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« Une soumission française à Berlin »

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Le Conseil des ministres franco-allemand a lieu ce mercredi 16 octobre à Toulouse. Les média célèbrent cette rencontre sous l'angle du « tout va bien » entre la France et l'Allemagne. Observateur Continental a demandé dans un entretien le point de vue de Bernard Monot, ex-député européen et membre de Debout la France (DLF) depuis 2018. Bernard Monot a également publié « L'Eurovision pour les peuples » en mai 2019 où il explique que l'Union européenne est en train de tuer la France et évoque l'arrivée d'un krach financier violent. « La zone euro met les pays, à l'exception de l'Allemagne, à genoux car l'euro a été adapté sur le DM »

Que pensez-vous de cette rencontre du Conseil des ministres franco-allemand ?

Il faut voir les aspects économiques, institutionnels et politiques. Le premier économique, c'est le rapprochement de chefs d'Etat concernant la coopération sur le dossier Airbus notamment, ce qui va plutôt dans le bon sens puisque le consortium est très ancien et date même d'avant l'Union européenne. C'est le grand succès que l'Union européenne essaie de s'accaparer. Airbus est la suite logique de Concorde puisque toute la technologie a été acquise à l'époque du projet Concorde dans les années 60. Tout cela va là-dessus plutôt dans le bon sens pour la coopération franco-allemande. Le seul problème est que tout cela s'inscrit d'un point de vue politique et institutionnel dans le cadre du traité d'Aix-la-Chapelle qui est pour moi une forfaiture contre la République française dans le sens où je ne vois pas pourquoi il y aurait un traité franco-allemand et pourquoi il n'y aurait pas un traité franco-italien ou franco-espagnol, voire franco-anglais ? Pourquoi toujours l'Allemagne ? Pourquoi toujours le modèle économique allemand, alors que, je dirais d'un point de vue économique, nous sommes beaucoup plus en rapport avec l'Italie. Quelque part cela cache une soumission politique de la France à l'Allemagne qui représente une suprématie économique indéniable dans la zone euro et plus largement dans l'Union européenne. Politiquement chez Debout la France (DLF) nous ne sommes pas d'accord. C'est une soumission politique à l'Allemagne qui est intolérable et non plus une coopération. Pour moi, c'est la germanisation de la zone économique de la zone euro et en particulier de la France.

Pourquoi une soumission à l'Allemagne ?

Oui, c'est une soumission politique, économique et institutionnelle de la France d'abord à Bruxelles mais à travers tout ça à l'Allemagne derrière le traité d'Aix-la-Chapelle. Vous savez, je fus le premier homme politique à dénoncer ce traité en janvier dernier qui prouvait que nous étions en train de perdre un peu plus d'indépendance. Notamment, il y a l'aspect territorial et hexagonal mais il y aussi notre siège au Conseil de sécurité des Nations unies que tout doucement nous partageons avec l'Allemagne en attendant qu'un représentant de l'Union européenne nous remplace au siège permanent de l'ONU. C'est intolérable. C'est un recul permanent du poids de la France au niveau international. C'est la négation de la victoire de 1945 et de la chute de l'Allemagne à cette époque. C'est bien la France qui a obtenu à côté du Royaume-Uni un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies. Et tout doucement, la France se trouve écartée. Nous n'avons plus une coopération mais une soumission. Nous ne pouvons plus prendre une décision indépendante sans la présence de l'Allemagne dans toutes les décisions stratégiques. Le traité signé à Aix-la-Chappelle le 22 janvier dernier vient sceller la soumission déjà implicite de la France depuis des décennies à l'Allemagne dans les domaines financiers, budgétaires, économiques, industriels, dans la défense où on s'aperçoit que nous allons perdre l'industrie de l'armement. On est en train de faire une France-Allemagne.

C'est l'Allemagne qui dirigerait l'armée française ?

Non, ce n'est pas le cas mais nous avons les prémices d'une fusion avec une perte de contrôle de la France dans les décisions d'armements sans oublier que militairement l'Allemagne a une armée extrêmement modeste, un budget beaucoup plus faible. Ils vont se renforcer aux frais des contribuables français. Il y a un vrai problème d'indépendance et stratégique de la France dans ce traité d'Aix-la-Chapelle qui est en train d'animer Emmanuel Macron et Angela Merkel.

Peut-on parler d'une réécriture de l'Histoire par l'Allemagne ?

L'Allemagne a perdu la Seconde Guerre mondiale mais ils l'on gagnée économiquement soixante ans après par la soumission des Alliés à leur cause.

Pourquoi personne ne parle du fait que l'Allemagne n'ait jamais signé de traité de paix avec la France ?

Effectivement. C'est comme la question du remboursement des dettes auprès de la Grèce et de la Pologne. L'Allemagne nazie a fait de nombreux dégâts en Grèce mais ils ont, en l'absence de la Grèce, répudié en 1953 le remboursement de la dette de l'Allemagne nazie à la Grèce. Cela représente environ aujourd'hui 162 milliards d'euros que l'Allemagne actuelle devrait rembourser à la Grèce. Par contre l'Allemagne d'aujourd'hui réclame à la Grèce le remboursement de sa dette de 360 milliards d'euros. C'est toujours en sens unique. On sent bien cette hégémonie allemande partout dans la zone euro. Pourquoi nous avons un Conseil franco-allemand et pas franco-italien, franco-espagnol, franco-britannique ? Pour moi à ce sommet avec Angela Merkel, on aurait dû inviter les premiers ministres d'Italie, du Royaume Uni, d'Espagne...

Avez-vous vu au Parlement européen les « petites mains allemandes » ?

Oui bien sûr ! Il y a cet état d'esprit suprémaciste de l'Allemagne sur toute l'Europe et qui elle-même se plie au diktat de Washington. On a en permanence un édifice au-dessus de nous et nous ne sommes plus indépendants. Ce qui explique pourquoi le pays (la France) a une dette mirobolante, un déficit permanent, un chômage de masse énorme. On pourrait dire la même chose pour l'Italie, l'Espagne ou la Grèce.

Dans son livre « L'Eurovision pour les peuples » Bernard Monot explique la situation avec le traité d'Aix-la-Chapelle, sur le pacte de Marrakech et d'un point institutionnel comment nous en sommes arrivés là tout en donnant la réponse comment s'en sortir. « Mon livre est optimiste pour trouver des solutions » précise Bernard Monot.

Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1183

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/une-soumission-francaise-a-berlin-218609

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