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Dépistage massif au Havre : « Un gaspillage de fric monumental ! »

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Une question me taraude, en cette avant-veille de  : va-t-il falloir remplacer la vieille expression « jeter l’argent par les fenêtres » par « jeter l’argent au fond des trous de nez » ? Au vu de ce qui se passe actuellement, ça se pourrait bien…

Le 2 décembre dernier, jour anniversaire du sacre de l’Empereur,  annonçait l’ouverture d’une campagne de dépistage massif du virus SARS-CoV-2. Inspirés par nos voisins anglais qui avaient visité les trous de nez de la population de Liverpool, trois régions « métropoles » étaient choisies : Lille, Saint-Étienne et Le Havre. « Ça, c’est du bon sens, il faut qu’il y ait pas mal de population et surtout une densité », a dit le Premier ministre, c’est le seul moyen de savoir qui que quoi dont où lequel laquelle pourquoi et comment.

Dont acte. Des armées de cotons-tiges se sont mises en branle et l’on commence à voir apparaître les résultats de cette grande entreprise. LCI nous livre ceux de la ville du Havre, port de mer confié aux bons soins de l’ex-Premier, M. Édouard Philippe. C’est l’ARS, l’agence régionale de santé, qui communique. Très contente, l’ARS : « On peut considérer que c’est une réussite. L’opération a été préparée en très peu de temps, les gens ont été accueillis dans de bonnes conditions. » Voilà pour la forme. Pour le fond, c’est plus discutable : « Pour l’intérêt épidémiologique, on pourrait vouloir que 100 % de la population soit testée, mais l’approche qui a été choisie vise à convaincre. » L’opération « a permis d’ancrer l’habitude du test dans la population et parmi les professionnels de santé, se réjouit l’ARS.

Personnellement, je me demande si c’est une bonne nouvelle. En effet, lorsqu’on examine le rapport bénéfice/coût, on se sent comme saisi de vertige. Au Havre, 31.000 personnes ont été testées, soit environ 11 % de la population, pour un coût de… 800.000 euros. Dans le détail donné par le patron de l’agence au cours d’une conférence de presse, on apprend que 350 tests se sont révélés positifs, soit un taux de 1,13 %, « avec 92 % d’asymptomatiques ». Et donc ? Et donc « une personne a bénéficié d’un accompagnement à l’hôtel et une vingtaine d’autres d’une aide à domicile, notamment le portage de repas ».

Pour le détail des dépenses, « l’essentiel du coût est en ressources humaines, environ 500.000 euros, le reste étant le coût du matériel, de l’affichage, la signalétique, du nettoyage, des déchets. C’est un coût relativement raisonnable à l’échelle de 30.000 tests », se félicite M. Deroche, directeur de l’ARS Normandie.

Ce n’est pas vraiment l’avis de Catherine Hill, une épidémiologiste qui s’est lâchée sur RMC, dénonçant « un gaspillage de fric monumental ». Son analyse : 30.000 personnes dépistées sur une population de 270.000, c’est parfaitement inutile : « Si on dépiste 20 % de la population, c’est comme aller enlever les souris à un étage sur cinq dans un immeuble, ça ne sert à rien », dit-elle.

Surtout, comme dit un ami qui m’est cher : même en période de fête, ça fait cher le coup dans le nez !

Marie Delarue

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