Se déroulent aujourd’hui les élections de mi-mandat aux États-Unis dans lesquelles les adversaires de Donald Trump, et les médias Français ne sont pas en reste, espèrent voir un changement de majorité dans les deux chambres du Congrès, un coup d’arrêt porté à la politique isolationniste, protectionniste, anti-migrants initiée par le président américain. Si Donald Trump a beaucoup mouillé la chemise ces dernières semaines pour mobiliser ses partisans, multipliant les réunions publiques dans tout le pays, Emmanuel Macron sera également toute la semaine sur les routes dans le cadre des diverses commémorations officielles du centenaire de la fin de la Grande Guerre. Une périple rebaptisé sous le vocable d’« itinérance mémorielle » par les tristes cuistres progressistes de la Mission du centenaire, confiée au socialiste strauss-kahnien Joseph Zimet. Emmanuel Macron s’est en tout cas pour l’instant employé à éviter les bains de foule, conscient de la chute brutale de sa popularité. La colère qui ne cesse de monter contre la baisse pouvoir d’achat et la flambée du prix des carburants ne devraient pas arranger son cas. Une hausse du prix à la pompe (qui s’explique aussi par le fait que 60% du coût d’un litre d’essence correspond à des taxes) qui est légitimé au nom de la mise en place d’une fiscalité écologique. Pour autant, seule une faible partie (19% contre 21% en 2017…) des profits supplémentaires engrangés par l’Etat sur le dos des contribuables sera imputée en faveur de la transition écologique…
« J’assume parfaitement que la fiscalité due au diesel soit au niveau de celle de l’essence et je préfère la taxation du carburant à la taxation du travail »a déclaré M. Macron… qui feint de ne pas voir que l’utilisation de la voiture par nos compatriotes est le plus souvent indispensable pour se rendre au travail et/ ou exercer son activité professionnelle. Assistera-t-on à la naissance d’un mouvement comparable à celui des Bonnets rouges en Bretagne en 2013 contre l’écotaxe voulue par le gouvernement Ayrault ? Un ras-le-bol populaire aux relents factieux présumait à l’époque la sous-direction de l’information générale (SDIG) de Rennes au ministère de l’Intérieur. le SDIG expliquait alors que cette fronde bretonne « (prenait) des allures de jacquerie généralisée. » La manifestation organisée en décembre 2013 sous l’égide des Bonnets rouges, soutenue par le FN, avait réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes, ouvriers, paysans, chefs d’entreprise, employés au coude-à-coude. Il faut aussi s’en souvenir, ce symbole de la résistance au fiscalisme confiscatoire avait fait bouillir de rage Jean-Luc Mélenchon. Il avait fustigé « des gens qui défendent des intérêts particuliers, (qui) occupent tout le terrain », « les esclaves (qui) manifestent pour les droits de leurs maîtres(…). Le patronat et les cléricaux vont faire manifester les nigauds »!
Cinq ans après, des appels à manifester un peu partout en France le samedi 17 novembre ont été lancés par le mouvement dit des gilets jaunes –les automobilistes sont invités à arborer sur leur tableau de bord ledit gilet. Une réaction qui a cette fois le soutien de l’ensemble des partis d’opposition. Là aussi il s’agit pour les Français de clamer leur ras-le-bol contre le fiscalisme confiscatoire, la hausse des prix du carburant.
Dans l’état de sourde colère qui gagne le pays, ce mouvement est en tout cas un sujet d’inquiétude pour les autorités. Le site du magazine Challenges rapporte que « la mèche a été allumée par une pétition, en passe de recueillir un million de signatures. Elle a été lancée par Priscilla Ludosky, 32 ans, vendeuse de cosmétiques à distance et habitante de Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne). Selon Le Parisien, qui s’est procuré les données de la plateforme Change.org, le texte séduit surtout les habitants de territoires peu couverts par les transports en commun, comme la Haute-Loire, la Haute-Saône et les Ardennes. A l’inverse, les habitants de Paris sont proportionnellement moins engagés dans le mouvement. »
On l’aura compris, c’est au sein de cette France des oubliés constate Bruno Gollnisch, que la colère et le sentiment d’être matraqué, d’avoir été abandonné et trahi par la classe politicienne est le plus fort. Une France bien analysée par les ouvrages du géographe Christophe Guilluy qui mettent en lumière cette fracture entre la France des centre-villes , celle des gagnants de la mondialisation qui roulent en trottinette, en vélo ou en Uber et la France périphérique qui a un besoin vital de la voiture pour se déplacer. Français qui représentent 60% de la population, boutés hors des grandes villes –et fuyant quand ils le peuvent les banlieues et les communes plurielles- qui n’ont pas été protégés des ravages économiques sociaux, identitaires générés par l’idéologie sans-frontiériste.
Un peuple français non seulement abandonné mais qui subit aussi l’hostilité des élites, expliquait M. Guilluy au Point il y a quatre ans : « Le racisme social fait partie du modèle de pensée dominante. L’idée qu’il faut rééduquer les masses et les remettre dans le droit chemin est très répandue dans la classe politique. Les catégories populaires sont perçues comme l’obstacle qui empêche la mondialisation d’avancer. On considère qu’elles votent mal, qu’elles s’égarent dans la religion – surtout quand il s’agit d‘islam – et que seule une bonne éducation des masses réglera la situation.»
Christophe Guilluy considère que nous assistons au crépuscule de la France d’en haut, titre de son dernier livre. Il soulignait de nouveau dans l’entretien qu’il avait accordé au magazine Éléments en mai 2017 qu’ « il n’y a plus ni droite, ni gauche dans (les) catégories périphériques. » «L’ouvrier qu votait naguère à gauche et le rural qui votait à droite partagent la même perception du monde et adoptent les mêmes positions sur les médias, sur la mondialisation, sur l’immigration. C’est le modèle économique mondialisé qui a créé lui même sa propre contestation populiste. Le populisme est la traduction d’un processus de désaffiliation vieux de trente ans. Il s’est fait au rythme de la sortie de la classe moyenne: d’abord la classe ouvrière, ensuite les employés et les professions intermédiaires, autant de catégories populaires qui ne sont plus intégrées, ni politiquement, ni économiquement. La rupture est consommée. Il n’y aura pas de retour en arrière (…). La domination des partis de gouvernement est assez factice. En gros, la droite tient grâce aux retraités, la gauche grâce à la fonction publique, deux populations qui ne sont pas directement confrontées à la mondialisation. Le système se maintient grâce à ces catégories protégées de la mondialisation, et grâce aux populations qui en bénéficient, les bobos. »
Et M. Guilluy de conclure: «Cette distorsion va s’inverser. Le système ne pourra éternellement s’arc-bouter sur des sociologies peu ou pas représentatives de la jeunesse ou de la population active. C’est ce qui me fait dire qu’on assiste au crépuscule de la France d’en haut. ». La multiplication des révoltes populaires, la sécession plus ou moins souterraine des Français vis-à-vis du Système euromondialiste donnent du corps à l’analyse du géographe. Encore s’agit il de rappeler, encore et toujours, que le bulletin de vote RN reste l’arme la plus efficace pour amener au pouvoir cette alternative populaire, patriotique, populiste, nationale dont nos compatriotes ressentent de plus en clairement le nécessité. Pour rendre enfin le pouvoir aux Français au sein de notre démocratie confisquée.
https://gollnisch.com/2018/11/06/des-bonnets-rouges-aux-gilets-jaunes-cette-secession-qui-vient/