Dans le championnat de victimisation qui sévit aux USA, le tout dernier dommage entraîné par la discrimination raciale est l’obésité. Après avoir eu bon dos, le racisme a bon ventre. Sur le plateau d’une émission de télévision américaine, une invitée de poids vient confirmer ce que le mondialiste en pleine crise de culpabilité redoutait : les kilos superflus dont la population de couleur est plus particulièrement victime sont à mettre sur l’ardoise de ce satané racisme systémique : « La recherche dit que nous, les femmes noires, lorsque nous faisons le même régime que les femmes blanches, nous perdons MOINS de poids et nous le perdons PLUS LENTEMENT, et ça même lorsque nous suivons le même régime que nos homologues blanches. »
Moult dédommagements et genoux à terre viendront-ils à bout de ce fléau ? Pour expliquer ce phénomène d’amaigrissement plus ou moins rapide selon la couleur de peau, la médecine aurait décelé l’origine du mal : « Et ce que pensent des praticiens de la santé publique, c’est que la réponse au stress dans nos corps modifie notre métabolisme », affirme la dame outragée.
S’il est exact que la nourriture industrielle bon marché, saturée de sel et de sucre, touche plus particulièrement les classes sociales défavorisées, la démonstration d’un stress supplémentaire qui viendrait entraver le régime amaigrissant reste une démonstration périlleuse. En ce contexte de foire aux plaintes, chacun tente sa chance. Le tout théorisé par diverses personnalités, tel cet avocat à la Food and Drug Admistration qui, utilisant l’acronyme à la mode « BIPOC » (Black, Indigenous and People of Color), déclare : « Les BIPOC souffrent d’un stress chronique dû à l’expérience du racisme dans leur environnement, ce qui peut augmenter la gravité de l’obésité. »
Le spécialiste s’emmêle toutefois les pinceaux dans le développement de son argumentaire en mettant en cause la profusion de magasins vendant des aliments malsains dans les quartiers où vivent les populations noires. Retour à la case départ, donc. De « périlleuse », la démonstration est passée à « bancale ». L’aiguille du racisme s’est perdue dans la botte de foin de la victimisation.
En un rattrapage de dernière minute, le défenseur de l’obésité raciale incrimine les services de santé tout en ne semblant pas s’apercevoir qu’il fait, à peu de choses près, le procès des conditions d’existence réservées aux populations américaines de basse condition dans leur ensemble. L’affirmation selon laquelle « la société n’a pas réussi à fournir des services de santé publique essentiels et des soins médicaux complets et équitables aux Américains qui ne sont pas blancs » se dispense d’apporter quelques éléments concrets en mesure de crédibiliser son propos. Le véritable racisme ne reviendrait-il pas à hiérarchiser la souffrance ?