À la fin du deuxième trimestre 2014, selon les derniers calculs de l'INSEE, la dette française atteignait précisément 2023,7 milliards, avec une nouvelle progression de 23,7 milliards sur ces trois mois. Désormais, le taux d'endettement de notre pays atteint 95,1 % du PIB.
À l'heure où les relations avec Bruxelles sont tendues sur la question économique, personne, au sein du gouvernement, n'ose manifestement plus faire référence aux critères de Maastricht, limitant la dette à 60 % maximum du PIB, et le déficit public à 3 %. On préfère s'en tenir à l'explication passer-partout de la crise, d'ailleurs imputée aux banques.
Dette des Français
On oublie également l'adjectif « historique ». Il faudrait avouer, si l'on avait quelques réminiscences dans ce domaine, que François Hollande a fait moins bien que Nicolas Sarkozy. Pour ne pas dire : pire. Moi président ne saurait l'admettre.
Il va bien falloir pourtant trouver une solution. Parce que les Français n'ont pas attendu le premier président de la Cour des comptes Didier Migaud pour comprendre que nous étions désormais « dans une zone dangereuse ». Et que cette dette française était d'abord une dette des Français. À hauteur de quelque 30 000 euros par tête de pipe ! En rappelant, bien sûr, qu'il ne s'agit là que de la dette au sens de Maastricht. C'est-à-dire notamment qu'elle ne tient pas compte des passifs financiers.
Selon Eurostat, qui produit les statistiques officielles de l'Union européenne, on constate malheureusement une progression quasi généralisée dans l'ensemble de l'Union. Mais il paraît important de noter qu'elle est plus importante encore en moyenne dans les pays de la zone euro que dans les autres. Autrement dit, les statistiques officielles viennent infirmer le discours officiel sur la protection que constituerait la monnaie unique.
Union européenne ou démocratie ?
Quoi qu'il en soit, pour le gouvernement, cette mauvaise nouvelle tombait d'autant plus mal qu'elle arrivait à quelques jours de l'ouverture, à l'Assemblée nationale, du débat sur le projet de loi de finances 2015 - un budget sur lequel la Commission européenne a d'ores et déjà émis des réserves.
Les députés de l'opposition ont évidemment saisi la balle au bond, demandant si, de ce fait, il était bien utile de discuter d'un plan A alors qu'il serait sans doute nécessaire de faire face à un plan B demain. « Ne vous appuyez pas sur Bruxelles pour animer le débat démocratique ici même » s’est emporté Michel Sapin, le ministre de l’Économie, dont les services ont cherché à minimiser le différend avec Bruxelles, qualifiant la réflexion de l'opposition sur le sujet d'« idée simpliste ».
Il n'empêche que pour Manuel Valls, qui a déjà dû essuyer la bronca d'une partie de sa majorité sur les questions économiques, l’atmosphère devient pesante. Faire front, tout à la fois, à l'Europe, à la majorité et à l'opposition, c'est un peu une mission suicide.
Économies minimales
D'autant que - et même s'il n'est pas beaucoup intervenu - François Hollande est également dans la ligne de mire. Les députés UMP qui ont daubé sur l'insuffisance de la baisse des dépenses publiques avaient certainement en tête certain plan d'économie de 50 milliards sur trois ans, dont on parle, curieusement, de moins en moins.
Qu'importe ! Le gouvernement n'a pas voulu toucher à son texte, certain que ses positions étaient suffisamment « proches de celles de la Commission » pour qu'il n'y ait fias de difficultés. Quand on voit celles auxquelles a été soumis Pierre Moscovici, qui aspire à devenir Commissaire européen, lors de son oral à Bruxelles, il y a tout de même de quoi se poser des questions !
Hugues Dalric monde&vie 22 octobre 2014 n°898