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Sur Figaro Vox, Éric Zemmour : « Trump est leur pire cauchemar ».

Alerte: encore un livre à charge contre Trump, écrit cette fois par un anonyme. Avec toujours les mêmes reproches et les mêmes sarcasmes. Qui dissimulent un combat idéologique de fond.

C’est devenu un genre en soi. Avec ses règles, sa logique, jusqu’à ses tics d’écriture, qu’on reconnaît du premier coup d’œil. On pourrait en rédiger à la chaîne. D’ailleurs, c’est ce que les Américains font. Le livre sur Trump est devenu en peu de temps ce qu’en jargon journalistique on appelle un marronnier. D’habitude, c’est un grand journaliste qui s’y colle ; ou un haut fonctionnaire viré par Trump. Cette fois, nous varions les plaisirs avec ce haut fonctionnaire qui ne révèle pas son identité

Il prolonge ainsi dans un livre une tribune anonyme parue dans le New York Times il y a plusieurs mois, dans laquelle il avait évoqué la résistance silencieuse de ceux qui tentaient de contrôler les réactions impulsives du président. Les fameux «adultes dans la pièce», que la presse américaine glorifie sans se lasser ; cet «État profond» que Trump dénonce à longueur de tweets et de discours ; et que notre auteur anonyme préfère qualifier d’«État stable» censé incarner la continuité de l’État contre les foucades d’un président fou, comme il y eut en France Charles VI «le Fol». La bataille idéologique est d’abord une bataille de mots. Des mots prononcés par Trump et dont tous ses contempteurs se gargarisent. Des mots que l’on connaît par cœur sur les femmes d’abord (des vulgarités de garçon de bains qu’affectionnaient aussi notre Jacques Chirac tant aimé et la plupart des hommes dès qu’ils se retrouvent entre eux). Mais encore sur les migrants, les Mexicains, les Africains, les journalistes, les démocrates, etc.

On connaît par cœur le procès fait à Trump: il est brouillon, fainéant, vantard, impulsif. Il ne lit rien. Même les notes les plus courtes de ses collaborateurs sont encore trop complexes. Il est incapable de réflexion. Il n’écoute personne. Il marche à l’intuition. Il se contredit sans cesse. Notre auteur anonyme n’a pas oublié qu’on disait déjà la même chose de Reagan. Et que Trump aime les femmes comme Kennedy ou Clinton. Et que Nixon était surnommé «le tricheur». Mais notre auteur veut absolument montrer que Trump est pire que tous les autres: «Dans l’histoire de la démocratie américaine, nous avons eu des présidents indisciplinés. Nous avons eu des présidents inexpérimentés. Nous avons eu des présidents amoraux. Jusqu’à ce jour, nous n’avions jamais eu le tout en même temps.» Jolie formule qui dissimule mal le procès en illégitimité qui est fait à Trump depuis le premier jour de son élection.

« Trump n’a pas sa place parmi eux ! »

En réalité, les élites de la côte est et de la côte ouest estiment que le peuple américain s’est trompé. Que Trump n’aurait pas dû être élu. À leurs yeux, il est légal mais pas légitime. Quand notre auteur se balade à l’étage de la Maison-Blanche où sont exposés les portraits des présidents depuis deux siècles, il s’écrie: «Trump n’a pas sa place parmi eux!» Quand on poursuit la lecture du livre au-delà, on comprend bien -comme à chaque fois que la description des frasques et des insuffisances de Trump – sans doute largement fondée- n’est que le paravent qui dissimule un désaccord idéologique: ses contempteurs reprochent avant tout à Trump de vouloir une immigration zéro, d’être contre le libre-échange et de tenter de faire sauter le corset dans lequel les juges et les médias ont enserré le pouvoir exécutif de toutes les démocraties occidentales – jusqu’à le rendre largement impuissant- au nom de «l’État de droit».

C’est cette bagarre-là – théorisée par le hongrois Viktor Orban avec son concept de démocratie illibérale qui est au cœur des pamphlets à répétition contre Trump. À lire notre anonyme entre les lignes, on s’aperçoit que Trump a toujours les bons réflexes, en tout cas selon la ligne idéologique qui est la sienne: contre les migrants qu’il qualifie de «combattants ennemis», comme les terroristes, contre la mondialisation libérale, pour la réindustrialisation du pays, pour la main tendue à la Russie de Poutine, pour le retrait des troupes du Moyen-Orient, contre la montée en puissance de la Chine… Et que tout le travail de «l’État profond» – autoproclamé «État stable»- est de l’empêcher de gouverner selon la ligne qui a été approuvée par le peuple américain.

Trump est l’incarnation de cette Amérique blanche à qui on annonce qu’elle sera minoritaire en 2050 et à qui on arrache le pays qu’elle a forgé. Et à qui on reproche de ne pas mourir en silence. Les éructations de Trump sont ses cris de fureur. C’est ce que l’ancien ambassadeur de France à Washington, Gérard Araud, appelle à juste titre «l’alliance des “gilets jaunes” et de la Manif pour tous.» Cette alliance que Marine Le Pen et les LR sont d’accord pour rejeter avec hauteur. Cette alliance qui est la réponse sociologique et politique à l’offensive menée par la gauche depuis les années 1960. Une offensive née sur les campus américains où fut inventé le fameux «politiquement correct» qui donne le pouvoir aux minorités (sexuelles, raciales) sur la majorité jadis nommée silencieuse, qui a décidé de ne plus se taire.

Une guerre idéologique qui s’est accompagnée d’une offensive démographique: à partir de 1965, ont été supprimées les lois qui interdisaient l’immigration non-européenne depuis 1925. Le résultat est l’afflux depuis lors de Mexicains, mais aussi depuis quelques années, de nombreux Africains, pour la plupart musulmans. La division – idéologique et ethnique- de l’Amérique n’est donc pas une invention de Trump comme le répète sans se lasser notre auteur anonyme et ses prédécesseurs ; la violence verbale et idéologique de Trump est plutôt la réponse à cette subversion idéologique et ethnique fomentée par la gauche de longue main.

À la fin de son livre, notre auteur lance un appel vibrant aux électeurs républicains pour qu’ils renversent Trump même au profit d’un démocrate. Et appelle les démocrates à choisir un candidat centriste qui n’effarouche pas les électeurs républicains. Bref, il tente de fonder les bases d’une grande coalition à l’allemande pour renverser le président élu par le peuple américain pour qui il travaille. C’est ce qu’on s’appelle sans doute désormais à Washington la loyauté.   

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