L'avis de Jean-François Touzé
Qu'elles soient sanitaires, économiques, sociales, financières, internationales, migratoires ou géopolitiques, les crises qui se succèdent et se chevauchent, mettent en lumière l'incapacité des démocraties — singulièrement des démocraties européennes — à faire face. Tiraillés entre leur crainte de ne pas en faire assez et celle de devoir en faire trop, soumis à l'idée qu'ils se font d'une opinion publique qui n'attend pourtant d'eux que l'action, les dirigeants occidentaux tanguent et roulent sous les coups des tempêtes comme autant de bateaux ivres.
En France, cette main tremblante de l'Etat dissimulée sous le gant avachi d'une autorité brandie mais non assumée, on la voit se recroqueviller après chaque attaque terroriste islamique, au moment de chaque pic de la déferlante migratoire, devant chaque menace du Président turc et chaque décision commerciale ou stratégique de Washington.
Aujourd'hui l'épidémie de coronavirus sévit. Elle aura sa fin. Dans ses effets sanitaires, comme dans ses conséquences économiques et sociales possiblement bien plus redoutables que la maladie elle même.
Mais un jour ou l'autre cette érosion continue de l'autorité de l'Etat se transformera en effondrement. Ce jour là, quand viendra le temps de la paralysie nationale, y compris en termes d'ordre public, ce sera le chaos. Peut être bien plus vite que l'on ne le croit, l'expérience de l'Histoire montrant que lorsque les choses deviennent possibles, elles ne tardent pas à se réaliser.
Le combat national est avant tout une course contre la montre. Seuls les Etats forts sont en capacité de protéger leurs peuples.