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Petit voyage aux Pays-bas, officiellement en « pénurie d’eau »

Les Néerlandais connurent de terrifiantes inondations au cours de l'année 1953, qui restèrent dans les mémoires. Redoublant d’ingéniosité, ils concevront des ouvrages destinés à prévenir toute nouvelle overdose aquatique, notamment ces barrages-écluses monumentaux dans le sud du pays, par où la mer submergea îles et terres durant la furie météorologique de 53. Le Rhin se jette dans la mer du Nord dans le sud du pays, via un canal (le « Nieuwe Waterweg » - la nouvelle route [ou voie] d’eau) long d’environ 7 km, qui donc est le dernier tronçon du fleuve, par lequel transite le trafic maritime en provenance de la mer du Nord, via Hoek van Holland, à destination du port de Rotterdam.

Dans cette région, les infrastructures portuaires s’étendent sur 25 km environ, de la côte jusqu’à Rotterdam. « Poumon pétrolier de l’Europe du Nord, », le fameux « marché libre de Rotterdam », selon Jean-Louis Schilansky, le président de l'Union française des industries pétrolières de l’époque, dans un article du Figaro en date de 2010. Parmi les ouvrages d’art remarquables, il convient de citer, un peu à l’intérieur des terres, sur le Nieuwe Waterweg, ces deux monumentales portes, en arc de cercle, (Maeslandkering) en mesure, lors de leur fermeture (exercice une fois l’an), d’obstruer aussi sec le canal, large d’un demi kilomètre en moyenne, histoire de rappeler à la mer du Nord qui commande désormais en cas de tempête. C’est précisément du côté de Hoek van Holland que je vécus la première partie de mon enfance, avant que ma  ne s’expatrie en  autour de 1966.

2022 : après les chouanneries paysannes toujours en cours au plat pays (cherchez l’Europe), la vague de chaleur persistante aidant, voilà les Bataves sous la menace également d’une pénurie d’eau douce. (Aux Pays-Bas, une température dépassant tout juste les 30 °C est considérée comme climat tropical). C’est par ailleurs le même spectacle qu’en  et qu’un peu partout en Europe : des mares aux joues creuses, des canards orphelins, des cours d’eau criant grâce, des lits de rivière asséchés à plus soif. En amont, le niveau d’eau du Rhin affiche un seuil critique.

Depuis le 3 août 2022, les Pays-Bas sont passés officiellement au niveau 2 d’alerte : « Pénurie d’eau à l’échelle nationale. Les semaines à venir verront se mettre en place de nouvelles règlementations destinées à la distribution et au partage de l’eau potable. Pour l’heure non encore effectives, ces règlementations pourraient s’appliquer dès les prochaines semaines », selon un document officiel émis par le ministère de l’Infrastructure et de l’Eau (traduction littérale de l’intitulé officiel). Le ministre en charge, M. Harbers, ayant fait parvenir à cet effet une note au Parlement, en date du 3 août, déclarant le dossier confié à une équipe mise en place pour l'occasion : le « Managementteam Watertekorten » (MTW) en charge de la gestion de la pénurie d’eau, constitué du ministre de tutelle, de scientifiques, des sociétés gestionnaires d’eau ainsi que des autorités locales. Managementteam : anglicisme qui sent bon le cabinet-conseil, ceci n’engageant que moi…

Le ministre appelle toutefois la population à un usage responsable de l’eau courante. Comme on le voit, la situation paraît sérieuse, ou du moins prise au sérieux. Après le risque de pénurie de  en Europe, dû à une diplomatie européenne calamiteuse vis-à-vis des Russes, voilà donc une pénurie d’eau guettant le plat pays. Toutefois, nul n’a réussi encore à mettre cela sur le dos du Soviet suprême.

Quant aux Pays-Bas, ce qui leur arrive ne manque pas d’ironie : ce pays, situé bien en dessous du niveau de la mer, luttant de haute main pour rester les pieds au sec au cours de son Histoire, sous la menace par ailleurs d’une montée des eaux promise à grands coups de trompettes apocalyptiques par les Cassandre du réchauffement climatique, c’est ce pays, disais-je, qui risque bientôt de manquer… d’eau.

Silvio Molenaar

https://www.bvoltaire.fr/petit-voyage-aux-pays-bas-officiellement-en-penurie-deau/

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