Écoutant sagement les 13 minutes d'allocution présidentielle du 10 décembre, son ambiguïté surprenante n'avait pas échappé à votre chroniqueur préféré. Que voulait-il donc dire en évoquant le nécessaire débat sur l'identité française et l'immigration? À supposer qu'au terme de cette réflexion nationale on convienne d’un désir collectif d’ouvrir plus grandes les portes aux migrants, allait-on évoquer la différence entre l’assimilable et l’assimilable? Discriminer par conséquent entre les peuples aux identités affines, forgées par des siècles de considérations morales issues du christianisme et de l’Ancien Testament – et les autres?
La réponse allait venir en deux temps.
Premier temps : le 11 décembre se rédigeait dans les bureaux de l'Élysée un document, qui fut diffusé le 12, à la sortie du conseil des ministres, présenté comme compte rendu de cette réunion hebdomadaire du mercredi. Ce simple détail chronologique contrevient aux articles 20 et 21 de la constitution de 1958. En théorie, en effet, le gouvernement conduit la politique de la nation. Il exécute les lois votées par le parlement, et le Premier ministre le dirige. Dans la pratique jupitérienne actuelle, aboutissement de la dégénérescence formelle de la cinquième république, tout est suspendu aux orientations mouvantes du jeune homme élu de manière si incertaine en 2017 et dont l'avis change toutes les 48 heures.
Le point sensible porte ici sur les débats à organiser dans le pays. Si l'on se réfère aux déclarations gouvernementales cela commencerait dès le 15 décembre et pourrait durer certains disent jusqu’en mars, d'autres en mai 2019. Tournant le dos à la démocratie représentative, on se proposerait donc de rêver à la démocratie dite participative. On imagine ainsi reprendre un chemin oublié en France depuis la défaite de la Commune de Paris en 1871. Depuis, cette tradition a produit les courtes expériences des Soviets russes de 1917, vite liquidés par le bolchevisme lui-même quand il s'en est emparé, des Assemblées générales éphémères et comités d'Action de 1968, mais aussi de la Jamahiriya arabe libyenne 1977-2011, ou de la révolution bolivarienne proclamée par Chavez au Venezuela et qui, certes, se perpétue sous le régime de Maduro son illustre successeur. On considérerait de la sorte que le gentil fourre-tout initial des gilets jaunes est supposé représenté y compris par les gilets rouges, et qu’un mouvement initialement anti-fiscaliste peut s’exprimer sous l’influence du parti mélenchoniste dit de la France insoumise, de la CGT et du parti communiste français.
Seulement voilà. Le 10 décembre, M. Macron avait mis à l’ordre du jour des palabres à venir, quatre sujets mous et vaguement consensuels tels que la transition écologique et la citoyenneté, mais aussi une 5e corbeille affectée à l’immigration et à l’identité.
Immédiatement, à la suite de son discours, l’autorité morale avait fait publier par le camarade Sopo, président de SOS Racisme, un communiqué vengeur. Il y exprimait sa perplexité. Les jours suivants cette interrogation se mua en négation, y compris dans les rangs du parti présidentiel. Et ce processus conduisit, sans débat, en évacuation pure et simple du sujet. On n'en parlera pas.
Entre-temps un obscur sous-ministre avait apposé sa signature, et engagé la France au bas du document onusien de Marrakech. Et si on doit l'évoquer au parlement français cela ne conduira qu'à en aggraver les conséquences contraignantes au gré d'un vote d'une majorité artificielle.
En application du pacte, on met en branle un processus tendant à interdire tout débat quant aux bienfaits d'une politique migratoire à sens unique gérée par les États, sans qu'ils s'encombrent de l'avis des peuples. Circulez il n'y a rien à voir.
On pourra donc dire bienvenue au Macronistan, et on prévoira des pancartes et des guirlandes en albanais ou en bambara. Elle est pas belle la vie?
JG Malliarakis