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Le Venezuela comme métaphore

6a00d8341c715453ef0240a47a6f97200d-320wi.jpgLes citoyens qui suivent l'actualité internationale en général, et celle du Venezuela en particulier, ne constituent sans doute pas une majorité de l'opinion française. On peut le regretter et on doit s'interroger plus généralement sur le nombrilisme hexagonal. En l'occurrence cette forme d'aveuglement permet de renforcer aussi bien l'emprise des médias conformistes que les croyances sectaires de l'extrême gauche utopiste.

Ajoutons que l'étatisme ambiant y retrouve son compte.

Pour sa part le rédacteur de cette chronique n'hésite jamais à chercher à mieux se renseigner quant aux réalités sud-américaines, y compris en accueillant de temps à autre un auteur invité, quand il accepte de participer à ce modeste ouvrage de réflexion et d'information, l'excellent responsable des Colombian News, l'ami Eduardo Mackenzie. En tout état de cause, les chroniques des événements courants du site Est-et-Ouest[1] permettent au lecteur de se faire une idée plus juste des affrontements et des drames qui se déroulent, hélas, dans divers pays du monde sous la pression des reliquats du communisme. On l’a trop vite cru mort et enterré. Mais, désormais, dans le monde, il se manifeste, certes sous des formes un peu différentes, principalement par l'esclavagisme capitalo-marxiste de Xi Jinping en Chine et par l'emprise de plus en plus en plus inquiétante de son impérialisme. L'emprise totalitaire de l'islamisme a retrouvé d'autre part l'alliance historique à laquelle travaillaient déjà Lénine et Staline en 1920 à l'époque du congrès de Bakou[2], au lendemain de leur défaite à l'ouest en Allemagne et en Pologne.

Aujourd'hui la désinformation sur l'Amérique latine en général et sur le Venezuela en particulier n'est pas monopolisée par le camarade Mélenchon, grand admirateur de feu Chavez. Cet apprenti dictateur tonitruant à l'excès semble à vrai dire en voie de démonétisation, sauf chez les plus naïfs des gilets jaunes et les plus criminels de black blocs.

Le mensonge est plutôt propagé, d'une manière beaucoup plus subtile, et plus efficace, par de fausses symétries. Toujours de très mauvaise foi, on peut ainsi faire confiance au quotidien Le Monde. On le voit, fidèle à ses vieilles habitudes, inoculer son venin avec l'idée qu'à Caracas se déroule un duel. Il oppose un gentil président légal et légitime, le délicieux, le facétieux, le courageux Maduro et l'inqualifiable méchant du film en la personne de Donald Trump. Et de celui-ci, des maudits Gringos, des gros capitalistes de Wall Street, le serviteur zélé s'appellerait donc Guaido, jeune président de l'assemblée démocratiquement élue.

On découvre, et les rédacteurs du Monde font mine de s'en effrayer qu'avant de riposter, comme il l'a fait, à la pseudo-réélection entièrement truquée de l'autocrate qui se cramponne à la tête de son pays, avant-hier prospère, aujourd'hui ruiné et ravagé, oui, il s'est rendu fin décembre dans différents pays voisins. Les États frontaliers manifestent eux-mêmes leur inquiétude, notamment du fait migratoire que provoquent, à leurs frontières, la misère et l'oppression grandissantes au Venezuela. Ce 9 avril, l'Organisation des États américains s'est même exprimée en sa faveur. Or, au début de l'année, Juan Guaido s'est préoccupé d'abord de coordonner une opposition vénézuélienne jusqu'ici morcelée. Sans doute les journalistes parisiens de gauche souhaiteraient-ils qu'elle restât cantonnée dans ses divisions, mais, crime affreux, il a cherché la sympathie d'exilés en Floride et d'élus aux patronymes bien hispaniques, et même chez l'ancien colonisateur, en Espagne, où réside l'ancien maire élu de Caracas destitué par le régime. La piste, facile à suivre, mène tout droit au cercueil de Franco, qui s'obstine à demeurer au Valle de Los Caidos. Penser cela ne s'appelle pas du complotisme puisque la conjuration est dénoncée par la gauche.

Non l'échec économique désastreux, l’incompétence des militaires et la corruption mafieuse du régime de Maduro n'expliquent donc ni la pénurie des biens de premières nécessité, ni les pannes géantes d’électricité, ni le mécontentement généralisé d'un peuple. Les mêmes qui dénoncent le prix de l'énergie trop élevé en France, pensent qu'une conspiration nord américaine s'emploie, à l’encontre des valeureux peuples exportateurs d'hydrocarbures, à faire baisser le prix du baril de pétrole.

Quiconque a vu le fameux film sur le voyage initiatique d'Ernesto Che Guevara le sait : quand une pauvre vieille femme souffre en Amérique latine d'un défaut de soins bucco-dentaires, c'est évidemment de la faute de ce qu'on appelait hier, à la suite de Marx, le capitalisme. Il est plus chic aujourd'hui de parler de mondialisme néolibéral.

Scandale : le département d'État américain exprime sa sympathie pour Guaido. Comme par hasard. Qu'est-ce les malfaisants de Washington viennent donc faire en Amérique du Sud ? Je vous le demande. À la faveur de l'internationalisation de la crise[3] d'ailleurs ce sont les pays bienveillants, l'Iran, la Chine et la Turquie, qui ont apporté leur soutien à Nicolas Maduro dans son bras de fer avec Juan Guaido. L'Iran, la Chine et la Turquie sont évidemment les bienvenues, chez elles en Amérique latine. Des avions russes à Caracas comme hier à La Havane ? mais voyons c'est pour mieux t'embrasser mon enfant.

Le 11 avril les Parisiens pourront découvrir un film et participer à un débat à propos du Venezuela[4], avec la participation de Paulo Paranagua, journaliste [atypique] du… Monde[5] et de la sociologue vénézuélienne Paula Vazquez. L'auteur de ces lignes regrette de ne pouvoir s'y rendre et salue d'avance ceux qui s'y intéresseront.

JG Malliarakis  

Apostilles

[1] Sur le site Est-et-Ouest
[2] cf. "La Faucille et le Croissant" – islamisme et bolchévisme au congrès de Bakou, par JG Malliarakis.
[3] cf. Revue de presse publiée le 4 avril par l'IHS : "Venezuela : internationalisation de la crise"
[4] Un film et un débat sur le Venezuela.
[5] On y lit toujours avec intérêt ses trop rares chroniques latino-américaines

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