Jeudi 14 janvier, M.François Ruffin, député LFI, était interrogé par M.J-J. Bourdin sur BFM TV.
Ruffin a des positions parfois estimables (à propos de la suppression du compte Twitter de D. Trump) :
et des emportements parfois sympathiques (à propos de la résignation des plus jeunes en France face à la gestion de la situation sanitaire par la Macronie) :
Ce matin du 14 janvier, à propos de la piètre situation de la recherche française pour un vaccin contre le coronavirus, il a rapproché des faits qui donnent matière à réflexion :
« Pourquoi on n’a pas de vaccin ? Parce qu’on a laissé casser Sanofi. Pourquoi ? La Macronie et Sanofi sont liées. Parce que Serge Weinberg, le président de Sanofi, est celui qui a fait rentrer Emmanuel Macron chez Rothschild en lui disant ; « enrichissez-vous ! », et que cette complicité au sommet de l’Etat, j’accuse, oui, cette complicité au sommet de l’Etat fait qu’il n’y a pas eu de regard sur la politique de Sanofi ces dernières années, qu’on a laissé casser un outil industriel ».
Reprenons ces arguments :
- Serge Weinberg est indubitablement président du Conseil d’administration de Sanofi, puisque c’est cité sur le site internet de l’entreprise, au chapitre Gouvernance. Il y a été nommé pour la première fois en 2009 et en devient président en 2010 (source Wikipedia). C’en est donc un membre déjà ancien et surtout éminent. Il est par ailleurs, apprend-on toujours sur le site de l’entreprise, président du Comité des nominations, de la gouvernance et de la RSE (responsabilité sociale de l’entreprise), Président du Comité de réflexion stratégique et membre du Comité scientifique. Pour un diplômé de l’IEP Paris et de l’ENA, ayant été chef de cabinet de M.Laurent Fabius alors ministre du budget en 1981, c’est un beau parcours. Il est aussi président de la société de gestion Weinberg Capital Partners depuis 2015.
- Son influence sur le parcours professionnel bancaire de M.Macron est corroboré par sa notice sur Wikipedia : « Weinberg a été l’un des membres de la Commission pour la libération de la croissance française dite commission Attali, qui a remis son rapport au président de la République le 23 janvier 2008… Proche d’Emmanuel Macron, depuis sa nomination à la Commission Attali, il l’a aidé à entrer chez Rothschild, dont il était à l’époque administrateur ».
- La situation actuelle du vaccin préparé par Sanofi est détaillée dans un article du journal Les Echos. Le journal compare la situation de 46 vaccins, selon leur stade d’avancement dans le processus d’approbation par différentes autorités sanitaires.
- L’article ne le précise pas, mais dans l’infographie comparative, par « Approuvé », il faut entendre par les autorités soit des Etats-Unis, soit de l’Union européenne, soit du Royaume-Uni, soit de toutes celles-ci ; le vaccin actuellement utilisé en Russie et connu sous le nom de Spoutnik V est celui du Gamaleya Research Institute, et celui actuellement utilisé en Chine est celui de Sinovac. Dans ce schéma, ils n’ont pas dépassé les stades initiaux. On sait que les approbations nécessaires en Occident n’ont pas même été demandées.
Il apparaît clairement que le vaccin préparé par Sanofi (et en association d’ailleurs avec la firme GSK. Encadré vert) n’est pas actuellement dans une phase plus avancée qu’un vaccin indien, japonais voire même improbablement kazakh ! Quant à l’Institut Pasteur (« nous sommes au pays de Pasteur », comme aiment le rappeler différentes autorités…), l’attelage vaccinal auquel il participe (encadré bleu) semble dans une forme encore plus fragile.
Quelle est la responsabilité de M.Weinstein dans cette indisponibilité actuelle d’un vaccin Sanofi ? Au vu de son ancienneté dans des postes élevés, sans doute non-nulle. D’autant plus que M.Ruffin, dans une question posée au gouvernement à l’Assemblée nationale l’avant-veille 12 janvier, avait précisé sa position
François Ruffin. « Ma question est simple : pourquoi en France, pays de Pasteur, ne dispose-t-on pas d’un vaccin de Sanofi ?».
C’est bien sûr M.Véran, encore [mais pour combien de temps ?] ministre de la santé qui répond. A côté, évidemment : il ne dit rien de Sanofi et de son projet de vaccin sauf à évoquer la possibilité pour ce laboratoire de servir de sous-traitant pour la production d’autres vaccins :
« Je confesse avoir mobilisé avec Agnès Pannier-Runacher et Clément Beaune, sous l’égide du Premier ministre, l’ensemble des laboratoires pharmaceutiques français capables de s’adapter pour produire rapidement des vaccins qu’ils n’ont pas eux-mêmes développés ».
M.Ruffin revient alors à la charge :
« Ce n’était pas ma question. Je vous avais demandé pourquoi nous ne disposions pas de vaccin de Sanofi. Je comprends que vous ne répondiez pas car l’échec de Sanofi, c’est l’échec de la macronie. Qu’a fait Sanofi depuis dix ans ? Ses dirigeants ont licencié la moitié de leurs chercheurs, pas moins. Le groupe comptait onze laboratoires en France, il en reste trois aujourd’hui. [NDLR : si ces chiffres sont avérés, on rappellera que M.Weinberg est président du conseil d’administration depuis… 10 ans]…. L’an dernier encore, en plein confinement, la firme battait un nouveau record : 4 milliards d’euros de dividendes. Et en même temps, comme tous les ans, Sanofi annonçait la suppression de 1 700 emplois. Que faites-vous face à ce sabotage ? Vous laissez faire, vous les regardez faire, vous êtes complices. Durant ces années de casse, l’État et son chef ont apporté à Sanofi un appui financier, avec l’argent des Français, des milliards de crédits impôt recherche – alors qu’ils détruisaient la recherche –, mais aussi un soutien moral et politique : Emmanuel Macron a ouvert les salons de l’Élysée à Sanofi, le Premier ministre a déclaré ici-même, dans l’hémicycle, qu’on ne devait pas critiquer cette entreprise et Serge Weinberg, le président du conseil d’administration de Sanofi, organisateur de cette casse, a été fait commandeur de la Légion d’honneur. Pourquoi cette complicité ? Il faut l’expliquer aux Français : c’est parce que Serge Weinberg est l’ami de M. Macron, l’homme qui lui a conseillé de s’enrichir et qui l’a fait entrer chez Rotschild. Voilà pourquoi vous ne dites rien ! M. Macron parlait de trahison : elle est sur ces bancs ».
Effectivement, M.S.Weinberg a été élevé au grade de commandeur dans l’ordre national de la légion d’honneur (journal officiel du 1er janvier 2020) au titre du ministère de l’économie et des finances.
On trouvera d’autres éléments de la fureur ruffinesque dans un billet publié le 12 janvier sur son blog. M.Ruffin a aussi indiqué qu’il allait demander une commission d’enquête sur cet échec industriel.
Au final, il s’agit bien de souveraineté industrielle française. Mais comment s’étonner ? On a en mémoire entre autres la vente du pôle énergie d’Alstom à General Electric, M.Macron étant alors ministre de l’Economie, et la fermeture de Fessenheim. Quels sont ceux qui croient encore aux belles paroles de M.Macron ?