Un monde toujours plus virtuel avec Facebook ! La société américaine a en effet annoncé qu’elle allait recruter 10 000 personnes en Europe afin de développer son projet de « métavers » qui était dans les cartons depuis longtemps mais que le président-directeur général de l’entreprise Mark Zuckerberg a officiellement annoncé en juillet dernier. Ce projet pourrait bien provoquer un bouleversement majeur au sein de la société…
Qu’est-ce qu’un métavers ? Ce terme créé en 1992 par l’auteur de science-fiction Neal Stephenson est la contraction de méta-univers, c’est-à-dire « ce qui dépasse l’univers » ou encore « l’univers d’après ».
Il s’agit plus précisément d’un univers virtuel créé par un programme informatique, qui permet d’héberger une communauté d’utilisateurs présents sous forme d’avatars (représentation informatique d’un internaute).
Un métavers permet de se déplacer librement, d’interagir avec d’autres avatars mais aussi d’effectuer des achats. Cela peut être une simulation du monde réel mais peut aussi être un monde fantastique permettant de s’affranchir de toutes les lois de la physique.
L’on pourrait qualifier les réseaux sociaux actuels de « métavers de première génération » car ils remplissent un certain nombre des caractéristiques du métavers en faisant notamment sauter les barrières géographiques et en proposant de nombreuses activités sociales virtuelles. Toutefois, il s’agit aussi parfois de simples plates-formes de communication professionnelle, familiale ou amicale, qui gardent un lien important avec le monde réel.
Le jeu vidéo en ligne Fortnite, lui, serait plutôt de la deuxième génération des métavers. Durant le confinement de mars 2020, le rappeur Travis Scott y a par exemple donné une série de concerts virtuels ayant attiré des dizaines de millions de spectateurs, un chiffre évidemment impossible à atteindre dans le monde réel. En organisant ces événements, les gérants de Fortnite ont réalisé un coup de force aux allures de changement de société. Désormais, ce qui n’était qu’un jeu devient un monde parallèle dans lequel le Covid ou les attaques terroristes n’existent pas, qui n’exige pas de passe sanitaire et qui peut donner lieu à des festivités mondialisées.
La forme actuelle du jeu est toutefois loin de montrer tout le potentiel – et les risques immenses – des métavers.
Avec un casque de réalité virtuelle, technologie en perpétuel développement, notamment via l’entreprise Oculus (qui appartient à… Mark Zuckerberg), il sera bientôt possible d’être immergé dans ce monde parallèle. Les utilisateurs ne se contenteront plus de regarder un écran, ils seront plongés dans l’écran et auront des interactions semblant réalistes avec des personnes situées à l’autre bout du monde.
C’est le projet de Mark Zuckerberg, et c’est ni plus ni moins ce que l’on peut voir dans le film de science-fiction Ready Player One réalisé en 2018 par Steven Spielberg. Dans ce long métrage se déroulant dans le futur, le processus est bien ancré dans la société. Le métavers y est une échappatoire pour les déshérités mais aussi un lieu d’influences et de pouvoir.
Si un tel projet provoquera immanquablement des problèmes de confidentialité pour les internautes, la coupure avec le monde réel pourrait bien être dramatique. Les consoles de jeux vidéo n’étaient donc que des amuse-gueules.
Louis Marceau
Article paru dans Présent daté du 19 octobre 2021