Si l’on sépare la planète en deux mondes, l’un voué au progrès vers la paix et le bonheur individuel au sein de démocraties opulentes, et l’autre soumis à des régimes autoritaires, et cultivant des idéaux collectifs auxquels les individus doivent adhérer, on peut penser que l’Ukraine symbolise le premier et la Russie le second, on peut donc estimer que le Président russe craint par-dessus tout la contagion qui pourrait envahir la Russie à partir de son si proche voisin, mais on peut aussi observer que dans cette confrontation, c’est le second qui contamine sournoisement le premier. Certes, les “Occidentaux” brandissent toujours leurs sanctions économiques, que la Russie a prévues puisqu’elle s’est désendettée, et qu’elle dispose de réserves de change suffisantes pour deux années sans exportations, alors que le besoin en énergie et en blé de la planète nécessite ces exportations, et qu’une grande partie de l’humanité continuera à échanger avec la Russie en dehors du dollar et de l’Euro. La France, en particulier, a déjà beaucoup perdu notamment pour son secteur agro-alimentaire, lors des “sanctions” précédentes. Certes, l’accent mis sur la communication au détriment de l’action a justifié nombre d’évictions de la Russie ou de Russes, voire de la Biélorussie, de manifestations sportives ou culturelles, d’organisations internationales. Mais, au-delà de ces postures, et de cette gesticulation symbolique, il y a eu la censure des médias russes RT et Sputnik “interdits dans l’Union Européenne” avant même que l’on constate avec horreur “des problèmes pour accéder au site de Facebook, de même qu’à ceux des médias Meduza, Deutsche Welle, RFE-RL et du service russophone de la BBC.” La démocratie en avance sur la supposée “dictature” dans la mise en oeuvre de la pensée obligatoire ? Malgré les appels belliqueux de BHL, dont on feint d’oublier les meurtrières erreurs, l’Union Européenne ne fait pas encore la guerre, mais désormais elle achète et fournit des armes à un belligérant en dehors de ses compétences reconnues par les traités. Vladimir Poutine aurait-il fait enfin basculer les mous-du-genou bruxellois vers l’Europe-puissance ?
Tout se passe comme si les Français allaient se faire subtiliser leur principal vote, l’élection de leur président, le sortant tentant manifestement de passer muscade sur la campagne et de prolonger son règne comme beaucoup de Maires avaient poursuivi le leur grâce au covid. Voici donc nos démocraties exemplaires condamnées à oublier le pluralisme et l’alternance, à subir le brouillard d’une information quasi univoque mais imprécise. Qui pourrait dire aujourd’hui ce qui se passe en Ukraine ? Les Russes tirent sur les écoles et les centrales atomiques, mais ne parviennent pas à vaincre la résistance ukrainienne alors qu’ils veulent conquérir tout le pays ? Souhaitent-ils au contraire fixer les troupes ukrainiennes autour de Kiev, tandis que systématiquement ils ferment l’accès à la mer et s’emparent des sites de production électrique ? La seconde hypothèse est beaucoup plus vraisemblable lorsqu’une armée de 100 000 hommes “envahit” un pays plus grand que la France et peuplé de plus de 40 millions d’habitants, et désire sans doute éviter les bains de sang. Vladimir Poutine serait plongé dans une ivresse nationaliste et mené par un “révisionnisme” historique ? C’est M. Macron, maniaque de la repentance et ignorant tout de l’histoire, qui nous l’affirme. Quant au président américain, le triste Biden, le vrai responsable de la crise actuelle par un mélange de stéréotypes et d’incompétence, lui, c’est la géographie qu’il ignore en confondant l’Ukraine et l’Iran ! La démence sénile imbibée d’idéologie n’est-elle pas finalement plus dangereuse qu’un patriotisme jugé paranoïaque par l’oligarchie du “Nouveau Monde” ? (fin)