La régulation du mariage et de l’adoption n’entre pas dans les compétences de l’UE ? Qu’à cela ne tienne, c’est au nom du droit à la libre circulation et du principe de non-discrimination inscrits dans les traités que le Parlement européen exige, par une résolution adoptée le 13 septembre, que tous les Etats membres reconnaissent les « mariages » entre personnes de même sexe, « la reconnaissance, pour les parents transgenres, du genre qui est le leur en droit », ainsi que les certificats de naissance falsifiés par certains pays puisqu’ils font état de deux papas biologiques ou de deux mamans biologiques.
En ce qui concerne la reconnaissance des « mariages » contractés entre homosexuels dans certains pays, la Cour de justice de l’UE avait déjà ouvert la brèche en 2018 dans un arrêt contre la Roumanie, qui refusait de reconnaître à un Américain le statut de conjoint d’un citoyen roumain, ce qui lui aurait automatiquement donné le droit de résider dans tout pays de l’UE. Les deux hommes s’étaient « mariés » en 2010 au sens de la loi belge, mais pas au sens de la loi roumaine, et Bucarest refuse toujours de céder à la CJUE et de faire semblant de croire que deux hommes peuvent être mariés entre eux.
Dans sa « Résolution sur les droits des personnes LGBTIQ dans l’Union européenne » adoptée cette semaine, le Parlement européen demande donc à la Commission d’engager une procédure en manquement contre la Roumanie, pour forcer celle-ci à appliquer le jugement de 2018. Et puis pendant qu’il y est, il demande aussi à la Commission et au Conseil de sanctionner par tous les moyens à leur disposition la Pologne et la Hongrie, deux pays jugés structurellement homophobes (alors que les homosexuels y sont bien moins souvent victimes d’agression qu’en France, par exemple). Pour la Pologne, outre le refus du « mariage pour tous », sont à nouveau spécifiquement visées les collectivités locales qui ont adopté une charte pour les droits des familles ne mentionnant pas ce que le Parlement européen appelle dans sa résolution les « familles arc-en-ciel », en référence aux six couleurs du drapeau du lobby LGBT. Ces collectivités sont une nouvelle fois qualifiées par le Parlement européen de « zones sans LGBTI », ce qui bien sûr ne correspond aucunement à la réalité.
On notera que parmi les eurodéputés français les LR Geoffroy Didier, Nathalie Colin-Oesterlé et Agnès Evren ont voté en faveur de cette résolution ultra-progressiste tandis que François-Xavier Bellamy, Arnaud Danjean, Nadine Morano et Brice Hortefeux ont préféré s’abstenir, n’osant sans doute pas voter contre. Les députés RN ont voté contre, eux, tandis que le centre macronien, la gauche et l’extrême gauche votaient bien entendu pour.
A cette occasion, sur son compte Twitter et dans une interview pour le magazine homosexuel militant Têtu, l’activiste LGBT Clément Beaune, profitant de son poste de secrétaire d’Etat aux affaires européennes du gouvernement français, laisse clairement entendre que la présidence française du Conseil de l’UE sera mise à profit pour tenter d’imposer les droits LGBT et le droit à l’avortement aux récalcitrants. Voilà qui promet un premier semestre 2022 des plus harmonieux à Bruxelles.
Le Polonais Tomasz Rzymkowski, vice-ministre de l’Education, considère quant à lui le vote du PE comme « un effort pour pousser les pays d’Europe vers une sorte de guerre idéologique, une tentative de créer un homme nouveau, le néo-marxisme dans sa forme pure ».
Olivier Bault
Article paru dans Présent daté du 17 septembre 2021