scène, spectaculaire, a été filmée et diffusée sur l’internet (4 millions de vues jusqu’à présent). On y voit Mamoudou Gassama escalader à mains nues et en 30 secondes environ quatre balcons de l’immeuble pour arracher l’enfant de la chute. “Je n’ai rien pensé, j’ai pensé à le sauver et Dieu merci je l’ai sauvé”, a déclaré le jeune homme. Nombreux ont été, par la suite, les appels à régulariser ce “migrant sans papiers”.
Dès dimanche soir, la maire de Paris, Anne Hidalgo, avait lancé sur Twitter : “Un grand bravo à Mamoudou Gassama pour son acte de bravoure”. Le chef de l’Etat a précisé que sa décision de régularisation et de naturalisation était néanmoins “exceptionnelle” car, en tant de migrant non demandeur d’asile, Gassama n’aurait pas dû être régularisé. Le geste a pourtant été soutenu par l’ensemble de la classe politique. Les partisans d’une régularisation des clandestins veulent aussi voir dans cet homme courageux, généreux et modeste le symbole d’une immigration qu’ils ont sacralisée.
L’exploit méritait assurément récompense. Faire comprendre que la France se mérite et se reconnait dans des valeurs d’altruisme ne peut déboucher néanmoins sur l’accueil pour tous, cette politique irresponsable que poursuit la mairie de Paris dans l’indifférence des conséquences humaines. Le héros du jour ne peut, non plus, faire oublier les craintes populaires face à une immigration incontrôlée qui s’incruste et une immigration légale qui ne s’intègre pas. Vendredi, une dizaine d’hommes issus de la communauté turque du Pontet (Vaucluse) a exigé le retrait de la une du Point, affichée sur un kiosque, au prétexte que l’hebdomadaire y qualifie Erdogan de dictateur.
Samedi, à Paris, le comité Adama (du nom d’un délinquant mort en fuyant la police) a ouvert la petite “marée populaire” organisée par l’extrême gauche, aux cris de : “Tout le monde déteste la police”. Lors d’une prise de parole, la sœur d’Adama Traoré a déclaré : “En Afrique ils vont renverser le président, (…) ils rentrent dans le palais, ça se passe comme ça en Afrique. Pourquoi ça ne devrait pas se passer comme ça en France ?”. En Italie, l’immigration est au cœur de la vague populiste qui a été portée par les législatives du 4 mars. Or, dimanche, la décision du président de la République, Sergio Mattarella, de mettre son veto au nouveau gouvernement risque d’amplifier la colère des électeurs qui ne tolèreront pas de voir leurs votes ainsi confisqués par une autorité sans légitimité démocratique. L’immigration est un chiffon rouge que les pouvoirs auraient tort d’agiter encore.
Ivan Rioufol
Texte daté du 28 mai 2018 et repris du blog d’Ivan Rioufol
https://fr.novopress.info/210959/immigration-attention-au-chiffon-rouge-par-ivan-rioufol/