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Viktor Orban décide de quitter la fausse droite au Parlement européen.

Ça y est, c’est fait. Le parti Fidesz du Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a claqué la porte du groupe du Parti populaire européen (PPE) du Parlement européen, une conjonction de députés prétendument de droite mais, en vérité, adeptes des théories droit-de-l’hommistes et immigrationnistes qui gangrènent notre continent. Une réforme des statuts approuvée à une très large majorité de collabos et devant permettre l’exclusion d’une délégation complète a été le déclencheur du départ des douze élus hongrois.

Le vote, acquis en effet par 148 voix pour, 28 contre et 4 abstentions, était une sorte de test avant l’éviction du Fidesz. Celui-ci n’a été soutenu que par quelques élus slovènes, croates, italiens, roumains de la minorité hongroise et par la Française Nadine Morano. Mais sachez que, même s’ils ne plaidaient pas pour l’exclusion du Fidesz, les autres eurodéputés Les Républicains n’ont pas suivi leur collègue. Il faudra quand même s’en souvenir lorsque ces traîtres solliciteront vos suffrages.

Manfred Weber, le président allemand du groupe, a exprimé lui aussi ses « regrets » mais disait rejeter « les leçons et les provocations » d’un parti s’éloignant des valeurs du PPE. « Manfred Weber ne veut pas diriger le groupe du PPE conformément aux valeurs chrétiennes conservatrices », répliquait Judit Varga, la ministre hongroise de la justice.

Le divorce semblait depuis longtemps inéluctable, mais le PPE l’aura fait durer des années. Dans un ultime coup de poker, Viktor Orban avait indiqué, dimanche 28 février, à M. Weber qu’il quitterait le groupe du PPE si les règles visant à faciliter son exclusion étaient adoptées. Alors que la réunion commençait à peine, mercredi matin, les médias officiels hongrois annonçaient que le Fidesz mettait sa menace à exécution, sans même attendre l’issue du scrutin. « Les amendements adoptés par le groupe du PPE sont clairement un geste hostile adopté contre le Fidesz et nos électeurs », a estimé M. Orban. Il a donc annoncé son départ « immédiat ».

C’est un tumultueux compagnonnage de vingt ans entre la formation du premier ministre nationaliste et le PPE qui est en train de s’achever. M. Orban avait décidé de rejoindre le parti en janvier 2001, à l’issue d’un premier virage de sa formation. Issue de l’opposition au communisme, le Fidesz avait d’abord choisi le camp libéral en 1990, puis avait progressivement évolué vers davantage de conservatisme.

S’il constituait, depuis, un pilier de la famille chrétienne conservatrice à Bruxelles, les relations se sont très progressivement tendues au travers de ce que l’on nomme aujourd’hui une politique « illibérale« . Depuis son retour au pouvoir en Hongrie, en 2010, le leader du Fidesz a notamment réduit l’opposition de certains médias, d’une partie de la justice et contrôle davantage les institutions culturelles. Sans oublier ses campagnes contre « l’élite bureaucratique bruxelloise » qui, disait-il, « a perdu le contact avec la réalité », encouragerait la migration à tout prix et menacerait la sécurité de son pays.

Toutes ses réformes ont évidemment et régulièrement déclenché les critiques de la Commission de Bruxelles et ont souvent été lourdement condamnées par la Cour de justice de l’Union européenne (Ce dont on se fout éperdument !). M. Orban semblait malgré tout bénéficier d’une sorte d’immunité permanente de la principale formation politique européenne. En raison, notamment, des nombreux intérêts industriels de l’influent patronat allemand en Hongrie et de la tétanie de nombreuses droites européennes face à la progression du national-populisme.

En incarnant le refus de toute immigration, M. Orban était devenu le héraut des droites radicales et de beaucoup des partis conservateurs traditionnels qui ont toujours eu peur de rompre avec lui, malgré ses messages de plus en plus hostiles, en contradiction avec la ligne pro-européenne officielle du PPE.

La rupture a toutefois été entamée à la rentrée de 2018, lorsque, pour la première fois, une majorité d’élus du PPE ont joint leurs voix au reste du Parlement européen pour voter le début d’une procédure de sanction contre la Hongrie.

Au printemps 2019, le Fidesz a ensuite été « suspendu » des instances du parti après une violente campagne d’affichage dans les rues de Budapest, montrant le président (PPE) de la Commission d’alors, le Luxembourgeois et affairiste Jean-Claude Juncker, manipulé par le milliardaire d’origine hongroise George Soros. Pour autant, les députés du Fidesz ont continué de siéger avec leurs collègues du PPE après les élections européennes de 2019. A l’issue de ces dernières, M. Orban avait bien essayé de rebâtir une grande alliance des droites européennes, mais il avait échoué et était finalement resté dans ce statut d’entre-deux au sein du PPE.

Que compte-t-il faire désormais ? Théoriquement, le Fidesz pourrait essayer de rester une formation « associée » au PPE. « Cela semble peu probable », estime le politologue Patrik Szicherle, du think tank Political Capital. Pour l’instant, le Fidesz n’est toujours que « suspendu » du PPE, le parti européen dirigé par le Polonais Donald Tusk. L’exclusion suppose, en principe, un vote lors d’une réunion physique. « Elle n’est plus qu’une simple formalité », assure l’eurodéputé autrichien Othmar Karas, membre du camp des anti-Orban.

L’hypothèse la plus probable est que les élus du Fidesz rallieront le groupe de droite des Conservateurs et réformateurs européens (ECR), dominé par le parti Droit et justice (PiS) polonais, qui siège notamment au côté de Fratelli d’Italia, le parti post-fasciste italien, allié jusque-là, en Italie, à Silvio Berlusconi et à Matteo Salvini, – mais qui a refusé de soutenir de nouveau gouvernement dirigé par Mario Draghi – et de l’Alliance néoflamande belge. Un tel ralliement se traduirait automatiquement par une exclusion du « parti » PPE.

Mais le groupe Identité et démocratie du Rassemblement national, de l’AfD allemande et de la Ligue italienne verrait aussi d’un bon œil l’arrivée du parti hongrois. Matteo Salvini a d’ailleurs envoyé un message de soutien à M. Orban, mercredi.

Quoi qu’il en soit,  « Le PPE n’était pas vraiment un frein pour Orban sur ce plan, en revanche, il pourra faire encore plus d’obstruction au niveau européen, parce qu’il aura moins de pressions », prédit M. Szicherle.

Il reste à voir comment la Commission d’Ursula von der Leyen, qui appelle au respect des valeurs mais sans interpeller durement Budapest, et le Conseil, qui a toujours hésité à sanctionner M. Orban, géreront désormais le « défi hongrois ».

La Hongrie et son Premier ministre ont, en tout cas, notre indéfectible soutien.

Le 8 mars 2021.

Pour le CER, Jean-Yves Pons, CJA.

https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2021/03/08/viktor-orban-decide-de-quitter-la-fausse-droite-au-parlement-europeen/

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