Pas plus que dans d’autres domaines, il n’y a d’égalité face à la crise sanitaire. Ainsi, si de nombreux secteurs de l’économie ont énormément souffert de celle-ci (restauration, hôtellerie, tourisme, transport aérien, etc.), elle a profité à d’autres et est même devenue véritable manne pour certains. On pense évidemment aux laboratoires pharmaceutiques, qui n’en finissent plus d’engranger les milliards, mais ils ne sont pas les seuls à voir actuellement leurs bénéfices exploser.
C’est notamment également le cas des pharmaciens qui profitent largement de la déferlante des tests antigéniques réalisés depuis l’apparition du « variant omicron » par des hordes de vaccinés affolés, apparemment pas si confiants que cela en leur protection pfizerienne ou modernienne.
Entièrement remboursée par l’assurance maladie (sauf pour les parias non vaccinés), la multiplication exponentielle des tests est un véritable gouffre financier pour celle-ci, chiffré à près d’un milliard d’euros pour le seul mois de décembre 2021. Certaines pharmacies réalisent plus de 500 tests par jour, un véritable travail à la chaîne de forage nasal ! Une activité très rentable mais qui s’effectue parfois au détriment des autres missions de la pharmacie, notamment le conseil aux clients.
Chaque pharmacien touche de la Sécurité sociale 25 euros par test effectué qu’il achète entre deux et trois euros. Si on ajoute à cela le prix du matériel de protection (0,50 euro) et la rémunération du testeur (entre 9 et 11 euros), on obtient entre 10,50 et 13,50 euros de bénéfice. Soit une marge de plus de 40 %. Une marge plus qu’importante, d’aucuns diront excessive, qui pourtant ne suffit pas à apaiser les appétits de certains.
Ainsi deux pharmaciens, Zakaria et Samuel, sont actuellement dans le collimateur de la justice pour avoir fraudé l’Assurance maladie en faisant croire qu’ils fournissaient en tests antigéniques des professionnels de santé. Bilan de l’escroquerie : plus de 20 millions d’euros payés par la caisse primaire d’assurance maladie de Paris. C’est cette dernière qui a fait part de ses doutes à la justice après s’être vu facturer plus de trois millions de tests entre septembre et décembre 2021 par le docteur Zakaria, soit un total de 18 millions d’euros. Mi-décembre, à l’issue de sa garde à vue dans les locaux de la brigade de répression de la délinquance astucieuse (BRDA) de la PJ parisienne, le « docteur Zak » a été mis en examen et écroué. Samuel, lui, plus modeste, est soupçonné d’avoir mis en place un système de fausses factures lui permettant de toucher quatre millions d’euros de la CPAM75 entre août 2020 et novembre 2021. Il est pour l’heure toujours en liberté. Deux beaux exemples de « profiteurs de guerre », pour reprendre la terminologie martiale de notre cher président.
Xavier Eman
Article paru dans Présent daté du 24 janvier 2022