Marc Rousset
L’activité économique en Europe va être frappée par les restrictions sanitaires, suite aux 100.000 nouvelles contaminations par jour. La reprise s’essouffle et de nouvelles dépenses publiques sont nécessaires. « L’ascension de la reprise sera probablement longue, inégale et incertaine », selon l’économiste en chef du FMI Gita Gopinath. Les banques centrales veulent un peu d’inflation pour abaisser le poids de l’endettement et relancer l’activité économique, mais elles sont incapables de la générer. Elles incitent donc les gouvernements à dépenser.
Le FMI subit des pressions pour vendre une partie de son or afin d’aider les pays les plus pauvres, mais un porte-parole a indiqué « que le FMI n’a aucune intention de vendre de l’or, afin d’offrir une solidité fondamentale à son bilan, ce qui lui permettra de prêter à des taux attractifs ». L’or restera une composante clé de son portefeuille.
En France, les plans sociaux commencent à se multiplier tandis que les intentions d’embauche de cadres s’effondrent. Les recrutements dans les entreprises privées devraient chuter de 30 à 40 % par rapport aux 281.300 recrutements de cadres en 2019. De son côté, le spécialiste des finances publiques François Ecalle a montré à quel point, malgré le maintien des taux bas – ce qui n’est pas garanti -, le redressement des comptes de la dette publique, sans augmentation d’impôts et de prélèvements sociaux déjà les plus élevés de l’OCDE, est pratiquement impossible. Avec une croissance du PIB de 1,4 % par an et des dépenses de 2 % (niveau moyen observé de 1998 à 2008), le déficit public augmenterait chaque année et s’élèverait à 7,9 % du PIB en 2030 tandis que la dette publique atteindrait 142 % du PIB.
Dans la zone euro, la chute des prix s’est établie à -0,3 % en septembre, contre -0,2 % en août. La reprise économique de l’Allemagne s’essouffle ; le niveau de l’emploi avant crise ne sera atteint, au mieux, avant mi-2022. Christine Lagarde a exhorté les États à ne pas diminuer brutalement les dépenses publiques pour éviter un « effet de falaise ». Désespéré, le commissaire européen Paolo Gentiloni estime qu’il faut casser le thermomètre et revoir les critères de Maastricht. Le Système, une fois de plus, montre qu’il ne voit pas d’autre possibilité que la fuite en avant avec augmentation de l’endettement public et de la création monétaire par les banques centrales.
Quant à l’Italie, c’est le miracle ! L’Italie va finir l’année 2020 avec une dette publique égale à 158 % du PIB, mais elle n’a jamais emprunté à un taux aussi bas car le gouvernement Conte, contrairement à Salvini, a fait profil bas et confirmé son allégeance à l’Union européenne. Le Trésor italien emprunte, actuellement, à trois ans à -0,3 % et à 10 ans à 0,64 %, les obligations nouvelles étant entièrement souscrites par la BCE !
Pour le Système, le risque n’est plus celui de la signature d’un pays tel que l’Italie ou la France, mais celui de l’effondrement des économies face au Covid-19. L’ampleur de la dette italienne et l’incapacité de rembourser sont devenues subitement tout à fait secondaires. Or, en 2013, avec la fin des rachats de dettes sur les marchés par la Fed, les taux avaient, immédiatement, bel et bien grimpé. La seule issue finale possible ne pourra être, alors, qu’une hyperinflation pour régler le problème de la dette italienne avec, à la clé, l’explosion de la zone euro et la dévaluation des monnaies nationales.
Aux États-Unis, les 898.000 inscriptions hebdomadaires au chômage repartent à la hausse. Le déficit public américain, en septembre 2020, a atteint 3.132 milliards de dollars, multiplié par plus de trois par rapport aux 984 milliards de 2019. En 2009, en pleine récession de la crise des subprimes, le déficit s’était établi à « seulement » 1.400 milliards de dollars. Et, pour arranger le tout, un nouveau plan de dépenses de 1.800 milliards de dollars pour les républicains, de 2.200 milliards de dollars pour les démocrates, s’impose d’une façon urgente !
Le monde ne tourne plus rond depuis la déclaration de l’inconvertibilité du dollar en or par Nixon en 1971. Le système monétaire mondial sera emporté. L’issue finale ne peut être que l’hyperinflation pour régler le problème des dettes avec, comme modèles, les 1.000 % actuels d’inflation du Venezuela ou les 140 % de l’Argentine en 2018 !