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Marseille : et le « jeune » devint « riverain »

« Une nouvelle  d'éboueurs hier soir à Marseille, une équipe a été prise à partie par des riverains... Des agressions qui ont tendance à se multiplier. » Le journaliste de BFM TV chargé de lancer le reportage a clairement identifié le profil des agresseurs. Il s'agit de riverains. À Marseille, lors de la collecte des ordures ménagères, des retraités, des couples de trentenaires, des cadres, des ouvriers et toutes sortes de Français habituellement paisibles ouvrent leurs fenêtres et lancent des projectiles sur les éboueurs. Les plus hargneux sortent de leur domicile et les tabassent. En un mot comme en cent, le riverain est une plaie.

Habituellement qualifiés de « jeunes », les auteurs de ce type de délits seraient donc en passe d'être élevés au rang de « riverains ». Huit agressions depuis mi-juin dans la cité phocéenne. Le riverain ne chôme pas. « Un phénomène de violence qui se répète dans tous les arrondissements de la ville », explique la voix off du reportage. « Jet de pierres, de télévisions ou encore violences physiques ou verbales. » Le téléviseur fut lancé alors qu'un journaliste de BFM était à l'image. Le riverain ne respecte rien. Patrick Rué, secrétaire général FO de Marseille, livre son analyse : « On a l'écho de toute la difficulté, de tout le mal-être que ressent la population actuellement. » À Bordeaux, Roanne, Le Mans et autres agglomérations, l'habitant mal dans sa peau regrette d'avoir déposé son sac poubelle dans un container. Qui lui a pris ce qu'il avait de plus cher ? Qui a ramassé ces déchets qu'il comptait placer à 5 % dans une banque suisse ? Réponse : les sinistres personnages à l'arrière des camions-bennes. La colère s'explique.

Le jeune ne supportait pas la venue de SOS Médecins, des pompiers et du SAMU. Devenu riverain, le voilà également allergique aux éboueurs. Qu'en sera-t-il lorsqu'il aura été promu propriétaire ou châtelain ?

Certains résidents de pavillons et d'habitats collectifs ne supportent pas non plus la lenteur des véhicules balayeurs et collecteurs d'ordures ménagères. Le riverain est pressé. « On a une autre affaire où le chauffeur a percuté l'arrière d'une benne et le ripeur a eu la jambe écrasée », explique le sociologue syndicaliste FO. En proie à une  de mal-être, le conducteur se rendait chez son médecin. Le drame était inévitable.

« La métropole déplore un manque de moyens pour arrêter ces incivilités. » Zut, alors ! Image du crâne ensanglanté d'un employé, une profonde entaille sur le front d'un autre... Le service médical de BFM diagnostique des « incivilités ». Circulez, la rédaction n'apprécie pas les tire-au-flanc.

Dieu merci, la métropole a mis en place trois armes fatales pour parer à ces sautes d'humeur de riverains déprimés. Dans un premier temps, l'employé agressé bénéficiera d'une aide au dépôt de plainte. Trouver le chemin du commissariat après avoir reçu une bouteille en pleine tête n'est pas à la portée du premier venu. Un guide de haute montagne accompagnera les victimes. Deuxième mesure choc : mise en place d'une cellule psychologique. À l'arrière des camions-bennes, un psy se tiendra aux côtés des employés. Il effectuera le tri sélectif des états d'âme de ses clients. Certains s'angoissent alors qu'il ne s'agit que d'incivilités. Enfin, fini de rigoler : une escorte encadrera les équipes durant les jours suivant une agression.

Récapitulons : un psy debout à l'arrière du camion, une voiture de  suiveuse et un guide pour le dépôt de plainte. À venir : un hélicoptère pour une surveillance aérienne, un soldat en arme derrière chaque container, des chiens de traîneau pour tracter les véhicules sabotés... Pour le progressiste, les ordures sont sacrées !

Jany Leroy

https://www.bvoltaire.fr/marseille-et-le-jeune-devint-riverain/

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