Xavier Raufer revient sur l’affaire Olivier Duhamel, révélée par Camille Kouchner dans son livre La Familia grande, qu’il qualifie de « viol de mineur par personne ayant autorité, son beau-père » : un crime.
Il dénonce « la toute-puissance » du « microcosme » de gauche qui « s’est cru tout permis ».
On ne parle plus que de l’affaire Duhamel dans le petit milieu parisien. Olivier Duhamel a abusé de son beau-fils, c’est-à-dire du fils de sa femme. Sa belle-fille a écrit un livre où elle raconte tout ce qui s’est passé. De quoi l’affaire Duhamel est-elle le nom ?
C’est une vengeance terrible à propos d’un crime. J’évite de parler de tout et de rien. J’essaye de me concentrer sur ma compétence professionnelle. Une infraction très grave a été commise. Ce n’est pas comme on a pu l’entendre dans les médias, de l’inceste puisqu’il n’y avait aucun lien biologique entre l’enfant qui a subi l’agression sexuelle et monsieur Duhamel. En revanche, c’est très caractéristiquement un viol de mineur par personne ayant autorité, c’est-à-dire son beau-père. C’est un acte très grave et c’est un crime. C’est la raison pour laquelle, j’en parle.
Une femme a mûri cette vengeance pendant vingt ans et à un moment donné, elle a parlé et a écrit en prenant toutes les précautions. La parution du livre a éclaté comme une bombe. Tout un pan de la gauche caviar est en train de mourir du fait de cette déflagration énorme. Depuis une bonne trentaine d’années, sinon plus, la gauche caviar a monopolisé tous les pouvoirs, le pouvoir médiatique, politique et littéraire. Nous sommes là typiquement au cœur de ce que Michel Maffesoli appelle à l’infosphère. C’est la conjugaison des gens comme les propriétaires, les milliardaires, les grands journaux et les grands éditeurs qui ont le pouvoir de dire et de faire. Tout cela faisant désormais une sorte de ratatouille et plus si affinité qui contrôlaient par le sommet la société. Ces gens-là définissaient ce que tout le reste de la société ou presque était prié de penser. C’est la raison pour laquelle cette explosion et les dégâts énormes qu’elle est en train de faire sont une merveilleuse bonne nouvelle.
Comment des affaires comme celles-ci peuvent-elles sortir ? Est-ce un jeu de dominos ?
C’est effectivement un jeu de dominos, mais ce n’est pas un jeu de dominos dans l’espace, mais plutôt dans le temps. C’est une génération bobo gauchiste progressiste qui est en train de tuer le père. Ils sont en train d’exterminer symboliquement la génération d’avant pour survivre eux-mêmes. Aujourd’hui, le pêché inexpiable contre l’esprit, dans un monde où les gens font moins d’enfants et essaient de les protéger, c’est la pédophilie. La pédophilie est donc devenue le crime inexpiable. Dans une société dominée par la religion, le crime inexpiable pour les religions monothéistes c’est l’apostasie, le fait de rejeter sa religion et d’en adopter une autre. On ne peut pas défendre un pédophile. La seule accusation, le seul doigt pointé avec l’expression derrière pédophile vous condamne à l’enfer social. C’est parce que Olivier Duhamel n’était pas sauvable qu’il n’a pas été sauvé.
Bien entendu, cela faisait dix ou douze ans que cette affaire tournait dans le petit microcosme où tout le monde copulait avec tout le monde. À la limite, c’était leur vie s’il s’agissait d’adultes. À un moment donné, le crime étant commis, il a fallu essayer de sauver le bateau en jetant par-dessus bord tout ce qui n’avait pas été convenable des années auparavant.
Que la pédophilie soit le crime inexpiable de cette époque est plutôt une bonne nouvelle ?
Bien sûr. Le fait de toucher aux enfants est une honte absolue. La société qui laisse faire ce genre de choses se condamne à perdre elle-même à mort. Comment voulez-vous avoir confiance dans un autre pour fonder votre propre famille et prolonger encore une génération à partir du moment où vous avez été vous-même odieusement maltraité dans votre enfance ?
Le père de famille que je suis pense que cela relève purement et simplement du coup de fusil. Maintenant, il y a une justice dans ce pays. Elle a très justement ouvert une instruction. Les règles des poursuites en termes d’agression sexuelle sur mineur ont beaucoup changé ces derniers temps et peut-être que cet individu pourra-t-il encore être traîné devant la justice. Ce sera là aussi une satisfaction symbolique, puisque socialement il est déjà mort.
Derrière cette affaire Duhamel, est-ce l’esprit mai 68 ?
C’est toute une époque. Entre 68 et l’explosion du sida, la planète a connu une période totalement débridée sur le plan sexuel. Quelque chose avait été comprimé. À l’époque, il n’y avait pas uniquement la gauche caviar qui se comportait comme cela. Cette attitude était assez fréquente et généralisée.
Aujourd’hui, si vous regardez les mollets d’une dame aux États-Unis, vous risquez d’aller en prison. À l’époque, il y avait à New York des boîtes à partouze dans chaque pâté de maisons.
Il n’y avait pas que les gauchistes et les bobos qui allaient dans la plus grande boîte à partouze du monde à New York. C’est là que l’affaire en question diffère totalement des affaires de pédophilie sordides où des gens de petite condition généralement ivres morts prêtent la petite dernière au voisin pour qu’il joue avec. Ce qui s’est déroulé dans cette affaire est la manifestation de la toute-puissance d’un système de pouvoir. Ces gens-là étaient au-dessus du lot commun. Ils se comportaient comme les marquis et les ducs que l’on voit dans les orgies du Marquis de Sade qui exploitent sexuellement des gens de petite condition. C’était exactement cela.
D’ailleurs, j’en profite pour faire un appel un peu inquiet et angoissé à nos amies féministes. Parmi les gens qui ont été molestés sexuellement dans le « baisodrome » de Sanary, vous avez une jeune femme qui a été molestée sexuellement, suffisamment gravement pour qu’elle aille porter plainte au commissariat. C’est grave. Vous avez entendu les féministes ? Pas moi ! Cela montre les limites du genre. On se donne la parole à la radio ou à la télé, on a ses émissions, on se fait éditer, on recrute des petits jeunes pour pousser dans la même direction, on a une espèce de gauchisme un peu fantomatique qui fait qu’on s’enthousiasme encore pour ce pathétique échec qu’est le Cuba de Castro… C’est simplement un peu factice, mais ça tisse une espèce de réseau. Le réseau en question dans sa variante post soixante-huitarde est d’ores et déjà touché à mort.
Les deux livres de Camille Kouchner et de Gabriel Matzneff sont-ils un point de départ ou au contraire un premier domino tombé et les autres suivront ?
Une génération va y passer. Cela a commencé par Cohn-Bendit et ça continue par Matzneff et ses histoires de petits garçons et celles avec Vanessa Springora et puis d’autres. Ces gens-là se sont, à un moment donné, cru tout permis. Ils ont commis des crimes. Ils ont molesté et agressé sexuellement des gens qui étaient largement au-dessous. D’après les critères constants du droit français, en dessous de 15 ans c’est un crime. Selon Camille Kouchner, Monsieur Olivier Duhamel embrassait goulument et tripotait des petites filles de 13 ans : il a commis des actes totalement répréhensibles et punissables, selon le droit français, déjà à cette époque-là. En tant que professeur de droit, ce qu’il commettait, il ne pouvait pas ne pas savoir que c’était odieux et criminel, mais cela ne l’a pas empêché de le faire quand même.