Vu sur BVoltaire par Jean-Charles Mignard
Stupéfiant, quand même ! Un ministre en exercice qui se permet de dire : « À la différence de M. Bertrand, je ne veux pas chasser sur les terres du Rassemblement national. Je veux chasser le Rassemblement national de cette terre. » Oui, il a bien dit « de cette Terre », que j’écris avec une majuscule.
Si ce n’est pas un appel à la haine contre quelques millions de personnes, c’est quoi ?
Imaginons l’inverse, un quelconque politique affirmant qu’il veut chasser EELV ou LREM de cette Terre. Éric Dupond-Moretti fait mettre en œuvre immédiatement l’action publique, Darmanin se déplace pour rassurer les militants et les placer sous protection rapprochée.
Cette technique de traitement excessif et éminemment discriminatoire est vieille comme le mitterrandisme. Elle permet de suggérer, dans l’esprit de bien des électeurs, que le RN est un parti composé de dangereux anormaux stupides, les fameux « reuneureux » ou les célèbres « badufs » (« bas du front »). Que voilà un bon vieux levier politique stalinien et donc dictatorial ! Cela me rappelle, à moi aussi, « les heures les plus sombres », comme ils disent, et ces bien connues « déclarations nauséabondes ».
Quelles calmes réactions seraient souhaitables ?
Je m’appellerais Xavier Bertrand, nommément mis en cause, je m’indignerais de cet abus de pouvoir médiatique, ce qui ferait grandir mon image d’arbitre des valeurs démocratiques sans affaiblir pour autant ma détermination à combattre loyalement l’adversaire politique RN.
Je m’appellerais Gilbert Collard, qui ne manque pas d’humour en comparant Dupond-Moretti à Tartarin, j’envisagerais les ripostes judiciaires possibles à ce qu’on pourrait qualifier d’appel à la haine.
Je serais chez Les Républicains, je sauterais sur l’occasion de montrer la dérive autoritaire du régime et son désarroi.
Nous verrons bien.
Railler juste les « forts en gueule », réagir par le mépris, seraient, à mon sens, tomber dans le piège diabolisant de Dupond-Moretti. Même si, reconnaissons-le, les obsessions du ministre de la Justice apparaissent de plus en plus comme un trouble obsessionnel compulsif.