De Philippe Mesnard dans Politique Magazine :
À quelques jours d’intervalle, l’Académie de médecine a recommandé qu’on ne parle pas dans le métro et Emmanuel Macron s’est plaint, avec une dignité teintée d’énervement et d’un soupçon d’amertume, que la France était une nation de 66 millions de procureurs – y compris les enfants en bas âge, les militants LREM et les nouveaux nés, donc.
Ne pas parler, ne pas poser de questions, ne pas critiquer. Fermez-la. Voilà donc, longuement distillée par trois ans et demi d’exercice du pouvoir, la leçon du prince qui n’aimait pas les passions froides. Ne parlez pas, n’espérez rien, ruminez. Nous vous fournirons des repas à un euro et des chèques de soutien psychologique. Et nous vous expliquerons, aussi souvent qu’il le faudra, que vous avez tort. Tort d’être surpris, tort d’être énervés, tort d’être inquiets, tort de débattre, tort de manifester, tort de vivre, en un mot. Tort de croire que le mot “démocratie” a un autre sens que « Vous avez voté, c’est fini, maintenant ». Tort de croire qu’une stratégie qui ne marche pas est un échec car… « je ne prendrais pas ce chiffre pour dire que c’est un échec : ça n’a pas marché. » comme le déclarait avec aplomb Macron à un journaliste lui parlant de l’application StopCovid (qui continue, après son changement de nom, de ne pas marcher). Voilà tout. Donc on n’en parle pas. On ne parlera pas non plus des vaccins et de la stratégie vaccinale, du déficit de la France, de son isolement au sein de l’Otan ou des rapports étroits d’Olivier Duhamel avec la macronie. Ce n’est pas le sujet. Et n’essayez pas d’en proposer un, ce n’est pas votre rôle. […]
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