Vincent Vauclin
président du Mouvement national-démocrate
Le discours prononcé cette semaine par Jean-Luc Mélenchon - à l'occasion du lancement de l'Institut de la Boétie, le nouveau think-tank de la France Insoumise - restera dans l'histoire récente comme le moment charnière et fondateur de la nouvelle gauche. Prenant acte d'une mutation idéologique déjà bien engagée, Jean-Luc Mélenchon a finalement franchi le rubicon qui le séparait encore des courants les plus gauchisants de sa mouvance pour embrasser sans réserve la cause indigéniste et se débarrasser des derniers oripeaux de la gauche ouvrière du siècle dernier, républicaine et vaguement cocardière, dans les plis desquels il feignait encore jusqu'ici de draper son discours.
D'une manière générale, les mots ont un sens. Mais prononcés par celui qui rassembla plus de 7 millions de suffrages sur son nom en 2017 et qui fut le grand architecte de la recomposition de la gauche post-Hollande, ils prennent encore davantage de poids. Ainsi est-il essentiel de saisir toutes les implications de son propos lorsque le leader de la France Insoumise déclare que « le peuple français a commencé une sorte de créolisation qui est nouvelle dans notre histoire, il ne faut pas en avoir peur, c'est bien. (...) Nous avons besoin d'une nouvelle règle du jeu. Voilà pourquoi la VIème République est un besoin vital ».
Par cette tirade, et en quelques mots, Jean-Luc Mélenchon nous fait trois aveux inédits aux conséquences explosives :
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1er aveu : Le Grand Remplacement est finalement une réalité, et non plus un "fantasme d'extrême-droite". Qu'il le nomme "processus de créolisation" plutôt que "processus d'effacement identitaire et de remplacement démographique" n'y change rien. Jean-Luc Mélenchon admet enfin la réalité de ce que nombre de lanceurs d'alerte proclament depuis des années : le peuple français autochtone est effectivement en train d'être remplacé sur le plan ethnique et culturel par des masses immigrées essentiellement originaires d'Afrique et du Maghreb. Et pour lui, c'est un progrès.
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2ème aveu : Ce processus de remplacement démographique aura des conséquences sociales et politiques majeures. Autrement dit, Jean-Luc Mélenchon prend acte du caractère tribal et communautaire du vote immigré, et donc de la faillite intégrale de la politique d'assimilation républicaine et du processus de sédition communautariste qui en résulte. Pire : il se propose tout simplement de le hâter, de l'accompagner et de l'orienter pour servir l'avènement de sa fameuse 6ème République qui achèvera de liquider les derniers vestiges de l'État-Nation à la française.
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3ème aveu : Le nouvel enjeu politique de la gauche n'est plus économique ou social, mais bien, d'abord et avant tout, identitaire et communautaire. Les nouveaux rapports de force démographiques changent la donne. Puisque le camp des opprimés se confond désormais avec celui des immigrés, la lutte des races se substitue donc habilement à la lutte des classes dans la rhétorique de l'autoproclamé "tribun du peuple" qui tente ainsi d'harnacher à son attelage électoral "écosocialiste" la thèse fumeuse de "l'intersectionnalité des luttes".
À plus d'un titre, ce discours de Jean-Luc Mélenchon est donc lourd de conséquences. Alors qu'à droite tous se défilent et se refusent toujours à prononcer les mots qui fâchent - à l'instar de Marine Le Pen, qui en est encore à déclarer "ne pas connaître la notion de Grand Remplacement" - Jean-Luc Mélenchon jette un pavé dans la mare. Lui a d'ores et déjà choisi son camp en déplaçant le curseur du débat présidentiel sur le terrain identitaire. Bien sûr, son objectif premier est d'abord électoral : le cacique mitterrandien qu'il fut naguère n'a rien oublié des leçons de son vénérable maître, et exploite habilement tous les ressorts de la démagogie cynique et de l'indignation surjouée pour coaguler les colères et reconstituer un prolétariat-électorat de substitution (dans tous les sens du terme), comme le fit jadis son mentor.
Mais le propos de Jean-Luc Mélenchon révèle également sa francophobie latente et son obsession maladive de la "table rase" : en témoigne cette formule cryptique par laquelle, dans ce même discours, il exhorta ses militants à "faire France de tout bois" dans une analogie pour le moins curieuse entre la France et un bûcher. Reste à savoir à quel brasier, au fond, il pensait : celui de Notre-Dame ou des banlieues ? Une chose est sûre : entre le rôle du pompier et celui du pyromane, Jean-Luc Mélenchon n'a pas dû hésiter longtemps. Et le 21 septembre dernier, il a craqué sa première allumette.
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