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Je n’ai pas « mal à ma France », j’ai mal pour la France…

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Jamais le spectacle d’une France à deux vitesses ne sera apparue de façon si prégnante qu’aujourd’hui. Durant des semaines, les Français ordinaires, la France bien élevée, se sont pliés docilement sans moufter à des règles aussi ubuesques que tatillonnes auxquelles n’auraient même pas osé penser Ionesco ni Devos : verbalisés pour défaut d’auto-attestation – comment être sûr, sans cela, qu’ils aient été d’accord avec eux-mêmes pour se déplacer ? Qu’ils n’aient pas pris cette décision sans même s’être demandé leur avis ? -, autorisés à acheter des tringles à rideaux, mais pas les rideaux, des pyjamas 18 mois mais pas 4 ans, des journaux mais pas des livres, des jouets pour le chien mais pas pour les enfants, interdits de culte – les fidèles ont droit de rentrer dans l’église, les prêtres aussi, mais les prêtres n’avaient pas le droit de célébrer la  devant les fidèles… -, voilà qu’enfin, on leur « desserre la bride ». D’un chouia. Devant les commerces, des files dignes de l’Ukraine des années 50 s’étirent sur le trottoir, un employé tient le compte des clients à l’intérieur. Avec largesse, autorisation a été donnée d’aller se promener jusqu’à 20 kilomètres. Le culte est à nouveau autorisé, mais quelle que soit la nature de l’église, chaque messe ne pourra pas accueillir plus de 30 personnes. Pourquoi ? Parce que.

Nous sommes samedi, il est 15 heures, un avocat, un gros dossier sous le bras, attend donc sagement dans les locaux feutrés du Conseil d’État que l’on statue sur le référé-liberté déposé contre cette jauge de 30 fidèles.

Pendant ce temps, une marée humaine a envahi les rues de Paris pour une marche dite des libertés, contre la loi « de sécurité globale » sur laquelle il y aurait, sans doute, fort à dire mais qui ne justifie en aucun cas les exactions perpétrées : Banque de France incendiée, voitures et motos brûlées, vitrines de magasins fracassées, parfois sans réaction des forces de l’ordre. Face à l’assaut des Black Blocs et autres, des images nous montrent celles-ci dépassées, elles battent en , des CRS tombent dans la débâcle. N’ont-elles pas les moyens matériels de résister ou sont-elles psychologiquement désarmées par des jours de pilonnage anti-police, des « J’ai mal à ma France » et des « Ces images nous font honte » ? Une immense banderole affiche d’ailleurs sans complexe : « La police mutile, la police assassine. » En tête de cortège, Assa Traoré, qui prendra la parole.

L’idée traverse peut-être certains qu’il vaut mieux risquer mourir physiquement sous les coups des manifestants déchaînés qu’être lynché médiatiquement par un geste de défense malheureux. Et peut-être ceux qui les commandent pensent-ils, sans l’avouer, la même chose.

Le gouvernement soutient les forces de l’ordre comme la corde soutient le pendu. L’extrême gauche, arbitre des élégances et de la morale, a mené une fois de plus la danse, a fait monter la mayonnaise, transformé un passage à tabac aux circonstances encore obscures en preuve systémique. Et l’exécutif court derrière. En fait des tonnes. Met de l’huile sur le feu au prétexte de se dédouaner. Oublie de rappeler qu’il y a une semaine, un gendarme en civil, dans les Pyrénées-Orientales, a été roué de coups sur un parking de supermarché, devant sa compagne, pour avoir révélé la nature de son métier. Qu’un commissariat, encore hier, a été incendié à Cahors. Tout cela est bon pour la presse régionale. Mal informer, ce n’est pas seulement produire des « fake news », c’est aussi faire des « no news » et des « mega news » : occulter ceci et amplifier cela, quand bien même les deux faits seraient d’égale importance.

La France n’est pas seulement l’Absurdistan. Elle était aujourd’hui l’Injustistan et l’Anarchistan. Je n’ai pas « mal à ma France », j’ai mal pour la France…

Gabrielle Cluzel

https://www.bvoltaire.fr/je-nai-pas-mal-a-ma-france-jai-mal-pour-la-france/

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