Le Président-candidat était, ce lundi, en campagne à Dijon, une journée consacrée au thème de la jeunesse et de la formation professionnelle. Accompagné du sénateur ex-socialiste François Patriat et du maire de la ville, François Rebsamen, nouvellement rallié à sa cause, il devait commencer sa visite par un déjeuner au lycée des Marcs-d'Or, avec des élèves et des professeurs. Les journalistes n'ont pas eu le droit de le suivre : pour des questions « de neutralité du service public en période de campagne », selon son équipe. Étrange neutralité, qui ne concerne apparemment pas le candidat Macron.
En attendant qu'il daigne s'adresser à la presse, il vaut la peine de lire son programme éducatif pour se rendre compte de sa vacuité. Que propose-t-il « pour nos enfants » ? De mettre l'accent sur « les fondamentaux », en augmentant « les heures de français et de mathématiques en primaire et en 6e » et en mettant « les mathématiques dans le tronc commun du lycée ». Une façon élégante, sans doute, de reporter sur son ministre la responsabilité de la situation de notre enseignement et lui faire comprendre qu'il n'aurait bientôt plus besoin de lui. Il s'engage aussi à améliorer « le bien-être » des élèves avec « plus de sport » à l'école et au collège. On ne sait s'il sortira de son chapeau les professeurs nécessaires, mais qu'importe ? Il fait son travail de bonimenteur.
Pour parfaire la supercherie, Emmanuel Macron promet d'instaurer « une conférence des parties prenantes, déclinée sur tout le territoire, afin de bâtir des solutions nouvelles ». Dans une formule grandiloquente, il nous refait le coup du « grand débat » : un moyen de tout décider seul sous les apparences d'une concertation bidon. Il s'agit de « former mieux, et transmettre les savoirs fondamentaux, les principes de la République, les compétences nécessaires aux métiers de demain... » Tout le reste est du même acabit : des lieux communs qui ne veulent rien dire, tant qu'on ne leur donne pas un contenu précis. Ses véritables intentions, il les garde pour lui.
Plus tard, dans l'après-midi, Emmanuel Macron s'est enfin adressé à la presse pour énoncer ses propositions pour l'enseignement professionnel. Enfin, du nouveau ? Les journalistes qui l'ont attendu ont dû être bien déçus. Il est « heureux d’être là pour parler d’un sujet très important, une des clés des prochaines années pour notre pays : l’école » ; il veut « augmenter la période en entreprise et rémunérer ces stages », il va « continuer à investir sur l’orientation au collège » et « mieux accompagner les jeunes et les familles pour qu’ils puissent choisir ». Il faudra « ouvrir des filières où on a besoin. Et savoir en fermer là où on n’a pas de besoins ». Et, bien sûr, « il faudra faire cette réforme avec les professeurs. » La Palice en aurait dit autant !
À 13 jours du premier tour de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron continue d'esquiver tout débat sur son bilan et reste flou sur son projet pour le prochain quinquennat. Il cherche à séduire, à endormir plutôt, chaque catégorie de Français pour qu'ils lui accordent leur confiance et lui signent un chèque en blanc. Il veut, dit son programme, employer « une méthode nouvelle » et refonder l'école « avec ceux qui la font vivre chaque jour, avec vous ». Son slogan initial de campagne n'était-il pas « Emmanuel Macron avec vous » ? Il passe aujourd'hui à « Nous tous », comme si l'adhésion des Français lui était acquise.
Si, par malheur, il était élu, il pourrait s'écrier : « Je vous ai bien eus ! » Souhaitons qu'une majorité de Français soient suffisamment clairvoyants pour ne pas tomber dans le panneau.