L’abbé Michel Viot critique l’usage politique de la crise sanitaire – et la politique de la peur.
Qui d’entre nous ne connaît pas ce personnage ? Très peu sans doute. Qui sait que son nom est souvent accompagné de « vengeur » masqué ? Sans doute moins de gens.
Il est fort probable que son souvenir flottera bientôt dans les consciences, et qui sait, s’incarnera à la fin de notre pandémie. Mais pour que Zorro intervienne, il faut que la violence se déchaîne, que des injustices flagrantes aient été commises, que d’autres, pires encore se laissent entrevoir. Peur et violence doivent donc diriger notre société sans Dieu, pour que ne comptant plus sur le secours divin, elle l’attende d’un homme. Le personnage de Zorro en est le symbole.
Aussi, parce qu’il y a fort à craindre que cette république soit en marche vers la dictature, il me semble plus que temps d’exhorter à l’arrêt, devant la liberté, comme mon épagneul sait si bien le faire pour débusquer un perdreau !
Je ne reviendrai pas sur les débuts de la pandémie et son effrayante gestion. De nombreuses voix l’ont dénoncée. Mais comme prêtre je me sens obligé de revenir sur la douloureuse question de l’assistance aux malades, aux mourants et aux familles, sans oublier les services funéraires.
Je commence par balayer devant ma porte ! Dans un certain nombre d’endroits des prêtres se sont confinés, et des églises sont demeurées fermées pour les enterrements ! Nous avons eu, nous prêtres catholiques, et je dis bien nous, la lâcheté d’accepter de ne plus célébrer de messes publiques, y compris pendant la semaine sainte et à Pâques. Certes le gouvernement l’avait interdit ! Mais est-ce une excuse ? Non !
Et voici pourquoi. Pendant qu’il nous interdisait d’accomplir notre ministère, il permettait des activités autrement plus dangereuses en matière de contamination, comme les transports en commun ou la fréquentation des super marchés. Les mesures sanitaires prises par nos évêques pour tous les sanctuaires auraient dû rassurer des responsables politiques raisonnables. Mais l’idéologie régnait à la place de la raison depuis le début de l’épidémie, c’est à dire un état d’esprit d’affirmation de sa volonté de puissance du côté de l’Etat, et un esprit de timidité du côté de l’Eglise catholique, laissée seule par les autres religions pratiquées en France, n’ayant pas comme elle, les mêmes obligations religieuses. Pour elles, le sanitaire a tenu lieu d’excuse. Elles ont plié en fait devant l’esprit matérialiste de ce temps, tout comme nous, pendant notre obéissance servile aux décisions du gouvernement. Nous nous sommes réveillés en plaidant devant le Conseil d’Etat qui nous a donné raison et la vie religieuse catholique a pu reprendre presque normalement. Je dis presque, parce que le couvre-feu de 18h nous gêne considérablement et risque de troubler gravement la Semaine Sainte, et la célébration de Pâques en rendant impossible le très bel office de la Vigile pascale. En fait, ce maintien acharné du couvre-feu qui ne sert à rien sur le plan sanitaire, le premier Ministre lui-même a reconnu qu’il n’avait pas été utile à grand chose. Et quand on voit les grands rassemblements de personnes qu’il provoque dans les transports en commun, on peut se demander s’il ne contribue pas à propager le virus. Mais c’est un ingrédient parmi d’autres pour entretenir le climat de peur. L’existence de cette mesure violente maintient dans les consciences la présence du danger, donc de la peur.
Par ailleurs, on s’obstine à ne pas réellement soigner les malades du Covid. Des médicaments existent pourtant, je l’ai expérimenté et dit. Pourquoi ne pas proposer aux malades cet essai, sans danger, car les médicaments en question sont anciens et leurs effets connus ? Non on préfère laisser dans l’angoisse, encore la peur, avec le risque de mort pour les personnes âgées. Celles-ci, dans encore beaucoup trop d’endroits ne peuvent pas voir leur famille, pas plus que le prêtre d’ailleurs, selon les options philosophiques des directeurs de maisons de retraite. Car c’est surtout l’administration hospitalière, et non les soignants qui mangent du curé. Elle aurait pourtant dû se rendre compte depuis longtemps que le curé est aussi indigeste que la nourriture qu’elle sert à ses malades !
Ce mépris des liens familiaux, cette méconnaissance de leur importance devant la mort relève de crime contre l’humanité. Ce qui distingue l’homme de l’animal, c’est son besoin de rites funéraires, religieux ou laïques, autrement dit de signes qui maintiennent la communauté humaine unie et présente, avant, pendant et après la mort. Et seul le rite religieux peut en fin de compte tenir et garder son sens en situation d’épidémie. Le rite laïc, comme la précaution sanitaire relèvent tous deux du matérialisme. Et la peur de la mort, encore la peur, dans une société matérialiste l’emportera toujours sur l’amour du prochain.
Nos dirigeants s’obstinent dans une stratégie fondée sur l’idée fausse qu’on ne peut pas soigner correctement le Covid, sur la seule solution vaccinale, dans un flou qui explique les doutes de beaucoup de nos concitoyens, et surtout sur la mise au grand jour d’un secret de polichinelles, le manque de lits dans nos hôpitaux, signe d’une démission du service public qui ne date pas d’hier.
Aussi, avant d’aller plus loin, il faut maintenant émettre une hypothèse concernant l’utilisation de la peur, conjuguée à la violence. Il faut situer cela dans la question de la manipulation des foules et l’usage de l’inconscient dans la publicité. Il n’est pas étonnant que ce soit le neveu de Freud, Edward Bernays, qui fut le premier à théoriser cela dans son livre Propaganda paru en 1928 aux États Unis. Il n’hésitera pas à écrire « La manipulation consciente et intelligente des opinions et des habitudes du peuple est un élément essentiel dans une société démocratique. ». Pour lui , seule une minorité peut penser, trop d’opinions ou d’informations nuisent, parce que la masse est incapable de penser. Il faut la guider par des impulsions, des émotions et des habitudes. Il relève le rôle important du médecin pour inspirer confiance. En matière de vente, mais cela peut s’étendre à d’autres domaines, on utilisera donc l’image médicale pour pousser à acheter un produit. C’est ainsi que Bernays, employé par une marque de cigarettes, incitera les femmes à fumer comme leur médecin homme, jouant du même coup sur l’idée de promotion et de libération de la femme. Citons encore Bernays « La propagande ne mourra jamais. Les hommes intelligents doivent se rendre compte que la propagande est l’instrument moderne qui leur permet d’arriver à leurs fins et qui contribue à organiser le chaos. ». Un contemporain de Bernays, Mencken écrira au début du XX ème siècle « le but de la politique est de garder la population inquiète et donc en demande d’être mise en sécurité, en la menaçant d’une série ininterrompue de monstres, tous étant imaginaires. ».
Même si les noms de ces précurseurs des dirigeants politiques actuels sont oubliés aujourd’hui, ils ont produit nombre de disciples, car ils ont en fait mis leurs pas dans ceux des révolutionnaires des Lumières du 18 ème siècle, qui eux aussi méprisaient le peuple, et par différents journaux savaient manipuler l’opinion, jusqu’à l’utilisation de la peur, qui dans son raffinement deviendra terreur ! Même si le peuple n’en a pas toujours conscience aujourd’hui , il ressent tout ce mépris et toutes ces agressions. Il se prépare, souvent sans le savoir à des réponses violentes, qu’il voudra à la hauteur de ce qu’on lui a fait subir. Mais chacun sait que l’engrenage de la vengeance est sans fin. Les petits Zorro individuels, seront en quête d’un Super Zorro, fédérateur de toutes les vengeances. Toutes les épidémies ressenties comme grandes ont toujours généré ces sentiments là, au cours de l’histoire, captant les pensées et les détournant de toute autre question. C’est pourquoi cette pandémie, ne changera pas la mentalité de cette société matérialiste, qui se veut de plus en plus athée, et je partage le pessimisme de mon Archevêque dans son très beau livre sur la mort (Mgr Michel Aupetit, La mort, méditation sur un chemin de vie. Editions Artège). « Allons-nous entendre l’alerte ? Rien n’est moins sûr. L’exemple du sida nous montre comment, face à une nouvelle pandémie transmissible, nos sociétés vont chercher davantage à se protéger qu’à changer la vie. »
On le voit encore aujourd’hui avec le coronavirus où le premier réflexe fut celui de la protection vis à vis d’autrui. Au grand commandement de l’amour transmis par le Christ « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »(Jean 13, 34) a succédé cette injonction « Protégez-vous les uns les autres. »( pp 97-97).
Et comme on estimera toujours que la protection n’est pas assez efficace, parce des gens qu’on estimera asociaux refuseront le vaccin, ou trafiqueront des passeports de santé, on se cherchera un Grand Protecteur pour mettre de l’ordre, au prix de l’abandon des libertés essentielles. Mais il faut que les esprits soient mûrs et le moment propice ! D’où le zèle d’une grande majorité de chaînes de télévision qui doivent, sans doute rechercher le prix de l’excellence anxiogène !
Et pourtant les signes de dérangements mentaux se multiplient, les actes de violence de même ! Imperturbables, la très grande majorité des médias continue à donner des informations niaises et à distiller la peur. Aucun grand débat n’est organisé sur la vérité des statistiques faites sur la pandémie, les avantages ou désavantages des différents vaccins. Le trouble donne l’impression d’être sciemment entretenu. Il est vrai que Paul de Gondi, Cardinal de Retz (1613-1679) a écrit dans ses mémoires « on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment. », et comme nous sommes en réalité déjà en période électorale, je crois utile d’ajouter cette autre phrase du même auteur « Ceux qui sont à la tête de grandes affaires ne trouvent pas moins d’embarras dans leur parti, que dans celui de leurs ennemis. ». Même si l’auteur de ces propos n’a pas réussi dans ses ambitions, ses paroles semblent toujours influencer ceux qui commandent. Ou bien ils connaîtront le sort du Cardinal de Retz, séducteur égoïste autant que narcissique, mais non pas sans talent. Ou, grâce au masque, ils apparaîtront comme des Zorro providentiels, mais, faute de vrai talent, pour combien de temps ?
Source : https://www.lesalonbeige.fr/