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Tabassé à coups de barre de fer pour avoir demandé le silence

Tabassé à coups de barre de fer pour avoir demandé le silence

Nicolas, père de famille de 35 ans, s’est réveillé après 15 jours de coma handicapé à vie. Un voisin témoigne de cette agression sauvage, qui s’est déroulée le 19 mai à Brest :

«Ce soir-là, j’étais dans mon lit devant la TV, lorsque j’entends la porte d’entrée de l’immeuble qui claque. Quelques secondes plus tard, j’entends des bruits sourds violents. Je devine qu’on est en train de casser la porte vitrée. Je me lève et vois mon fils, devant l’œilleton de notre porte d’entrée, les yeux écarquillés. Il me fait signe de la main de reculer. Nous restons dans le salon et au son des bruits, nous comprenons que c’est très grave. Au début, je pensais à une bagarre entre dealers, mais j’entends une voix masculine appeler à l’aide : “au secours, aidez-moi !“. Je comprends qu’une victime innocente se fait agresser et j’appelle la police, qui a déjà reçu d’autres appels d’habitants de la cité. Je les supplie de faire vite : j’entends l’homme hurler et les fracas de son corps tomber à répétition contre ma porte. Il va mourir.

La police arrive en moins de cinq minutes. J’entrouvre la porte pour leur signaler que les agresseurs viennent tout juste de partir. À cet instant, je vois avec effroi tout ce sang couler sur le sol, les portes des voisins, les escaliers… Un bain de sang ! Mais un policier me somme de refermer ma porte pour ne pas souiller la scène de crime. C’est le lendemain que j’apprends dans la presse locale que mon voisin était descendu pour se plaindre du bruit que faisaient ces hommes dehors et que ces derniers l’ont massacré à coups de barres de fer. En effet, on est constamment gênés par ces jeunes qui mettent le bazar avec leur musique tous les soirs.

J’ai vécu plus de 30 ans dans les cités les plus problématiques du 93, et jamais je n’ai vu un tel acte de barbarie. Ici, la cité se dégrade malheureusement depuis deux, trois ans. Parmi nos jeunes qui squattent le rond-point le soir, il doit y avoir quelques dealers. Mais l’ambiance de la cité reste familiale, il y a beaucoup d’enfants, de personnes âgées. Je ne m’étais jamais senti en insécurité jusqu’à ce jour-là. J’ai habité à Bondy, à La Courneuve, Saint-Ouen, Bobigny : je connais le sentiment d’insécurité, et je vois ici la naissance de tout cela.

À chaque fois que j’appelle la police pour des nuisances sonores par exemple, j’ai l’impression de ne pas être pris au sérieux. Souvent, les agents arrivent 45 minutes plus tard. Je les vois patrouiller uniquement dans la rue principale. Ils n’entrent pas dans la cité. Sans doute par manque de moyens : ils sont deux à venir face à une douzaine de jeunes enragés et alcoolisés ! Quatre jours après cet événement, la vendeuse du primeur du quartier a reçu un coup de couteau dans le dos à 6h du matin en allant au travail ! On n’a toujours pas retrouvé son assaillant et je ne sais toujours pas si elle a survécu… Pour le maire de Brest, ce sont des actes isolés. Il refuse de mettre des caméras dans la ville et d’avoir une police municipale. La police nationale ne déploie pas assez d’effectifs le soir, alors qu’à mon avis, 80% des agressions se déroulent après 18h. Un policier m’a dit que seulement deux voitures circulaient dans Brest après 18h : c’est grave !

De mon côté, je suis toujours en état de stress post-traumatique. Je vois un psy qui m’aide à pallier les crises d’angoisses. Pendant plusieurs jours, je n’osais même plus sortir. J’ai aussi un sentiment de culpabilité : aurais-je dû ouvrir ma porte pour aider mon voisin à se réfugier ? Dans la cité, personne ne se parle, les gens ont peur ou s’en fichent. C’est pour cela également que je témoigne aujourd’hui : il ne faut pas rester indifférent, car un jour ou l’autre, cela peut arriver devant chez soi.»

Nicolas s’est réveillé avec de nombreuses séquelles. Sa rotule étant fracturée, il subit une rééducation douloureuse pour réapprendre à marcher. Il dû subir plusieurs interventions de chirurgie reconstructrice faciale. Il a quatre balafres qui partent des yeux jusqu’au crâne, son nez et sa mâchoire ont été enfoncés dans la boîte crânienne. Mais surtout, il a subi de graves lésions cérébrales dont on ne connaît pas encore les conséquences, si ce n’est qu’elles feront de lui une personne handicapée à vie.

Quelques jours après l’agression, deux frères âgés de 34 et 29 ans ont été présentés au parquet de Brest, mis en examen pour tentative de meurtre et placés en détention provisoire. Nous attendons les noms de ces criminels.

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