Dans un tonitruant appel, une certaine gauche se mobilise - parfois à reculons - contre l’islamophobie. L’occasion de revenir sur cette arme de destruction massive du débat public, puissant vecteur de l’islamisation en cours. revue de détail idéologique.
Ce 10 novembre se tient un rassemblement pour « dire STOP à l'islamophobie ». La pétition afférente, publiée dans Libération, a été lancée entre autres par le CCIF (Comité contre l'islamophobie en France, proche des Frères musulmans), Madjid Messaoudène, du Front de Gauche, le NPA et l'UNEF.
Au portillon, se bousculent des politiques (Melenchon, Hamon, Jadot. ), des militants (Diallo, Belattar, Rodrigues, Plenel. ), universitaires et groupuscules divers. Manqueront à cette manifestation le PS, qui récuse les « mots d'ordre qui présentent les lois laïques en vigueur comme liberticides » à quoi il faut ajouter quelques défections de dernière minute. Sous des prétextes vaseux, devant le profil de certains organisateurs décidément trop radical, il y a un début de débandade parmi les idiots utiles de l'islamisme Caroline De Haas retire sa signature du manifeste, mais sera présente à la manif, Ruffin a signé, mais « il a football dimanche » Et puis il y a les distraits Jadot avoue à demi-mot n’avoir pas lu le texte, Alexis Corbière pensait que l’appel provenait de la Ligue des Droits de l'homme. C'est ballot !
Entre victimisation et accusation
Certains aussi, comme Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, récusent le terme d'islamophobie. Ajuste titre, puisqu'il s agit de l'un des principaux arguments de conquête des islamistes.
L’appel s’articule en effet autour des deux grands axes que trace cet utile néologisme.
Tout d'abord, la victimisation. En France, des musulmans sont « stigmatisés », « agressés », cela va jusqu'à « la menace terroriste contre les lieux de culte musulmans » qui intervient certes après l'attaque de la mosquée de Bayonne (2 blessés), mais aussi à trois jours de l'anniversaire de l'attentat du Bataclan (129 morts et 354 blessés).
Attention, ne nous y trompons pas, la victimisation est une arme redoutable, pour qui sait la manier. Et certains y sont entraînés de longue date. En l’occurrence, elle permet à la fois de souder la communauté face à « l'ennemi », de justifier par avance toute violence contre celui-ci, comme le préconise l'islam, et de légitimer les islamistes comme défenseurs de ladite communauté.
L’accusation d'islamophobie a-t-elle en France quelque crédibilité que ce soit ? Le bilan officiel des actes racistes en dénombre 100 contre les musulmans en 2018, le chiffre le plus bas depuis 2010.
Second volet de l'argumentaire, l'accusation de « racisme » lancée contre des politiques, des médias, etc. En pratiquant l'amalgame entre racisme - puni par loi - et critique d'une religion, ce qui reste chose permise en France (nous autres catholiques en savons quelque chose), on cherche à faire taire l'adversaire par la menace judiciaire. C'est la stratégie des « coupeurs de langue » que dénonce le géopolitologue Alexandre Del Valle, qu'il associe à celle des « coupeurs de tête » djihadistes plus il y a d'attentats islamistes, plus il faut lutter contre l'islamophobie, c'est-à-dire tenter d'étouffer toute réaction contre les auteurs d'attentats qui, eux, agissent ouvertement au nom de l'islam. C'est un sport compliqué. Mais le dernier attentat de quelque ampleur qui a eu lieu, voici quelques semaines au cœur du dispositif de la sécurité intérieure a permis de constater que cette règle continue de s’appliquer. les attaques contre l’islamophobie se sont intensifiées après l’assassinat des quatre policiers de la préfecture. La manifestation de dimanche en est l’ultime surgeon.
Mauvaise foi systémique
L'argument cherche aussi à obtenir un effet de sidération en jetant l'opprobre moral sur sa cible et en la mettant face à ses contradictions, puisqu'elle est sommée de respecter ses propres idéaux de respect des droits individuels, et cela justement au bénéfice de ceux qui veulent les abolir. C'est l'argumentaire des féministes « intersectionnelles » qui défendent le port du voile au nom de la liberté (individualiste) de choix, comme Rokhaya Diallo, alors que le port du voile est avant tout une marque communautariste, aux antipodes de l'individualisme. Nous sommes loin de l’accusation de racisme avec cette nouvelle marotte de l'islamophobie. Aujourd'hui qui la cautionne, contribue à établir le délit de blasphème dans notre droit, au bénéfice exclusif de l'islam. Le procédé est habile et met en œuvre l’avertissement de Youssef al-Qaradawi, théologien de référence des Frères musulmans « Avec vos lois démocratiques, nous vous coloniserons avec nos lois coraniques nous vous dominerons ».
En effet, l'islamophobie est la déclinaison diffusée par les Frères musulmans de l’antiracisme « décolonial » ou « indigéniste » qui affiche un antisionisme et un racisme antiblanc, dont la violence provient d'un racisme « systémique » on pourrait dire un racisme d'État, qui participe d'une sorte de guerre culturelle, bloc contre bloc. L’appel est en effet parsemé de diatribes contre les « projets de lois liberticides » les « délations abusives jusqu’au plus haut niveau de l’État contre des musulmans » ou les « dispositifs de surveillance de masse qui conduisent à une criminalisation pure et simple de la pratique religieuse » L’argument opère l’amalgame prohibé entre musulmans et islamistes en effet, ces derniers sont les seuls visés par le discours de « vigilance » officiel (et même présidentiel). Mais, pour les islamistes, c'est tout l'islam et tous les musulmans qui sont visés, lorsque les frères musulmans ou les salafistes sont attaqués. En quelque sorte, ils pratiquent là une sorte d’amalgame à l’envers. C'est le jeu de la guerre culturelle qu'ils mènent que de confondre islam et islamisme Cette confusion systématique les mène à interdire toute critique adressée à un musulman sur telle pratique de l'islam.
Richard Dalleau monde&vie 14 novembre 2019