Trading Hub Europe (THE), le gestionnaire du réseau de gaz allemand a annoncé le 15 août que les importateurs et fournisseurs pourraient désormais prélever 2,4 centimes de plus par kilowattheure (KWh) de gaz auprès des entreprises et des particuliers.
Pour un couple avec deux enfants, l’impact de cette mesure représentera en moyenne une augmentation annuelle de 480 euros hors taxes et 600 euros en incluant la TVA. Mais, selon l’AFP, le gouvernement a promis de «trouver un moyen» pour exempter ce montant supplémentaire de la TVA.
Un prélèvement obligatoire a été mis en place par le gouvernement jusqu’au 1er avril 2024 pour soutenir les importateurs et distributeurs de gaz qui doivent acheter plus cher sur le marché mondial.
Il doit être recalculé tous les trois mois. «L’objectif est d’assurer l’approvisionnement en gaz à la suite de la crise énergétique allemande et européenne déclenchée par l’attaque russe de l’Ukraine», a expliqué le ministère allemand de l’Economie et du Climat Robert Habeck.
L’Allemagne multiplie les efforts ces derniers mois pour trouver des approvisionnements alternatifs. Avant le début de l’opération militaire russe en Ukraine, plus de la moitié du gaz importé provenait de Russie. Cette part est passée depuis à 35%.
«L’Allemagne a développé un modèle commercial qui reposait en grande partie sur la dépendance au gaz russe bon marché», a déclaré lors d’une conférence de presse Robert Habeck. A cette occasion, le ministre a promis que le prélèvement devait et serait accompagné d’«un nouveau paquet d’aides ». Berlin a déjà mis en place des aides d’un montant total de 30 milliards d’euros pour soulager les particuliers, parmi lesquelles des rabais à la pompe ou encore le populaire billet à 9 euros qui permet de voyager pendant un mois dans les transports en commun et les trains régionaux. La mesure s’arrête toutefois fin août.
L’économie allemande pourrait entrer en récession cet hiver
Il est aussi prévu d’injecter des milliards d’euros dans Uniper, premier importateur et stockeur de gaz en Allemagne, frappé de plein fouet par la baisse depuis mi-juin des livraisons de gaz russe. A l’inverse, le groupe RWE a annoncé qu’il renonçait à son droit de répercuter la hausse des prix.
Selon l’institut économique de Kiel, l’impact sur l’inflation du prélèvement supplémentaire sur les factures de gaz, devrait se solder par une hausse de à 0,9 point de pourcentage d’ici la fin de l’année, alors que la hausse des prix annuels atteint déjà un niveau élevé de 8,5%.
Joerg Kraemer, l’économiste en chef de Commerzbank, deuxième banque d’Allemagne par la capitalisation boursière, cité par l’agence Reuters, fait le même pronostic et considère qu’il constitue un signe de plus que l’économie allemande pourrait sombrer dans la récession cet hiver.
L’association de l’industrie chimique, grande consommatrice de gaz, évalue de son côté à plus de 3 milliards d’euros le surcoût annuel occasionné par ce prélèvement, estimant dans un communiqué qu’il s’agit d’une «pilule amère» pour les industriels.
Article par nos confrères censurés de RT France