Comme il faut bien, aujourd’hui, tweeter pour exister, Jean-Luc Mélenchon s’est fendu du service minimum : « Révoltant meurtre à #Rambouillet. Condoléances à la famille et aux proches de la victime. Devoir de sang-froid, exigence de justice. »
Serait-il en retard de quelques septennats ? Ce commentaire était-il destiné à alerter l’opinion sur la découverte du cadavre du ministre du Travail de Giscard, Robert Boulin, dans un étang de la forêt de Rambouillet, en octobre 1979 ? Oui, tout concorde. À condition d’accréditer la thèse complotiste d’un crime maquillé en suicide. Oui, « révoltant meurtre » !
Aurait-il voulu rappeler, au contraire, ces dramatiques faits divers qu’il ne faudrait pas oublier ? Comme l’enlèvement en forêt de Rambouillet, puis la séquestration, le viol et l’assassinat de la joggeuse Marie-Christine Hodeau, en septembre 2009 ? Oui, là encore, un bien « révoltant meurtre » !
Mais non ! Sous des faux-semblants d’apôtre de la solidarité prolétarienne, qui lui permettent d’enrôler à sa dévotion toute une frange des déclassés hexagonaux du mondialisme et de la gauche radicale, le politicien Mélenchon a des objectifs plus prosaïques, pauvrement égocentriques, dont le premier est de remonter tout en haut de l’affiche électorale ; sommet qu’il a bien failli atteindre, frôlant les 20 % des suffrages, en s’imposant quatrième larron de la foire lors de l’élection présidentielle passée.
Or, depuis ce rêve avorté de son « Líder Máximo » aujourd’hui vieillissant, les scores électoraux de La France insoumise (LFI) se sont réduits comme peau de chagrin : 11,03 % aux législatives de 2017 et 6,31 % aux élections européennes de 2019. Vampirisée par Mélenchon en 2017, EELV a repris l’ascendant majoritaire à gauche. Reste donc à LFI, pour durer électoralement, la stratégie d’une fuite en avant autour des fondamentaux idéologiques de l’islamo-gauchisme, que Mélenchon fera siens dans son impatience à dominer le temps qui l’efface ; devrait-il, pour cela, danser avec le diable en ne le voulant pas nommer.
Les mots du tweet mélenchonien relèvent d’un parti pris sectaire réaffirmé, d’un assentiment idéologique et d’un calcul électoraliste. Parti pris de ne pas nommer la police victime ; repère de « fachos » répressifs dans les clichés de l’ultra-gauche. Caution idéologique aux indigénistes, par le choix de masquer l’origine (clandestin/Tunisien) ou les motivations (islamisme) du tueur. Calcul électoraliste du non-dit pour conserver le vivier indispensable des votants issus de la diaspora africaine islamisée. Même musique aseptisée sur l’origine et sur la cause chez les doctrinaires du parti, Coquerel ou Quatennens. Révoltant ? Non, logique.
Une enquête du CEVIPOF (2017) sur la sociologie des électeurs de Mélenchon révélait que seulement 30 % considéraient qu’il y avait « trop d’immigrés en France » et qu’ils étaient 77 % à penser que « les enfants d’immigrés nés en France sont des Français comme les autres ». Autrement dit, cette clientèle acquise au projet multiculturaliste que le vieux démagogue LFI pare du concept artistique détourné de « créolisation » doit être choyée. Quand on sait aussi que – si l’on suit le constat de Jérôme Fourquet – la population issue de l’immigration est une « composante significative » de l’électorat mélenchoniste, avec des scores pouvant atteindre 40 % dans certains quartiers de banlieue, on comprendra les non-dits du tribun, l’ambiguïté de son discours et la sempiternelle mise en garde de ses lieutenants contre la stigmatisation des « migrants » dont ils voudraient grossir leurs rangs.
Triste calcul de Mélenchon pour assouvir une ambition obsessionnelle ; aveuglement idéologique des cadres LFI, idiots utiles en action de l’islamisme rampant. Irresponsabilité ?