Le discours était bien ficelé, il a suffi d’une image pour le ruiner. Alors que Macron s’exprimait le 18 février contre le « séparatisme isalamiste », il s’est fait photographier en compagnie d’une jeune femme portant le voile intégral. Symbole parfait de son impuissance.
Le verbe était haut, la voix ferme. Macron a étalé son courage, le 18 février dernier au « Quartier de Reconquête Républicaine » de Bourtzwiller à Mulhouse. Le Président a osé nommer le « séparatisme islamiste » ! Oh, le joli mot, « séparatisme » ! Plus précis que la « radicalisation » (qui n’était jamais islamiste), plus fort que le « communautarisme », les précédentes marottes présidentielles sur le thême de l’islamisme conquérant.
D’ailleurs, ce dernier terme avait droit de cité à Mulhouse : « Je ne suis pas à l’aise avec le mot “communautarisme ”. On peut appartenir à une famille de pensée, avoir une religion, des origines étrangères [...] tout en étant pleinement Français ». Première erreur de diagnostic : le communautarisme nie les appartenances multiples et enferme les individus dans leur groupe religieux ou ethnique. Mais Macron a insisté : « il n’est pas question de stigmatiser », donc de lutter contre le communautarisme, ce séparatisme bien plus social que politique et juridique.
Il n’a d’ailleurs pas « stigmatisé » la jeune femme venue prendre un selfie en sa compagnie, laquelle n’a ôté son voile intégral que pour la photo-souvenir les musulmans ont été rassurés sur la détermination du Président en voyant les clichés de cette femme enfreignant la Loi sur le Niqab à moins d’un mètre d’un Macron tout sourire.
« Paroles, paroles, paroles... »
Et pourtant, il était martial : « Je ne céderai pas dans cette bataille ! » et les deux mesures-phares du Président semblent aller dans le bon sens : la fin des imams détachés par des pays étrangers dans nos mosquées et la fin des ELCO (Enseignements langues et cultures d’origine), ces profs étrangers qui viennent en France enseigner la langue d’origine des immigrés.
C'est dans l’application de ces mesures que se cache pourtant la seconde erreur de diagnostic de Macron. Car il y a longtemps que le fameux « séparatisme islamiste » a coupé le cordon avec l’étranger. Le profil de la plupart des terroristes ou « déséquilibrés », celui de nombreux imams - radicaux ou non - devrait suffire à s’en convaincre : nés en France, souvent convertis (un quart à un tiers des djihadistes partis au Levant), ils vont tout au plus parfaire leur formation - militaire ou théologique - au Soudan, en Arabie saoudite ou en Turquie.
De plus, il est à craindre que les remèdes macronistes ne soient au mieux que cautère sur jambes de bois. On apprend ainsi que les ELCO seront remplacés par les mêmes cours, dispensés par des profs français. La fin des « imams détachés » ne sera effective qu’en 2024. Par qui seront-ils remplacés ? Le régime consulte le CFCM (Conseil français du culte musulman)... haut lieu de l’islam consulaire.
Les députés macronistes ont de leur côté dégainé l’idée d’un institut français de formation des imams... tout droit sorti du rapport de institut Montaigne (v M&V 960). Autre piste, les instituts de formation privés... tenus le plus souvent en France par les Frères musulmans, vecteurs matois d islam radical. Il en est d’ailleurs de même pour le financement des mosquées, de mois en moins sponsorisé par les États, de plus en plus par des associations-paravents.
Mais celles-ci seront davantage contrôlées : « Nous travaillons sur une charte pour que les associations répondent aux règles républicaines » a indiqué l’Elysée. Charte qu’elles s’empresseront de signer puisque leur paraphe sera indispensable à l’octroi de subventions, qui devraient plus que jamais couler à flots le Château a en effet prévu de débloquer 100 millions supplémentaires, dans ce qui ressemble à un même coup de pouce à la « politique de la Ville » qui a si brillamment réussi jusqu’à présent : médiateurs de quartier et coordinateurs associatifs en seront les premiers bénéficiaires.
Reste bien sir le gros angle mort du plan Macron contre le séparatisme pas un mot sur l’invasion migratoire, qui demeure le principal vecteur du fractionnement de la France.
Richard Dalleau monde&vie 31 mars 2020 n°984