Réaction exclusive de Michel Thooris au piège tendu à la police, à Sartrouville, mardi soir, par une cinquantaine d’individus armés. Il revient aussi sur la pénurie de masques dans la police et la libération de détenus radicalisés et multirécidivistes.
Hier soir à Sartrouville dans les Yvelines la nuit a été agitée. Vos collègues ont été pris dans une embuscade. Ce scénario se répète tous les soirs depuis le début du confinement dans plusieurs villes de France. Fallait-il s’y attendre ?
Il fallait bien sûr s’y attendre. Les lois de la République ne s’appliquent pas dans quelque 600 cités interdites de la République. Il n’était donc pas étonnant que le confinement ne soit pas respecté par une partie de ces populations qui ont clairement basculé dans la criminalité, notamment le trafic de stupéfiants.
Avez-vous eu des informations supplémentaires vis-à-vis du port de masque dans la police. Avez-vous les moyens de le généraliser ?
De manière constante depuis le début la crise sanitaire, les collègues ont eu interdiction de porter le masque de manière permanente sauf cas très particulier. De toute manière, nous n’avons tout simplement pas de masques. Une étude est sortie dans le magazine Sciences aux États-Unis qui démontre que le coronavirus est transmissible par l’air, par conséquent le masque aurait un intérêt sanitaire. Je serais tenté de dire que c’est notre position depuis le début. À défaut d’être efficace, le masque ne peut pas être inutile. Nos collègues italiens ou même coréens ont été dotés de masques dès les premières heures de la crise sanitaire. Encore une fois et comme d’habitude, en France, des certains ont estimé que le port du masque ne servait à rien et qu’il fallait le refuser aux fonctionnaires de police. Pour nous, ce n’est évidemment pas acceptable.
J’ai saisi le Premier ministre pour qu’il clarifie une fois pour toutes la position et qu’il autorise à la fois les fonctionnaires de la police nationale et de la gendarmerie nationale à porter le masque, mais surtout pour qu’il fournisse ce matériel médical.
Votre syndicat a demandé à ce que l’argent récolté par les différentes contraventions liées à l’absence de respect du confinement de la part des citoyens soit reversé directement à l’hôpital.
Pourquoi cette demande ?
Les collègues de la police nationale et de la gendarmerie nationale risquent leur vie pour faire respecter ce confinement. Ils dressent un certain nombre d’amendes. Je n’ai pas les chiffres exacts, mais on peut considérer que les sommes vont être très importantes. On connaît l’état de tiers-mondisation des services publics. Alain Bauer l’avait d’ailleurs dénoncé. Réaffecter ces fonds-là à la fois dans l’hôpital public et dans les forces de l’ordre serait une bonne utilisation des fonds et cela permettrait de mieux faire passer la pilule à nos concitoyens qui ne comprennent pas toujours que cette amende forfaitaire soit aussi lourde. On parle de deux cents euros. C’est une somme importante pour nos citoyens et pour un non-respect du confinement.
J’attire votre attention sur le très mauvais message envoyé de manière publique. Madame Belloubet, la ministre de la Justice, profite de cette crise sanitaire pour vider les prisons françaises. Elle met des détenus dehors au nom du prétendu confinement, alors qu’on sait très bien que ces individus qui seront libérés ne respecteront pas le confinement et poseront des problèmes de sécurité sur la voie publique. Je peux vous assurer que mes collègues ont autre chose à faire que de traiter les multirécidivistes que la ministre de la Justice libère de manière très gracieuse à cause de cette crise sanitaire.
Crise sanitaire ou non, les problèmes restent finalement les mêmes…
Les problèmes restent les mêmes. Les lois de la République ne s’appliquent pas partout et pour tous de manière équitable. D’un côté, on a ces zones de non-droits qui ont fait sécession de la République. Ils ne respectent pas les règles établies par le législateur. De l’autre côté, des braves gens essaient de les respecter. Parfois certains craquent pour faire une sortie non autorisée et en paient le prix fort.
Notre institution met des moyens exceptionnels pour traquer les personnes qui ne respectent pas le confinement. Je pense notamment aux drones qui sont de sortie. Une pression est mise sur nos collègues pour verbaliser les gens qui ne respectent pas le confinement. Cette pression ne s’applique pas à l’ensemble des citoyens. Sartrouville n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.