Le Premier ministre est un très piètre navigateur. Il va couler, c’est sûr. C’est juste une question de temps.
L’expression « la politique du chien crevé au fil de l’eau » date de la Troisième République. Elle fut inventée par un homme politique pour stigmatiser la médiocrité erratique, confuse et brouillonne d’un de ses adversaires. En clair, elle désigne une politique flottante au gré des courants et des vagues qui la ballottent.
Il y a quelques semaines, au plus fort de la mobilisation des gilets jaunes, Édouard Philippe annonçait des mesures susceptibles, selon lui, d’apaiser les mécontents. Une prime jusqu’à 4.000 euros pour l’achat d’une voiture non polluante, des indemnités kilométriques augmentées, un chèque énergie. Le courant jaune était fort. Et le chien crevé se laissait porter par lui.
Mardi matin, les gilets jaunes paraissant essoufflés, Édouard Philippe annonça que toutes ses concessions étaient annulées. Un reniement ? Un non-respect de la parole donnée ? Pas du tout : les courants avaient changé de cap et poussaient le chien crevé dans une autre direction.
Puis, le jour même – quasiment quelques heures après -, Édouard Philippe déclara qu’il rétablissait ce qu’il avait supprimé le matin. Vous pensez qu’il ne va pas très bien, dans sa pauvre tête ? Erreur ! D’autres courants ont fait leur apparition et ont amené le chien crevé à flotter vers un ailleurs inconnu.
Pour se justifier, le Premier ministre a fait savoir que l’annulation des concessions aurait pu susciter de l’incompréhension. Édouard Philippe est un Lucky Luke de la pensée. Quelques heures lui ont suffi. Il pense plus vite que son ombre.
Nous, on comprend tout. On comprend qu’il confond le bâbord et le tribord. Que son navire n’a plus de gouvernail. La devise de Paris, c’est « fluctuat nec mergitur ». Celle d’Édouard Philippe, c’est « fluctuat et mergitur » !
Passons, maintenant, de Lucky Luke à Astérix. Dans chacun des albums de Goscinny et Uderzo, il y a une jolie scène qui se répète. À la vue du navire avec nos invincibles Gaulois, les pirates, se sachant perdus, se sabordent.
C’est ce qu’Édouard Philippe devrait faire dans les plus brefs délais…