Lundi soir, l’irréparable a été commis. La communauté médiatique et politique est encore sous le choc. En effet, lors de l’évacuation d’un camp de migrants improvisé, installé place de la République, des « images choquantes » ont été filmées par des journalistes courageux. Sur ces scènes de barbarie urbaine, on voit notamment (éloignez les enfants de votre écran)… un policier qui fait un croche-pied à un manifestant, qui plus est, peut-être migrant. Je vous avais prévenus : c’est insoutenable.
Heureusement, une enquête a été ouverte par le préfet Lallement, notre ministre de l’Intérieur s’est désolidarisé immédiatement des agissements de ses troupes. Le coupable devrait bientôt être traduit en Justice. On espère que celle-ci frappera sans faiblesse.
Gazer des bébés en poussette en 2013, ça allait. Arrêter des gens en pleine rue parce qu’ils déambulaient en famille avec un sweat-shirt de la Manif pour tous, ça allait. Crever des yeux à coups de LBD en 2018 et 2019, ça passait crème. Matraquer les manifestants, contrôler que les gens portent un masque sur la figure en pleine rue alors que ça ne sert à rien, vérifier qu’ils se sont signés un papier pour avoir le droit de sortir de leur maison, interdire l’accès aux églises… sur tout ça, rien à dire. Il n’y a, dans ces modes d’action, qu’une façon républicaine, peut-être un peu vive parfois, de faire respecter l’ordre.
Mais là, c’est le retour de la bête immonde. Ce croche-patte barbare. Ces images qui ne sortent pas de nos têtes. On n’a pas les mots. Terrés sous des tentes Decathlon (partenaire officiel de la lutte contre la haine), ces braves gens, nouvelles figures christiques d’un monde qui a oublié le Christ, ne demandaient, en somme, qu’un peu d’amour ; cet amour que certains d’entre eux imposent souvent si maladroitement à nos jeunes filles sous la menace d’une arme, ce qui est compréhensible puisqu’ils n’ont « pas les codes ».
On comprend l’émotion des âmes justes. Cette violence était le titre principal de ce mercredi matin sur les radios d’État. Le « crochepatte-gate ». Espérons que la République, elle se relèvera de cette épreuve, et que toutes-et-tous, chacune-et-chacun, nous serons plus forts collectivement, avec de grands sourires fraternels et des papiers tout neufs.
On ira fêter ça dans les bars de Paris quand ils rouvriront. On boira un demi-verre de vin bio à quinze balles, à un mètre de distance, et le masque couvrant le nez et la bouche. À la santé du progrès.