Le passe vaccinal a donc été voté dimanche. 215 voix pour, 58 contre, 7 absentions. Les deux tiers des LR ont voté pour. Dont acte. Lundi, Valérie Pécresse, candidate à la présidence de la République, était l’invitée de Sonia Mabrouk sur Europe 1. Très intéressant. La présidente de la région Île-de-France y a dénoncé une « une gestion complètement chaotique avec un gouvernement qui a en permanence un train de retard. Il aurait fallu distribuer les auto-tests dans les classes comme JE l’avais demandé dès septembre… »
La journaliste coupe l’héritière présomptive de Chirac : « On ne va pas refaire le match… » Réponse : « C’est important, faut quand même tirer les enseignements de ce qui n’a pas été fait… » On est d’accord et ça vaut sans doute aussi pour celle qui est aujourd’hui candidate à la fonction suprême et qui fut, jadis, ministre de Sarkozy. Passons. « Oui mais sur le passe vaccinal, est-ce que vous-même les tirez, ces enseignements. La droite s’est divisée… Est-ce qu’il est nécessaire, ce passe vaccinal ? » L’art d’appuyer où ça fait mal et de poser les bonnes questions. Réponse de Valérie Pécresse : « Le sujet, aujourd’hui, est simple, il aurait fallu repousser d’une semaine la rentrée des classes comme JE l’avais demandé… » Et suit un baratin sur le registre « MOI, je ne gouvernerai pas comme ça, MOI, je ferai comme ci, etc. » Mais Sonia Mabrouk n’étant pas du genre à se laisser embarquer là où elle ne veut pas qu’on la mène rétorque : « Mais vous ne répondez pas sur le passe vaccinal… » Et puis un joli et émouvant couplet, histoire de gagner du temps à l'antenne, sur la désespérance des parents, des enseignants. Toutes choses vraies et bien réelles. Mais ce n’est pas la question de la journaliste...
Arrive, enfin, quand même, la réponse de Valérie Pécresse : « Le passe vaccinal, aujourd’hui, on se rend compte, il va entrer en vigueur, il ne sera même plus utile… » Sonia Mabrouk interroge alors : « Mais, alors, pourquoi vous poussez vos troupes à le voter ? » Et là vient la réponse définitive, quasiment magique, de Valérie Pécresse : « Parce que nous sommes en responsabilité et moi, je ne bloque pas la gestion de la crise par le gouvernement. Mais en revanche, mais en revanche, mais en revanche [ce n’est pas mon clavier qui dérape mais Valérie Pécresse qui doit réfléchir, en même temps qu’elle parle, à la réponse à apporter à cette apparente contradiction], je peux tirer les enseignements de ce pataquès gouvernemental… »
Donc, pour résumer et aller à l'essentiel, une candidate à la plus haute fonction de l’État, se présentant par ailleurs comme la principale opposante à Emmanuel Macron, nous dit benoîtement que ses troupes à l’Assemblée nationale ont voté majoritairement pour une mesure inutile, tout simplement parce qu’ils sont, dit-elle, « en responsabilité ». On sait que cela ne servira à rien, mais c'est pas grave, on vote quand même pour. Visiblement, il n’y pas que la gestion de la crise par le gouvernement qui est « chaotique »…
« Pataquès ». J'ouvre mon dictionnaire Larousse et je lis : « Pataquès... Discours confus, inintelligible, charabia... Situation embrouillée, confuse ».
Georges Michel