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La candidature d’Éric Zemmour, une chance pour Marine Le Pen ?

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Par Jean-Yves Le Gallou, président de la Fondation Polémia ♦ Ira ? N’ira pas ? Les spéculations vont bon train à propos de la possible candidature d’Éric Zemmour à l’élection présidentielle. Pour les uns, c’est un leurre, il n’ira pas pour garder son audience médiatique, son éditeur, son influence métapolitique et… ses revenus. Pour d’autres, en cette année du bicentenaire de Napoléon qu’il admire, il franchira le Rubicon et se jettera dans le grand bain politique. Affaire à suivre…

Les craintes du Rassemblement national

Affaire déjà suivie au Rassemblement national. Pour Philippe Olivier, immédiatement repris par Marine Le Pen, la candidature Zemmour, c’est le risque Taubira. Une comparaison peu flatteuse. Pour Eric Zemmour d’abord : Taubira n’avait rassemblé que 2 % à la présidentielle de2002. Mais peu majorative surtout pour Marine Le Pen : Jospin avait alors perdu les 2 % de suffrages décisifs et était tombé à 16 % ce qui l’avait éliminé du deuxième tour. Étrange tout de même que Marine Le Pen ait un tel manque de confiance en elle alors qu’elle caracole en tête de la présidentielle à 27 % dans les sondages d’opinion.

En vérité la vraie question est la suivante : quel est le véritable objectif de Marine Le Pen ?

S’assurer seulement un bon premier tour en mai 2022 ? Et finir au deuxième tour, certes vaincue, mais en améliorant le résultat de 2017 ? Et se maintenir ainsi en piste pour 2027, voire 2032 ?
Ou bien prendre la mesure du délitement de la France, de l’ampleur du Grand Remplacement et de l’urgence d’y mettre un terme ? Et donc se battre non pour témoigner mais pour gagner.

Pour cela il faut deux conditions : une mobilisation du maximum d’électeurs possible au premier tour et des réserves de voix susceptibles de se rallier au deuxième tour.
C’est ici qu’une candidature Zemmour pourrait s’avérer précieuse pour Marine Le Pen.

L’atout chance de Marine Le Pen ?

Zemmour pourrait participer à la recomposition du paysage politique et mobiliser trois électorats jusqu’ici rétifs à Marine Le Pen :

  • la droite souverainiste et hors les murs (de l’ordre de 5 % à 7 %),
  • les LR « de droite », conscients du délitement du pays, les fillonnistes volés de la campagne de 2017, les aficionados de Wauquiez ou Bellamy qui peuvent difficilement se reconnaitre dans Pécresse ou Bertrand, qu’une feuille de papier à cigarettes parvient à peine à distinguer de Macron et de La République En Marche (aussi de l’ordre de 5 % à 7 %),
  • des abstentionnistes en rupture avec le système mais qui peinent à adhérer à Marine Le Pen faute de confiance et de crédibilité (a minima quelques pourcents).

Notons d’ailleurs que les sociologies des électeurs de Marine Le Pen et des partisans de Zemmour ne sont pas les mêmes. C’est chez les CSP + et les urbains que Zemmour cartonne sur CNEWS et sur les réseaux sociaux. Plus que dans les Hauts de France où Marine Le Pen qui a la « fesse populaire » remporte un incontestable succès.

Bref on ratisse mieux à deux que tout seul ! Et Il est très clair qu’au soir du premier tour le total de voix rassemblées par Éric Zemmour et Marine Le Pen serait supérieur à ce que serait susceptible de rassembler la seule candidate du Rassemblement national. Qui disposerait alors d’un réservoir de voix pour le second tour et du soutien d’un homme radicalement critique du politiquement correct, tout en bénéficiant d’une certaine aura et d’un grand tissu relationnel au sein du système. Ce qui reste un atout incontestable.

Les craintifs bien sûr peuvent redouter que la candidature Zemmour ne fasse « pschitt ». C’est possible. Ou qu’elle marche trop bien conduisant à diviser les voix nationales en deux parts trop égales, c’est aussi envisageable.

Les amateurs de politique fiction peuvent aussi évoquer deux scénarios catastrophes : pour les nationaux, si les deux candidats s’éliminaient l’un l’autre ; ou pour les tenants du système, si les deux candidats – à la faveur d’un chaos sécuritaire ou migratoire – se qualifiaient l’un et l’autre pour le second tour.

L’histoire est le lieu de l’imprévu. Reste que pour Marine Le Pen l’atout chance pour accéder à l’Élysée serait une candidature Zemmour !

Jean-Yves Le Gallou

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