Incontestablement, c’est l’escalade.
Après les agressions au couteau de vendredi, à Gradignan, et les attaques à la machette ou autres armes blanches quasi quotidiennes, l’insécurité à Bordeaux a franchi, mardi soir, un nouveau cap. D’après Sud-Ouest, « des violences, dont la cause reste encore floue à ce stade, ont éclaté, en début d’après-midi, cours de la Marne, à côté de la gare Saint-Jean. Selon des habitants et commerçants, des coups de feu ont été tirés. Un garçon de 17 ans a été grièvement blessé par arme blanche à une main. » Les témoignages sont encore plus glaçants : « On a vu un gamin courir avec une main tranchée. »
Bordeaux Orange mécanique.
Mais bien d’autres villes pourraient lui disputer ce triste honneur de capitale : à Rennes, les attaques se sont multipliées, ces derniers jours ; à Montpellier, ce sont deux légionnaires en civil qui s’interposaient qui ont été pris pour cible et blessés.
Et chacun verra, s’il ouvre les yeux, cette terrible réalité dans sa ville ou dans son journal.
Les hommes politiques les plus lucides, mais aussi les plus opportunistes, sentent bien que quelque chose se passe.
D’où le siphonnage du mot « ensauvagement » par Gérald Darmanin. D’où la visite d’Emmanuel Macron lui-même à la BAC pour annoncer une prime spéciale pour les policiers travaillant la nuit. D’où la sortie de Nicolas Sarkozy regrettant de n’en avoir pas assez fait sur la sécurité. Marine Le Pen a aussi publié une vidéo forte rappelant que 68 % des Français ne se sentent pas en sécurité dans leur ville et réaffirmant les fondamentaux de son programme en matière sécuritaire.
Les maires les plus lucides aussi, en général de droite, s’alarment de la situation car ils savent bien qu’ils n’ont été élus ou réélus qu’au bénéfice de la panne démocratique due au Covid-19. Ils pressent le gouvernement de leur conférer de véritables pouvoirs de police, comme la quinzaine de maires signataires de la tribune de Christian Estrosi.
Mais le plus spectaculaire, c’est le silence des nouveaux maires de la mouvance gauche-EELV. Pour eux, qu’importe cette élection tronquée, elle vaut validation de leur idéologie anti-sécuritaire et leur silence, ou leur lenteur à répondre aux assassinats (Lyon) ou aux multiples attaques qui ensanglantent leurs villes, en est le triste témoignage. Avec de telles œillères idéologiques, on les voit mal transformer leurs victoires locales obtenues dans des conditions très particulières en victoire nationale en 2022.