Dans La France n’a pas dit son dernier mot, Eric Zemmour livre une sorte d’une autobiographie politique. Il explique :
“J’avais mis au jour dans le Suicide français la mécanique de l’idéologie progressiste qui a conduit notre pays à l’abîme. Mises en danger, ses élites ont compris que la survie de leur projet passerait par la radicalisation du processus de destruction. Rarement nous n’avons été aussi affaiblis, désunis, subvertis, envahis qu’aujourd’hui. Pas un jour sans sa provocation, sans sa déconstruction, sans sa dérision, sans son humiliation.
J’ai décidé de poursuivre le récit des choses vues, des choses tues, trop longtemps tues. Pour que la France ne se contente pas d’avoir un futur mais trace aussi les voies d’un avenir. Pour continuer l’histoire de France. L’histoire n’est pas finie. La France n’a pas dit son dernier mot”.
L’ouvrage est une succession d’anecdotes vécues par l’auteur, de 2006 à 2020. Journaliste, polémiste, bretteur et débatteur, Eric Zemmour raconte ses déjeuners, entretiens, débats, rencontres… avec les politiciens de tous bords, les journalistes, les personnalités médiatiques, les conseillers de l’ombre, etc. Il revient par exemple sur les grandes manifestations contre la dénaturation du mariage et pointe les défauts de la droite :
Pourquoi ? Pourquoi mettre un million de personnes dans les rues de Paris ? Pourquoi inonder les journaux d’argumentaires la réthorique soignée ? Pourquoi animer les plateaux télévisés de formules assassines ? Pourquoi obstruer les séances de l’agenda parlementaire ? Pourquoi secouer une hiérarchie catholique rétive et des élus de droite pusillanimes ? Pourquoi évoquer un “Mai 68 de droite” ? Pourquoi célébrer jusqu’à plus soif “la grande victoire intellectuelle des idées conservatrices” ? Pourquoi magnifier le retour d’un christianisme identitaire ? Pourquoi ? Pour rien.
En France, seule la violence fait plier l’Etat. Seule la violence des banlieues fait cracher l’Etat au bassinet de la “politique de la ville”. Seule la violence des routiers bretons contraint l’Etat d’arracher les portiques déjà prêts à les taxer.
Le pacifisme des manifestants trop bien élevés de “La Manif pour Tous” a été leur plus grande faiblesse. La cause de leur défaite.
Une défaite politique à court terme peut cependant se transfigurer en victoire culturelle au long cours. C’est la grande leçon de Mai 68. C’était le secret espoir des inspirateurs les plus politiques du mouvement contre le “mariage pour tous”. Un espoir qui se fracasse jour après jour sur la mainmise de la gauche de tous les relais d’influence culturelle, Education nationale, Université, télévision, cinéma, show-business. Nos bien-pensants vocifèrent dès qu’ils aperçoivent deux ou trois chroniqueurs conservateurs sur les chaînes d’info, tandis que la droite fête avec ingénuité sa “victoire intellectuelle”. La gauche est tellement habituée à régner sans partage qu’elle hurle à la mort dès qu’elle perd son monopole ; la droite est tellement habituée à sa claustration qu’elle croit tenir sa revanche historique quand on lui offre un strapontin.
Il faut tirer toutes les leçons de Mai 68. Trois ans après, François Mitterrand rassemblait les chapelles socialistes derrière lui à Epinay. Encore un an, et il réalisait un programme commun avec le parti communiste à l’occasion de “l’union de la gauche”.
On attend l’équivalent à droite ou parmi les souverainistes ou les populistes. Quel que soit le nom, quelle que soit l’approche, quel que soit le clivage, le narcissisme de la division l’emporte partout. On risque d’attendre encore longtemps. Pour rien. Alors pourquoi ?