Angela Merkel a voulu l’immigration torrentielle mais ce choix idéologique s’appuyant sur de fumeuses considérations économiques et démographiques, est en train de faire imploser la scène politique allemande, fragilisant un des (seuls) piliers de l’Europe bruxelloise. Faute d’avoir obtenu de la chancelière une inflexion très ferme de la politique migratoire, les conservateurs de la CSU, alliés aux chrétiens-démocrates de la CDU de Mme Merkel au sein d’ une brinquebalante coalition gouvernementale, ont menacé de claquer la porte. Les avancées brandies par Mme Merkel dans la foulée du dernier Conseil européen, -plateforme de débarquements des immigrés illégaux sur les côtes africaines de la Méditerranée dans des pays volontaires , centres d’accueil contrôlés sur le territoire de l’UE- mais aussi l’annonce par la chancelière de l’accord signé entre Berlin et 14 pays pour y raccompagner les immigrés clandestins qui y sont enregistrés, n’ont pas convaincu outre mesure.
Horst Seehofer, dirigeant de la CSU et ministre de l’Intérieur, en conflit ouvert avec Angela Merkel depuis son entrée au gouvernement , a déclaré dimanche soir qu’il envisageait d’abandonner tous ses mandats, signifiant par là qu’il prenait la mesure de son incapacité à agir, mais aussi du ras-le-bol populaire. Une dépêche reuters résume les raisons de cette crise: «La direction de la CSU qui milite pour un durcissement de la politique migratoire face à la poussée électorale du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) en prévision des élections régionales du mois d’octobre, se réunissait ce dimanche pour arrêter sa position en la matière. Horst Seehofer a déclaré qu’il ne voyait pas d’autre alternative que de renvoyer certains migrants à la frontière allemande, position qui l’a mis en conflit avec Merkel.»
In extremis, souligne une dépêche de l’Afp, « Angela Merkel a finalement réussi à préserver sa coalition en concluant lundi soir à l’arraché un compromis (avec son ministre de l’Intérieur) restreignant fortement la politique migratoire du pays. Le compromis trouvé prévoit l’instauration de centres de transit à la frontière entre l’Allemagne et l’Autriche. C’est là qu’y seront installés à l’avenir les demandeurs d’asile arrivant dans le pays mais déjà enregistrés dans un autre Etat européen – c’est à dire la quasi-totalité d’entre-eux – en attendant leur expulsion vers le pays d’entrée.»
Cela suffira-t-il à désamorcer la bombe à retardement que constituent les centaines de milliers d’ immigrés peu ou pas assimilables qui campent sur le sol allemand et quid de l’application concrète de cette mesure? Les Allemands jugeront bientôt de l’efficacité de ce dispositif, M Seehofer relayant comme l’AfD le sentiment très répandu (et très réel) selon lequel l’immigration a engendré outre-Rhin une explosion de la criminalité comme en témoigne une accumulation de faits divers sordides – viols à répétition, vols avec violence de personnes âgées ou fragiles, meurtres…
Déjà, en octobre 2015, Horst Seehofer, soucieux de ne pas laisser à l’AfD le monopole de la contestation, avait dénoncé la politique d’invasion migratoire de la chancelière allemande en présence du chef de l’Etat hongrois, Viktor Orban. Il avait même menacé de fermer les frontières de son land de Bavière en cas de poursuite de cette invasion… Mais les lanceurs d’alerte et autres dirigeants politiques soucieux de la vox populi sont toujours dans le collimateur de la gauche morale et des grandes consciences bruxelloises. Sur le site euractiv l’opposant à Viktor Orban Gergely Karácsony, qui a lourdement échoué aux législatives d'avril dernier, la coalition de la gauche obtenant seulement 12 % des voix, vient de demander à l’UE « de cesser de financer les politiques eurosceptiques et populistes. »
« Le fait qu’Orbán calomnie l’Union européenne avec de l’argent qui vient de l’UE, et alors que la Hongrie fait partie de l’UE, est frustrant pour l’opposition europhile » « Il faudrait un système où ce ne sont pas les gouvernements nationaux qui décident de l’utilisation des fonds européens, mais l’UE elle-même » explique doctement ce socialiste hongrois. Cette demande de mise sous tutelle des mal-pensants n’est pas nouvelle. Ils se trouvent même de bonnes âmes pour contester la possibilité même d’autoriser à siéger nationaux, populistes, eurosceptiques du fait de leur hostilité à l’euromondialisme. Le socialiste Martin Schulz, ex président du parlement européen, un des principaux initiateurs des persécutions judiciaires que subissent toujours les députés frontistes, demandait pareillement qu’il n’y ait pas d’argent pour « les ennemis de l’Europe».
Eurocrates qui sont tenaillés par la peur des réactions populaires, des expressions démocratiques qu’il s’agit encore et toujours de museler ou d’éviter. Rappelons-nous de Pierre Moscovici, commissaire aux affaires économiques, qui déclarait en septembre 2016, trois mois après le Brexit, «qu’un référendum sur l’Europe est une très mauvaise méthode»… Mais est-il encore possible de hurler au fascisme, au retour des heures les plus sombres, de la peste, de la guerre, du choléra, de hurler à l’assassinat de l’idéal de Jean Monnet, René Cassin et Simone Veil quand le rafiot bruxellois est déserté, prend l’eau de toute part?
Peut-on encore dénoncer de manière hautaine la subversion démocratique quand les peuples ont résolument tourné le dos ces derniers mois aux consignes de Bruxelles, d’Attali, de Soros, de Davos? M. Macron impressionne-t-il grand monde quand il prend son air méprisant pour fustiger la lèpre nationaliste? Non, le roi est nu. Leçons de maintien et menaces n’ont pas empêché ces derniers mois nos voisins de voter en faveur du Brexit, de porter au pouvoirs nationaux-conservateurs, nationaux-populistes en Pologne, en Hongrie, en Slovaquie, en Slovénie, en Autriche, en Italie, sur fond de montée en Allemagne de la contestation nationale et de présence de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle.
Les ennemis de l’Europe, constate Bruno Gollnisch, ce sont pour les technocrates bruxellois et leur relais – et c’est un cas emblématique d’inversion accusatoire -, tous ceux qui veulent introduire de vraies règles de protections sociales et économiques dans la mondialisation , qui rappellent le bienfait des frontières, des souverainetés populaires, qui entendent préserver l’identité ethnique , confessionnelle, culturelle des peuples européens. Serions-nous les seuls sur la planète à avoir honte de ce que nous sommes, à ne pas vouloir le transmettre à nos enfants, aux générations futures?. Ce qui ne veut pas dire transformer l’Europe en camp de concentration, la fermer au monde, se complaire dans le repli frileux, xénophobe et mortifère, comme le disent caricaturalement les démagogues de la Caste européiste. Notre vision du devenir de l’Europe, des patries libres, nos souhaits nous cataloguent, paraît-il, comme des ennemis du genre humain. Les adversaires de l’opposition nationale ont cependant radicalement échoué à convaincre et à prouver aux européens que leur projet s’inscrit du côté du bien, du bon, du beau et du vrai.
https://gollnisch.com/2018/07/03/les-vrais-ennemis-de-leurope/