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Armement, Défense : l’Europe en miettes

europe défense

Totalement vassalisée à Washington, incapable de tracer une troisième voie diplomatique dans la crise ukrainienne, l’Europe, où plus exactement l’Union européenne, existe-t-elle encore ?

On peut d’autant plus fortement en douter après la révélation de deux affaires qui démontrent la totale absence de cohérence et de solidarité au sein de cette « union » qui semble n’être que de façade.

En effet, une enquête, basée sur des documents « confidentiel défense », a révélé que la France a vendu du matériel militaire à la Russie – le Grand Satan d’aujourd’hui – jusqu’en 2020, délivrant à Moscou 76 licences d’exportation de matériel de guerre, notamment des caméras thermiques destinées à équiper des chars d’assaut et permettant de détecter des cibles humaines en pleine nuit, ou de repérer un véhicule dans un rayon de dix kilomètres. Du matériel qui se retrouve sans doute aujourd’hui sur le champ de bataille ukrainien…

La France a donc discrètement équipé l’armée russe entre 2014 et 2020, profitant d’une brèche juridique dans l’embargo décidé par l’Union européenne en août 2014. Les contrats signés avant cette date pouvant être maintenus et les livraisons d’armes assurées, les gouvernements de François Hollande et d’Emmanuel Macron en ont profité pour continuer ce commerce juteux qui aurait rapporté environ 152 millions d’euros. Financièrement profitable mais moralement plus que discutable, surtout à l’égard des « partenaires européens » censément unis dans la condamnation du régime de Vladimir Poutine.

Parallèlement, on apprenait que l’Allemagne compte acheter jusqu’à 35 avions de combat F-35 américains pour équiper son armée. Berlin a en effet décidé de dégager une enveloppe exceptionnelle de 100 milliards d’euros pour moderniser son armée. Louable préoccupation dans le contexte actuel mais que dire du choix d’un fournisseur américain alors que d’autres pays européens, au premier rang desquels la France, propose un matériel équivalent, voire de plus grande qualité et technicité ? Si elle se confirmait – ce qui semble être le cas –, cette décision serait un véritable camouflet pour la solidarité européenne et un très mauvais signe pour le projet franco-germano-espagnol SCAF (Système de combat aérien du futur) qui doit remplacer à l’horizon 2040 les avions de combat Rafale français et les Eurofighter allemands et espagnols.

Dans un tel contexte, comment imaginer la mise en place effective d’une réelle « défense européenne » débarrassée de son tuteur américain et véritablement indépendante ? Cette défense autonome est pourtant la seule chance de voir un jour exister une Europe qui soit une puissance capable de peser sur la scène internationale et de défendre ses propres intérêts sans être systématiquement à la remorque de Washington. La route vers la réalisation de cet indispensable projet semble aujourd’hui, hélas ! plus longue que jamais.

Xavier Eman

Article paru dans Présent daté du 15 mars 2022

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