Le préfet des Alpes-Maritimes vient de décider, après consultation des élus, notamment Christian Estrosi, maire de Nice, un confinement partiel le week-end pour une durée de quinze jours. Réaction, au micro de Boulevard Voltaire, de Philippe Vardon, conseiller municipal de Nice et conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur.
La situation va se tendre pour les habitants des Alpes-Maritimes et les Niçois puisqu’un couvre-feu sera actif à partir du week-end prochain sur tout le département et particulièrement sur le littoral.
Les habitants des Alpes-Maritimes sont des aussi mauvais élèves que cela ?
Nous sommes les premiers à avoir été soumis au couvre-feu imposé par Christian Estrosi. Et, deux mois plus tard, on se retrouve à devoir désormais subir un confinement ciblé qui sera du vendredi 18h au lundi matin 6h pour deux à trois week-ends a minima. Il est vrai qu’il y a une flambée des contaminations dans le département et en particulier dans ma ville de Nice. La seule question à se poser est de savoir si c’est la meilleure solution pour y répondre. Je ne suis pas le seul à penser que le couvre-feu à 18h, qui nous a été imposé depuis deux mois, est non seulement un échec total, mais a sans doute aggravé la situation. C’est ce que pensent aussi de nombreux scientifiques. Une étude très poussée et sérieuse a été faite par des médecins toulousains. Le professeur Carles, l’infectiologue qui dirige le service d’infectiologie du CHU de Nice disait dans les colonnes de Nice Matin pas plus tard qu’hier, qu’un reconfinement n’était pas la solution, au contraire, il plaidait notamment pour allonger les plages horaires des commerces. Tous les Niçois sont entassés entre 17h et 18h à l’entrée des commerces et dans les transports. Cela a sans doute participé à la contamination. Désormais, les Niçois ne pourront même plus faire leurs courses le week-end. Ils auront juste le droit d’aller travailler la semaine, de courir chercher leurs enfants et de courir pour rejoindre leur domicile et y rester enfermés pour le week-end. Cette situation est catastrophique. Il faut aussi penser à la détresse morale, psychologique et à cette situation économique catastrophique.
Christian Estrosi a notamment pointé le fait que les services de réanimation étaient à deux doigts de la saturation. Nice n’est pas spécialement sous-équipée en matière d’infrastructures médicales et sanitaires par rapport au territoire national. Comment expliquer cette saturation ?
Il y a clairement une aggravation des cas. 50 % des nouvelles contaminations seraient liées au fameux variant anglais. Il est moins grave, mais plus contaminant. Il y a en effet une vraie tension sur le plan hospitalier. Des patients sont traités sur des départements limitrophes. La question n’est pas de nier une situation particulièrement tendue, mais de savoir si les solutions prises par Christian Estrosi et ses amis du gouvernement sont les bonnes. Je ne le crois pas…
On ne peut pas continuer comme cela. Un jour, on nous dit une chose. Le lendemain, on nous dit autre chose. Il y a un an, le maire de Nice était le meilleur avocat de Didier Raoult. Il était soigné à l’hydroxychloroquine. Un an après, c’est le grand défenseur du confinement à répétition. On a besoin de certitude et on a besoin de nous montrer la lumière au fond du tunnel. Le moins que l’on puisse dire c’est que ce n’est pas le cas aujourd’hui.
Si vous étiez maire de Nice, annuleriez-vous le couvre-feu ?
Je crois que le couvre-feu à 18h est une erreur majeure. Encore une fois, je ne suis pas le seul à le penser. Il suffit de le constater dans la vie quotidienne. Il y a des choses à faire. Revenir par exemple aux règles les plus simples. Je pense notamment au gel hydroalcoolique. Il n’y a plus de gel hydroalcoolique aux arrêts de tramway et dans les transports. Il faut contrôler davantage et peut-être mieux étaler la présence des gens dans les commerces. Il faut surveiller aussi les arrivées sur notre territoire du côté de la frontière et à l’aéroport. Pourquoi ne pas remettre la règle des 100 kilomètres dont plus personne de parle ? Les Niçois n’en peuvent plus. Lorsqu’on traverse la vieille ville, on ne voit que des enseignes fermées et des locaux à louer. On est en train de tuer notre tissu commercial. Au niveau national, 49 % des patrons de TPE et PME considèrent qu’ils ne pourraient pas survivre à un 3e confinement. On va imposer la casse sociale, la casse morale et la casse psychologique. On ne mesure pas encore l’impact total.