Le noyau dur du pays légal se compose de deux élites :
- Le cœur du Système : l’élite financière.
- L’ossature du Régime : l’élite politique.
Pour électoralement conserver le pouvoir, l’élite politique contrôle le pays réel au travers d’un efficace appareil de quadrillage. Ses « clientèles » assurent la liaison avec le pays réel.
A l’ombre des députés, sénateurs, ministre, secrétaires d’État, vit tout un petit peuple de clients, conseillers généraux et municipaux, d’obligés de toutes sortes, sans lesquels le pays légal serait sans prise sur le pays réel. Là ruissellent sinécures et places dans les conseils d’administration : « Là, dira Maurras, voter, c’est manger. Voter, s’est s’assurer le vivre et le couvert. C’est donner au parti, à la petite organisation militante, le moyen de durer sur les feuilles d’émargement ». Là, dans les chapelles latérales de la grande église républicaine, réside l’estomac du pays légal. Ce n’est pas une classe, encore moins une élite, mais un vaste réseau de petites clientèles.
Ce puissant treillis clientéliste, reste insuffisant pour garantir à l’élite politique sa mainmise sur l’appareil d’État. D’où l’importance d’une troisième élite culturelle, nommée « quatrième pouvoir » par le contre-révolutionnaire Edmond Burke (dès 1790) et aujourd’hui médiacratie[1].
En République, la domination politique du pays légal sur le pays réel, passe obligatoirement par une élite culturelle orientant, contrôlant l’Opinion. Effectivement une majorité parlementaire non assortie d’une majorité idéologique ne peut légiférer que dans le provisoire. Le régime d’opinion laissant le champ libre aux idéologues, le noyau dur du pays légal, doit donc s’agréger l’élite culturelle.
La question des origines se pose aussi pour la médiacratie. Laissons au progressisme sa psychose complotiste, aujourd’hui mutée en dénonciation du « complot complotiste ». Et oui, il faut savoir que la dénonciation du complot « aristocratique[2] » se développant dès juillet 1789, remonte à l’abbé Sieyès (1788).
Laissons aux populistes la dénonciation de la médiacratie, comme une « fausse élite ». Le maurrassisme la sait héritière de « l’Intelligence », cette élite qui au XIIème siècle (le Grand siècle !) s’équilibra avec l’élite financière (l’Or, pour Maurras) et l’Aristocratie (le Sang, pour Maurras). Sa dégradation commença au XVIIIème siècle (Rousseau), se développa au XIXème (Hugo), se transforma en « Parti intellectuel », avec l’Affaire Dreyfus (Zola), s’imposa après 1945 (Sartre) et culmine depuis 1968. Aujourd’hui l’Intellectuel vit confortablement, mais asservi au Pays légal par soumission aux instruments culturels mis en place par l’État démocratique, avec au premier rang le monopole universitaire. Asservissement à l’élite politique, via l’argent public et via la force de l’élite financière. Pour obtenir places, gloire en rongeant les os du pays légal, l’Intellectuel se roule au niveau des chiens.
Qui est-il cet Intellectuel ? Il est le « maître à penser », suivant l’expression de Paul Bourget. Il est universitaire, artiste ou journaliste sélectionné sur l’intériorisation du politiquement correct. Il profite de son statut social pour influencer les consciences en instrumentalisant l’argument d’autorité. Son influence de manipulateur est facilitée par le déracinement du pays réel, contraint à choisir entre une culture de masse appauvrie, et « La » culture des intellectuels, distillée sur la chaine d’Etat « Arte »
Le poids de son influence s’est progressivement accru :
- avec le développement des canaux de communication atteignant aujourd’hui chaque foyer. Ecoutant naïvement les journalistes, le pays réel accepte ses chaînes démocratiques car il est persuadé de choisir librement ses gouvernants.
- avec la multiplication des nouvelles professions liées à I ‘animation d’une société de spectacles, qui deviennent les relais de I ‘hégémonie progressiste sur la vie quotidienne.
- Avec la montée électorale du national-populisme faisant de la médiacratie le dernier barrage au « camp du mal » par l’articulation de la peur et du mensonge.
L’élite médiatique est à la fois clergé laïciste diffusant les valeurs républicaines mais aussi complice de l’actuel Islamo-gauchisme et en pointe sur la campagne de déconstruction menée par le front des radicalités (indigénisme, gender, LGBT, féminisme, animalisme, transhumanisme…).
Cette troisième élite culturelle, agrégée au cœur (élite financière) du pays légal, a son ossature (élite politique), a ses clientèles (son estomac), en est le véritable poumon. Mais qui est la tête du pays légal ?
Germain Philippe ( à suivre)
Pour lire les précédentes rubriques de la série « L’Islam menace principale », cliquer sur les liens.
- France, maison de la guerre
- Maison de la trêve et territoires perdus de la République
- Impact sur la France de la révolution islamiste de 1979
- Les beurs et la kalachnikov
- Le plan d’islamisation culturelle de la France
- Islam radical et barbarie terroriste
- Pas d’amalgame mais complémentarité
- Pôle idéologique islamiste
- Pôle idéologique des valeurs républicaines
- Face au djihad culturel : politique d’abord !
- Prince chrétien et immigration islamisation
- Le Prince et la France chrétienne
- Le Prince chrétien et la laïcité
- balayons le défaitisme républicain
- Balayons le défaitisme démocrate.
- Referendum sur l’immigration
- Moi, j’ai dit pays légal ?
- Le noyau dur du pays légal
[1] Ce terme apparait au début des années 1990.
[2] Son retournement antimaçonnique par l’abbé Barruel arrivera dix ans plus tard (1798).
Source : https://www.actionfrancaise.net/